Auteur :
Marc Dugain
Titre :
La chambre des officiers
Genre :
roman
Langue
d’origine : français
Editeur :
JC Lattès
Nombre de
pages : 172p
Date de
parution : septembre 2001
Présentation de l’éditeur :
Dans les premiers jours de 1914, Adrien, jeune lieutenant du
génie est fauché par un éclat d'obus. Défiguré, il est transporté au Val de
Grâce où il passera le reste de la guerre dans la chambre des officiers. Au fil
des amitiés qui s'y noueront, lui et ses camarades, malgré la privation brutale
d'une part de leur identité, révèleront toute leur humanité.
Mon avis :
Il y a quelques années déjà, je lisais Avenue des géants, roman inspiré du parcours du tueur en série Ed
Kemper. Marc Dugain y réussissait alors la prouesse de dresser un portrait à la
fois émouvant et dérangeant de cet homme et décrivait parfaitement les
paradoxes de la société américaine des années 70. Je m’étais alors promis de
relire rapidement l’auteur, mais j’aurai finalement attendu quatre ans !
Les romans sur la première guerre nous racontent souvent la
dureté de la vie dans les tranchées, l’âpreté des combats et l’amitié qui lie
les frères d’armes. Pour Adrien, jeune ingénieur et officier, elle n’aura duré
que quelques jours. A peine arrivé, il est blessé au cours d’une mission de
reconnaissance, un éclat d’obus lui emportant le nez et une partie du visage. Malgré
la gravité de ses blessures, Adrien survit et est transféré à l’hôpital du Val
de Grâce dans une chambre réservée aux officiers blessés au visage. Premier
arrivé dans cette grande chambre dépourvue de miroirs, il découvre petit à
petit la gravité de ses blessures en observant celles des autres blessés qui le
rejoignent. Sa guerre il la vivra à l’abri de ces murs, ses frères d’armes
seront ses semblables et ses combats les multiples opérations pour tenter de
reconstruire son visage.
Si le sujet, les personnages et le contexte de ce roman n’ont
rien à voir avec Avenue des géants,
les deux romans ont en commun la finesse psychologique des personnages, la
justesse de l’écriture et le portrait réaliste d’une société en plein
bouleversement. Adrien est un personnage attachant, surtout en ce qu’il incarne
tous ces jeunes hommes dont le destin a été brisé par la guerre. Tous ces
hommes partis confiants en une victoire rapide et facile comme on le leur avait
promis, tous ces hommes fauchés, brisés, revenus handicapés de la guerre,
rappels vivants aux yeux de tous des blessures de la guerre, acclamés autant
que rejetés par la société.
Apparemment le grand-père de Marc Dugain était lui-même une
gueule cassée. Cela explique peut-être la profonde empathie de l’homme pour ces
hommes, la sincérité qui se dégage du texte. C’est un roman magnifique, qui ne
vire jamais à la sensiblerie, bien au contraire. Et dire qu’il s’agissait d’un
premier roman !
Après un tel roman, j’espère ne pas attendre quatre ans
avant de relire l’auteur !
Extrait :
« Il n'y a finalement que les morts qui puissent nous
envier. Et encore, j'en doute. »
«Les gens défigurés ont ceci de particulier qu'on les
remarque, qu'on ne voit qu'eux, et que, dans le même temps, on ne les voit pas. »
« Car moi, le mutilé de la face, je ne vieillirai pas.
La guerre m’a fait vieillir à vingt-quatre ans. »
« Ce qu'on avait imposé aux Allemands en cette belle
journée de juin 1919 nous mettait à l'abri de la guerre pour toujours. »
« En ce genre d'occasion, notre petite communauté
dégageait une joie de vivre qui surprenait ceux qui avaient toute leur bouche
pour rire. Nous buvions, mangeons et fumions plus que de raison. Mais surtout,
nous éprouvions ce sentiment d'extrême liberté qui est l'apanage de ceux qui
sont débarrassés de leur image et qui ont retiré, du voisinage de la mort et de
la cohabitation quotidienne avec la souffrance, cette distance avec ce qui rend
l'homme si petit et si étriqué. »
« La guerre de 14, je ne l'ai pas connue. Je veux dire,
la tranchée boueuse, l'humidité qui traverse les os, les gros rats noirs au
pelage d'hiver qui se faufilent entre les détritus informes, les odeurs
mélangées de tabac gris et d'excréments mal enterrés, avec, pour couvrir le
tout, un ciel métallique uniforme qui se déverse à intervalles réguliers comme
si Dieu n'en finissait plus de s'acharner sur le simple soldat. C'est cette
guerre-là que je n'ai pas connue. »
Ligne générale, catégorie métier
Un jour je le l irai, quand je serai prête. J'aime bien dugain.
RépondreSupprimerIl est beaucoup moins dur que je ne le craignais
SupprimerJamais lu Dugain mais commencer par le premier ce serait une bonne idée ;)
RépondreSupprimerTu sais ce qu'il te reste à faire !
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