Par Ariane
Auteur : Ocean Vuong
Titre : Un bref instant de splendeur
Genre : roman
Langue d’origine : Marguerite Capelle
Editeur : Gallimard
Nombre de pages : 304p
Date de parution : janvier 2021
Mon avis :
Ce roman, récit plutôt, est une longue lettre que l’auteur adresse à sa mère. Une lettre qui ne sera jamais lue, car celle-ci ne sait ni lire ni parler anglais. Rose est née au Vietnam, d’une mère vietnamienne et d’un soldat américain. Si claire de peau qu’elle passe pour une blanche jusqu’à ce qu’elle baragouine quelques mots. Son fils, surnommé Little Dog, arrivé enfant aux Etats-Unis porte un regard lucide et sensible sur sa famille.
C’est une mise à nu totale, dans laquelle le jeune homme déroule leur histoire marquée par la violence de cette mère aimante mais traumatisée par un passé trop lourd à porter. Il raconte son enfance et son adolescence, la quête d’identité de celui qui grandit entre deux cultures, deux langues. Mais aussi l’apprentissage du désir et de la sexualité.
A la fois cru et poétique, délicat et brutal, ce texte cathartique révèle passages magnifiques, où la langue s’envole et touche le lecteur en plein cœur. Quelques mots d’une perfection absolue. Des scènes touchant au sublime.
Mais pourtant… Malgré cette beauté de l’écriture, malgré ces passages incroyables, malgré la sincérité du propos, je suis loin du coup de cœur. Pourquoi ? Difficile à dire, mais j’ai eu le sentiment d’un texte trop recherché, trop réfléchi. Un projet littéraire, qui bien qu’intimiste, fait parfois penser à un exercice de style.
Extrait :
« Je repense à la liberté, et que le moment où le veau est le plus libre est celui où la cage s'ouvre, et où on le conduit au camion pour l'abattre. »
« J'avais envie de pleurer mais je ne savais pas encore le faire en anglais. Alors je n'ai rien fait. »
« En vietnamien, on utilise le même mot pour dire que
quelqu'un nous manque ou que vous vous souvenez de lui : nhớ. Parfois, quand tu
me demandes au téléphone : Có nhớ mẹ không? je tressaille, croyant que tu as
voulu dire : Tu te souviens de moi ?
Tu me manques davantage que je ne me souviens de toi. »
« Si la vie d'un individu, comparée à l'histoire de notre planète, est infiniment courte, un battement de cils, comme on dit, alors être magnifique, même du jour de votre naissance au jour de votre mort, c'est ne connaître qu'un bref instant de splendeur. »
« Petite fille, tu as regardé, depuis une bananeraie, ton école s'écrouler après une attaque américaine au napalm. À cinq ans, tu n'as plus jamais remis les pieds dans une salle de classe. Notre langue maternelle n'a donc rien d'une mère : c'est une orpheline. Notre vietnamien est une capsule temporelle, qui marque la fin de ton éducation, réduite en cendres. Maman, s'exprimer dans notre langue maternelle, c'est parler seulement partiellement en vietnamien, mais entièrement en guerre. »
« Ils voudront que tu réussisses, mais jamais davantage qu’eux. Ils écriront leurs noms sur ta laisse et diront que tu es nécessaire, que tu es important. »
« Est-ce que c’est ça, l’art. Etre touché en croyant que ce que l’on ressent nous appartient, alors qu’en fin de compte, c’est quelqu’un d’autre, qui par son désir, nous atteint ? »
Moi aussi, j'ai attendu le coup de coeur en vain... Trop travaillé, c'est tout à fait ça, et ça a eu sur moi l'effet inverse de celui voulu par l'auteur.
RépondreSupprimerDommage...
SupprimerOn en parle trop, sans doute, annoncé comme excellent. Alors je crains une déception.
RépondreSupprimerDéception je ne sais pas, il y a de très beaux passages, mais l'aspect travaillé (Kathel a trouvé le terme exact) peut empêcher le coup de cœur.
Supprimerje pense comprendre tes bémols mais je crois que j'ai envie de voir par moi-même... Bon, ce ne sera pas pour tout de suite !
RépondreSupprimerComment ça pas pour tout de suite ? Aurais-tu une PAL chargée ? 😄
SupprimerLe titre était pourtant prometteur.
RépondreSupprimerOui, très joli titre !
SupprimerL'exercice de style intimiste, très peu pour moi !
RépondreSupprimerJe comprends, moi non plus !
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