dimanche 9 avril 2017

Un bûcher sous la neige - Susan Fletcher



Par Ariane et Daphné

Auteur : Susan Fletcher

Titre : Un bûcher sous la neige

Genre : roman

Langue d’origine : anglais

Traducteur : Suzanne Mayoux

Editeur : Plon

Nombre de pages : 408p

Date de parution : août 2010


Présentation de l’éditeur :


Derrière les barreaux de sa geôle écossaise, Corrag, créature sauvage et pure, est accusée de sorcellerie. Condamnée au bûcher, elle confie au révérend Charles Leslie le récit animiste et douloureux de sa vie.

Au cœur de l'Ecosse du XVIIe siècle, Corrag, jeune fille accusée de sorcellerie, attend le bûcher. Dans le clair-obscur d'une prison putride, le Révérend Charles Leslie, venu d'Irlande espionner l'ennemi, l'interroge sur les massacres dont elle a été témoin.
Mais, depuis sa geôle, la voix de Corrag s'élève au-dessus des légendes de sorcières, par-delà ses haillons et sa tignasse sauvage. Peu à peu, la créature maudite s'efface ; du coin de sa cellule émane une lumière, une sorte de grâce pure. Et lorsque le révérend retourne à sa table de travail, les lettres qu'il brûle d'écrire sont pour sa femme Jane, non pour son roi.
Chaque soir, ce récit continue, Charles suit Corrag à travers les Highlands enneigés, sous les cascades ou elle lave sa peau poussiéreuse des heures de chevauchée solitaire. Chaque soir à travers ses lettres, il se rapproche de Corrag, la comprend, la regarde enfin et voit que son péché est son innocence et le bûcher qui l'attend le supplice d'un agneau.


L'avis de Daphné :



Lors de notre dernière lecture commune, Ariane et moi avons eu un coup de cœur commun pour Les reflets d'argent et nous sommes donc décidé pour une deuxième lecture du même auteur. Il semblerait cette fois que nos avis diffèrent.

Ce roman a été pour moi un nouveau coup de cœur. Nous faisons ici la connaissance de Corrag, jeune femme emprisonnée dans un cachot et condamnée à mort pour cause de sorcellerie. Nous sommes en Ecosse au XIIème siècle et les chasses aux sorcières font rage. La seule faute de Corrag est en réalité celle de vivre librement, au gré de la nature, sans religion, éducation ou soumission à un suzerain . Parce qu'elle est née et a grandi librement, elle se voit condamnée. Recevant la visite de Charles Leslie, un révérend, Corrag, jour aprè s jour, lui raconte son histoire.

Ce livre est un récit à deux voix. D'un côté, la voix de Corrag qui nous conte sa vie, ou plutôt ses vies comme elle le dit elle même et de l'autre, la voix de Charles Leslie qui raconte ses rencontres avec Corrag dans des lettres adressées à sa femme. Si dans ses premières lettres, le révérend, en tant qu'homme d'église, juge et condamne celle qu'il est venu interroger en tant que sorcière, son regard change au fil du temps. Au lieu de la sombre créature à laquelle il s'attendait, il se retrouve face à une femme aux allures d'enfant naïve et spontanée, généreuse et proche de la nature. Tout oppose ces deux personnages, que ce soit leur sexe (différence considérable à cette époque!) ou leur condition. Tout les oppose et pourtant, quelque chose va se passer entre eux, une compréhension que nul n'aurait cru possible, compréhension entre deux mondes si différents l'un de l'autre. 

J'ai aimé voyager dans les Highlands avec Corrag et découvrir à travers ses yeux le chant de la nature. J'ai aimé son altruisme et sa capacité à s'émerveiller de ce qui pourrait paraître insignifiant, sa manière de voir la beauté du monde pour ce qu'il est. Ce personnage, condamné pour avoir une vie non conventionnelle m'a émue. 
J'ai apprécié également de suivre l'évolution de Charles Leslie et la manière dont tombent les barrières de ces préjugés. A travers Corrag, ce sont les voix de milliers de femmes condamnées pour avoir été simplement un peu différentes qui s'expriment. Et si tant de femmes ont été jugées en tant que "sorcières" à cette époque là, c'est également de nombreuses autres personnes victimes d'injustice à travers  toutes les époques que représente Corrag. 

Avec une écriture à la fois puissante et poétique, c'est un hymne à la tolérance et à la nature que nous offre là Susan Fletcher. Il me tarde de découvrir d'autres livres de cette auteur!

Extrait choisi par Daphné :

"Je pense que c' est nous qui traçons le chemin de notre vie et qu' il ne faut pas mettre tous nos espoirs dans les songes et les étoiles.....Et la voix du cœur est forte.Toujours....La voix du cœur est la voix de la vérité.C'est plus facile de ne pas l' entendre, parce qu' elle donne quelquefois un avis qui nous contrarie, et et risquer de perdre ce que nous avons est bien dur.Mais qu' elle vie menons-nous si nous refusons d' écouter notre cœur ? Une vie qui n' est pas vraie.Et la personne qui la vit n' est pas vraiment nous."




L'avis d'Ariane :


Il y a quelques mois Daphné et moi partagions la lecture d’un roman de Susan Fletcher, Les reflets d’argent. Ce fut un coup de cœur commun, et nous avions toutes deux envie de lire un nouveau roman de cette autrice. Chacune de notre côté nous avons porté notre choix sur ce titre, il nous a donc semblé logique d’en partager à nouveau la lecture.

Une jeune femme emprisonnée attend son exécution. Dès que le temps le permettra elle brûlera sur le bûcher, accusée du crime de sorcellerie. Dans son cachot, elle reçoit la visite quotidienne de Charles Leslie, un révérend irlandais, partisan du roi en exil,  Jacques Stuart. Leslie cherche à découvrir des preuves de l’implication du roi Guillaume d’Orange dans le massacre du clan MacDonald. Corrag a assisté à ces événements tragiques et avant de lui raconté ce qui s’est passé ce jour-là, elle lui raconte sa vie depuis son enfance.

Nous avons donc deux personnages principaux, Corrag et Leslie. Deux personnages que tout oppose bien sûr. Une femme et un homme déjà, ce qui au 17ème siècle constitue un fossé entre deux mondes. Mais leurs différences ne s’arrêtent pas à cela. Leslie est un homme éduqué et pieux, un religieux aux convictions politiques et religieuses affirmées. Corrag n’a ni éducation ni religion ni roi, c’est une innocente, candide, une enfant de la nature. A priori, Leslie représente la lumière de la connaissance face aux ténèbres de l’ignorance, mais finalement, ne serait-ce pas plutôt l’inverse ? Et c’est en effet Leslie qui semble apprendre le plus de cette rencontre, évoluant au fil de leurs discussion, sa répulsion première face à la sorcière, devenant de la pitié, puis de l’amitié et de l’admiration. C’est gentil, mais un peu convenu quand même. Corrag et Leslie sont des personnages certes sympathiques et plutôt attachants, mais assez lisses finalement.

Deux antagonistes donc. Mais leurs voix ne s’entremêlent jamais, elles se succèdent car le récit de l’une est suivi des lettres du second à son épouse. Ce sont donc deux monologues, Corrag s’adressant à Leslie et celui-ci à Jane. Aucun dialogue, Corrag rapporte ses conversations avec d’autres personnages et les conversations entre Leslie et elle, ne sont pas non plus retranscrites, c’est uniquement par les propos de Corrag que l’on en comprend la teneur. Cela pourrait être assez décourageant à lire, mais non, ce n’est jamais lourd, le rythme est plutôt fluide.

Même s’il faut dire que Corrag en fait parfois un peu beaucoup dans le lyrique ! Il y a un côté très romantique dans ce roman : Corrag, la sauvageonne aux cheveux emmêlés par le vent, son amour pour Alasdair, le fils du chef de clan, un guerrier fier, courageux mais tendre…  Sans oublier l’amour de Leslie pour sa femme et ses grades déclarations à chaque lettre. C’est très sentimental, à tel point que ça en devient parfois, assez souvent, mielleux.

Susan Fletcher s’est inspirée de faits historiques et de personnages réels pour imaginer son roman. Ne connaissant absolument rien à l’histoire de l’Écosse et très peu de choses sur l’histoire de la Glorieuse Révolution, j’avais envie d’en apprendre plus. Bon, on ne peut pas dire que j’en sache vraiment plus maintenant !

Finalement ce qui m’a le plus intéressée c’est l’Écosse en elle-même, les paysages, la nature. Je suis décidément une adepte de nature wiriting (attention ce n’en est pas du tout, mais ce sont les descriptions de ce pays qui m’ont le plus séduite ici). Et l’Écosse fait partie de ces pays qui m’attirent. La chaleur des déserts ou la touffeur des tropiques, très peu pour moi ! Je rêve de grands espaces et de vent, de lacs et de mer, de montagnes et de forêts. Et quand on voit les Highlands comment ne pas rêver ! J’espère un jour…

Bref, c'est un joli roman mais trop sentimental pour moi. En fait, c’est tout à fait le genre de livre qu’aimerait ma mère qui adore les auteurs comme Juliette Benzoni ou Christian Jacq. Pas vraiment mes références en fait.



Extrait choisi par Ariane:


« j'avais foi dans le monde, car pourquoi n'aurions-nous pas foi en lui ? Puisqu'une petite graine peut devenir un arbre avec le temps, et que les oiseaux se rappellent où sont leurs vieux nids, et qu'une jument comprend "nord-ouest" et "va", et que la lune fait monter et descendre les flots argentés de la mer, est-ce que ça ne mérite pas notre foi ? Moi, je le pense. Je l'ai toujours pensé. »


D'autres avis chez Jostein, Clara, Papillon, Aifelle, Hélène, Kathel,

9 commentaires:

  1. J'ai adoré cette lecture ; depuis, aucun livre de Susan Fletcher ne m'a autant plu, je les trouve un peu inférieurs.

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    1. Je n'en ai lu que deux mais j'ai préféré Les relfets d'argent.

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    2. J'ai aussi beaucoup aimé les reflets d'argent. il est très différent de celui là mais les deux ont été pour moi des coups de cœurs quoique dans des styles différents.
      Daphné

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  2. Ce fut un vrai coup de coeur pour moi aussi, j'ai adoré ce roman et je suis même allée voir les lieux dans lesquels il se déroule lors d'un voyage en écosse...

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    1. Quelle chance tu as eue de pouvoir visiter ce magnifique pays !

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    2. C'est également un pays dans lequel j'aimerais aller! J'ai été ravie que l'écriture si vivante de l'auteur me permette de m'y "retrouver" d'un point de vue imaginaire!
      Daphné

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  3. J'ai beaucoup aimé ce roman, avec un petit bémol pour la partie "romance" qui m'a semblé un peu trop contemporaine...

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    1. Mon avis est décidément à contre-courant !

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    2. Les avis à contre courant ont aussi du bon et permettent de réfléchir autrement à une lecture!
      Daphné

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