vendredi 8 janvier 2021

Le ventre de la fée - Alice Ferney

 Par Daphné








Résumé de l'éditeur :

Où l'on voit que le plus beau ventre du monde, le Ventre de la Fée, peut enfanter une créature satanique. Par ce conte noir, où la pudeur de l'écriture contraste avec la démesure de l'ogre meurtrier, une jeune femme fait en littérature, sous le nom d'Alice Ferney, une entrée surprenante.

Mon avis:

Alice Ferney est une auteure que j'aime beaucoup. Aussi, quand j'ai vu qu'il y avait plusieurs de ses livres à la bibliothèque, je n'ai pas hésité à en prendre un. J'ai choisi celui-ci à cause de sa couverture sans vraiment lire le résumé. Et quand j'ai voulu glisser un livre ou deux dans ma valise avant de partir à la maternité, toujours à cause de la couverture, c'est celui-ci que j'ai emmené en me disant que, les visites étant interdites, si mon bébé m'en laissait le temps, ce" serait ce livre-là que je lirai durant mon séjour à l’hôpital... et c'est ce que j'ai fait. Le premier chapitre était tout à fait dans le contexte : la description d'une future mère, un accouchement, décrit tout en poésie, une naissance, celle d'un petit garçon... Un livre bien choisi, au bon moment, me suis je dit. Sauf que... 

Sauf que, dés le deuxième chapitre, cela se gâte : le bébé dont on nous décrit la naissance juste avant, ce bébé né d'une femme si belle et si délicate qu'on la nomme La Fée , ce bébé a grandi... et semble être devenu le plus grand psychopathe de tous les temps! Sur le coup, j'avoue que cela m'a franchement refroidie et j'ai failli refermer le livre pour ne plus le rouvrir. Mais peut-on vraiment refermer un livre d'Alice Ferney quand on l'a commencé ?

Alors ce livre n'était certainement pas ce à quoi je m'attendais mais je l'ai quand même lu juste au bout. Ce livre aux allures de conte, qui, s'il ne commence pas par le célèbre "Il était une fois" n'en est tout de même pas loin, nous entraîne au plus profond de la noirceur. Si Gabriel, bébé au nom d'ange, semble né du ventre d'une fée, il est cependant voué à devenir un monstre et pas n'importe quel monstre : un monstre qui, déjà petit, aimait torturer et tuer les animaux,  un monstre violeur, un monstre tueur d'enfant, un monstre qui regarde avec délectation se décomposer les corps avant de les découper en morceaux et de les enfermer dans des boîtes taillées sur mesure... 

Les ressentis de Gabriel, ses crimes, la manière dont il les a commis, et tout ce qu'il s'ensuit... rien ne nous est épargné dans ce livre où l'horreur et la cruauté se mêlent étrangement à une plume douce et poétique (qu'il est étrange et paradoxal d'utiliser ses deux mots pour un tel livre!). 

Un récit très court mais sombre et glaçant à l'écriture parfaitement maîtrisée. Sic e n'est pas ce à quoi je m'attendais et que j'aurais sans doute préféré le lire à un tout autre moment, je dois reconnaître à Alice Ferney un véritable talent d'écriture!

Extrait :

"Dans le combat contre le corps de l'autre, lorsqu'il était entré dans le corps de l'autre, lorsqu'il avait refermé ses mains sur la chair de l'autre, et que ses ongles avaient crevé la peau en même temps qu'il crevait de plaisir, il avait oublié.
Oublié ce qu'il y a de plus horrible dans la vie, son déroulement de ruban insensible.
Pour lui désormais c'était clair : son désir assouvi était revenu plus vigoureux, si pressant qu'il faudrait bien recommencer, qu'il était impossible d'imaginer lui résister.
Il ne résisterait pas : la même crise, la même jouissance, il y pensait sans cesse. Il savait qu'il recommencerait, bientôt, demain peut-être, parce qu'il ne contrôlait plus rien de corps baigné une fois dans la violence."

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