Auteur :
Victor Jestin
Titre :
La chaleur
Genre :
roman
Langue
d’origine : français
Editeur :
Flammarion
Nombre de
pages : 144p
Date de
parution : août 2019
Mon avis :
Alors que la rentrée littéraire approche à grands pas, je
rattrape un peu de retard de lecture avec ce premier roman surprenant et
dérangeant.
Dans un camping des Landes, écrasé par la chaleur, Léo, 17
ans traîne son ennui et son mal-être en attendant la fin du séjour. Il observe
de loin, avec envie et dédain à la fois, l’insouciance des autres jeunes. Et c’est
encore en spectateur qu’il assiste à la mort d’Oscar, un adolescent de son âge,
étranglé par les cordes d’une balançoire sur le terrain de jeu. Suivra ensuite
une décision irréfléchie et incompréhensible…
C’est un roman très court, mais d’une intensité surprenante.
Le personnage de Léo, cet adolescent timide et mal dans sa peau, qui a pris la
pire des décisions possible, est criant de réalisme. Entre dégoût de lui-même
et dégoût des autres, il observe avec un certain cynisme la joie surjouée, l’ambiance
forcée du camping, l’injonction à s’amuser. Il y a une vraie fragilité dans ce
personnage incapable de s’adapter, son inadaptation à son entourage n’a d’ailleurs
pas été sans me rappeler certains souvenirs.
Souvenirs du camping notamment que Victor Jestin raconte
parfaitement. Comme j’ai détesté moi aussi cette promiscuité, le bruit de fond
persistant des conversations et des radios, les odeurs de viande grillée, la
chaleur étouffante sous la tente, les sanitaires… J’en frémis encore…
L’efficacité du roman de Victor Jestin ne réside pas
uniquement dans sa capacité à rendre vivants le paysage et le personnage qui
déploie devant nos yeux, mais également dans la force de l’histoire qu’il
imagine. Léo nous raconte ses actes et ses pensées dans les heures suivant le
drame, le sentiment de culpabilité et le dilemme moral alors même que la
jeunesse et ses espoirs se rappellent à lui. Une grande force dans ces quelques
pages, dont l’on ressort avec une impression de malaise, qui ne disparaît pas
de sitôt.
Un premier roman très efficace, mené d’une main de maître
par un jeune auteur prometteur et dont je ne m’étonne pas qu’il ait reçu le
Prix Femina des lycéens 2019 et le prix de la Vocation 2019.
Extrait :
«Oscar est mort à cause de moi qui n'ai pas bougé, et je
n'ai pas bougé car à cet instant je ne pouvais pas, je préférais mourir, comme
lui, et nous nous sommes regardés mourir l'un l'autre, pendant que les autres
dansaient. »
« Le faux calme des pins,
le fracas des vagues dont on sait bien qu'elles ont déjà tué, et tous ces rires
et cris de jouissance mêlés en un même écho sourd, comme dans les hangars mal
éclairés des piscines à vagues pleines de chlore et d'angoisse. »
« Dehors, les
gens m'ont regardé en ricanant comme des hyènes. Je les ai trouvés tous
immondes, avec leurs serviettes de couleur autour de leurs corps flasque,
maigres, musclés, tous bronzés jusqu'aux oreilles, heureux de se laver avant
l'apéro, heureux d'être heureux et pourtant tous tristes et seuls dans la foule
tout aussi seule de ce camping aux trois étoiles pourries »
Je n'ai pas remarqué ce roman et ça ne m'étonne pas. Les affres de l'adolescence, c'est très loin de moi maintenant et ça ne m'attire pas en roman.
RépondreSupprimerVu ce roman, dont le thème m'attire peu...
RépondreSupprimerJ'hésitais à le lire à cause du sujet. Je vais donc le réserver à ma BM.
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