Auteur :
Vincent Message
Titre :
Défaite des maîtres et possesseurs
Genre :
roman
Langue
d’origine : français
Editeur :
Seuil
Nombre de
pages : 304p
Date de
parution : janvier 2016
Présentation de l’éditeur :
Iris n’a pas
de papiers. Hospitalisée après un accident de voiture, elle attend pour être
opérée que Malo Claeys, avec qui elle habite, trouve un moyen de régulariser sa
situation. Mais comment la tirer de ce piège alors que la vie qu’ils mènent
ensemble est interdite, et qu’ils n’ont été protégés jusque-là que par la
clandestinité ?C’est notre monde, à quelques détails près. Et celui-ci notamment : nous n’y sommes plus les maîtres et possesseurs de la nature. Il y a de nouveaux venus, qui nous ont privés de notre domination sur le vivant et nous font connaître le sort que nous réservions auparavant aux animaux.
Mon avis :
Parmi les romans de la dernière rentrée littéraire, un titre
a attiré mon attention, recommandé par mes libraires. Je n’ai pas encore lu ce
titre, mais il était comparé à celui-ci. C’est donc ce roman de Vincent Message
que j’ai lu et je ne pense pas que je lirai Cadavre exquis !
Dans un avenir proche, les humains ont perdu leur statut de
dominant. Ce sont désormais des êtres venus d’ailleurs qui dirigent la planète.
Les humains sont désormais réduits au rang de créature inférieure et connaissent
le sort que nous réservions aux animaux : certains vivent confortablement
auprès de leur maître, d’autres travaillent durement tandis que les derniers
grandissent et meurent dans des élevages, destinés à la boucherie. Malo,
rapporteur dans un ministère, tente d’améliorer le sort des humains et est
particulièrement attaché à Iris, une jeune humaine qu’il a sauvée d’un élevage.
Le moins qu’on puisse dire c’est que ce roman est particulièrement
dérangeant. Les scènes sont d’un réalisme troublant. Certaines descriptions,
notamment lorsque le narrateur raconte ses visites dans des élevages est
terrifiante et pourtant c’est bien le sort que nous réservons aux animaux que
nous consommons. Le sort de ceux qui travaillent est plus enviable, pourtant
ils sont privés de toute liberté, de tout libre arbitre. Seuls ceux qui
tiennent compagnie aux nouveaux venus connaissent une certaine sécurité, mais
leur sort est-il plus enviable ?
En renversant les rôles, Vincent Message dénonce notre
attitude vis-à-vis de ceux que nous considérons comme inférieurs, notre
hypocrisie lorsque nous feignons d’ignorer ce que nous infligeons aux animaux
que nous mangeons, notre indifférence pour ceux qui nous fournissent leur force
de travail et une quasi schizophrénie dans la différence que nous établissons
entre ceux qui vivent à nos côtés et les autres animaux. Il y a tout de même
une différence non négligeable entre les animaux et les humains : ceux-ci
peuvent se révolter.
C’est également l’état lamentable dans lequel nous avons mis
notre planète qu’il raconte et l’avenir bien sombre qui se dessine.
J’ai eu du mal en revanche à adhérer à l’idée de ces êtres
venus d’ailleurs mais qui adoptent en tout point notre façon de vivre. Une
espèce mimétique, c’est ainsi qu’ils sont décrits, reprenant les mêmes habitats,
les mêmes métiers, les mêmes organisations politiques, administratives et
judiciaires. Jusqu’aux noms qu’ils adoptent également ! L’apparence aussi
peut-être ?
Vincent Message nous oblige à réfléchir à notre comportement,
individuel et collectif. Il nous bouscule, nous pousse dans nos retranchements,
dans un style incisif et percutant.
Extrait :
« Avant que nous n’arrivions, les hommes avaient
parcouru cette planète en tous sens et avaient partout laissé leurs empreintes,
même dans les territoires les plus sauvages et à première vue les plus
difficiles à domestiquer. Les silhouettes élancées des phares s’accrochaient
vaille que vaille sur les rochers de tempête. Une main reconstruisait le cairn
éboulé, là-haut, sur les sommets où la neige ne fond pas. Certains d’entre eux
s’interrogeaient sur ce que signifiait ce désir d’omniprésence, en manifestaient
de l’inquiétude, mais dans l’ensemble cela leur allait bien : c’est une espèce
de bâtisseurs ; ils aiment laisser des traces, et supportent même mal à vrai
dire qu’elles s’effacent dans l’usure des années et dans le vent en discorde. »
J'ai bien adhéré à l'univers décrit par l'auteur. J'aime bien ces romans qui nous parlent de demain pour nous faire réfléchir sur aujourd'hui.
RépondreSupprimerCe genre de roman peut être vraiment intéressant à condition toutefois de ne pas tomber dans un extrême dans lequel il serait difficile de se projeter.
SupprimerJ'ai aimé aussi ce livre qui bouscule c'est vrai. L'inversement de traitement entre humains et animaux est particulièrement percutante. J'ai moins aimé l'aspect S.F. mais ce n'est pas très grave.
RépondreSupprimerJe n'aime pas beaucoup la SF et comme toi j'ai moins accroché à cet aspect.
SupprimerOui, mieux vaut laisser Cadavre exquis, et avoir lu ce roman de v Message, beaucoup apprécié!
RépondreSupprimerD'autant qu'apparemment dans Cadavre exquis les descriptions sont très détaillées ! Je ne pense pas être prête pour ça...
SupprimerUn vrai choc pour moi, je trouve ce roman brillant et il le doit justement au choix de cette forme particulière. Je ne connais pas Cadacre exquis donc impossible de comparer. Par contre, le dernier roman de Vincent Message, qui n'a rien de science fiction mais est bien ancré dans le réel, Cora dans la spirale est un des meilleurs romans de l'année 2019, pour moi.
RépondreSupprimerCora dans la spirale est sur ma liste, je ne sais pas si la lecture est aussi percutante que celle-ci mais au vu des avis, elle me semble incontournable
SupprimerJ'ai énormément aimé ce roman avec lequel j'ai découvert Vincent Message. Depuis j'ai lu Cora dans la spirale qui n'a rien à voir mais qui est tout autant réussi et Les veilleurs m'attendent depuis longtemps. C'est avant tout l'écriture de Vincent Message qui fait la réussite de ses romans.
RépondreSupprimerJe ne sais pas ce qu'il en est dans ses autres romans, mais c'est vrai que l'écriture est vraiment forte
SupprimerUne lecture qui m'avait marquée.
RépondreSupprimerÇa se comprend !
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