Auteur :
Emma Cline
Titre :
The girls
Genre :
roman
Langue
d’origine : anglais (américain)
Traducteur :
Jean Esch
Editeur :
La table ronde
Nombre de
pages : 336p
Date de
parution : août 2016
Présentation de l’éditeur :
Nord de la Californie, fin des années 1960. Evie Boyd,
quatorze ans, vit seule avec sa mère. Fille unique et mal dans sa peau, elle
n'a que Connie, son amie d'enfance. Lorsqu'une dispute les sépare au début de
l'été, Evie se tourne vers un groupe de filles dont la liberté, les tenues
débraillées et l'atmosphère d'abandon qui les entoure la fascinent. Elle tombe
sous la coupe de Suzanne, l'aînée de cette bande, et se laisse entraîner dans
le cercle d'une secte et de son leader charismatique, Russell. Caché dans les
collines, leur ranch est aussi étrange que délabré, mais, aux yeux de
l'adolescente, il est exotique, électrique, et elle veut à tout prix s'y faire
accepter. Tandis qu'elle passe de moins en moins de temps chez sa mère et que
son obsession pour Suzanne va grandissant, Evie ne s'aperçoit pas qu'elle
s'approche inéluctablement d'une violence impensable.
Mon avis :
Parmi la profusion de sorties de cette dernière littéraire e
roman n’avait pas vraiment attiré mon attention. N’aurait été l’avis d’Eva je
serai probablement passée à côté. Mais j’ai eu raison de suivre son coup de
cœur.
S’inspirant de « la famille » de Charles Manson et
de leurs crimes, Emma Cline met en scène l’histoire d’Evie, une adolescente ordinaire
dont les parents en plein divorce ne se préoccupent pas. Livrée à elle-même, la
jeune fille solitaire rencontre un groupe de jeunes filles, menées par la
fascinante Suzanne, et se rapproche ainsi d’un groupe de marginaux vivant dans
une ferme isolée sous l’emprise d’un certain Russel. C’est Evie elle-même qui
raconte cette histoire. Une trentaine d’années, plus tard, Evie est une femme
solitaire qui se remémore sa jeunesse au contact inattendu du fils d’un ami et
de sa petite amie. Cette jeune fille désireuse de plaire, prête à suivre
aveuglément celui qu’elle aime, à tout accepter et à tout faire, lui rappelle
celle qu’elle a été.
La grande force de ce roman c’est tout d’abord le personnage
d’Evie. Elle est l’incarnation parfaite de la fragilité de l’adolescence, de
son besoin de reconnaissance, de sa soif d’appartenance, de l’intensité et de
la complexité de ses émotions et de ses désirs. Une adolescente soumise à la
puissance du groupe, à la force d’attraction de personnages charismatiques.
Evie n’a pas participé au crime, mais il s’en est fallu de peu.
Le personnage de Suzanne est mystérieux, on sait peu de
choses sur la jeune fille ni son passé, ni ses pensées. De Suzanne on ne
connaît que l’image que s’en fait Evie, un personnage idéalisé, mais dont la
froideur laisse perplexe.
Le roman porte bien son titre. Les filles sont les héroïnes,
les véritables personnages du roman. Evie et Suzanne, mais également les
personnages secondaires que sont les autres filles du groupe, la petite amie du
père d’Evie, Sacha la jeune fille que rencontre l’Evie adulte et même la mère d’Evie.
Et si les hommes sont presque des ombres dans ce roman, ils sont tous des
figures plutôt négatives, exploitant la soif d’amour des filles et les
manipulant pour obtenir ce qu’ils désirent. C’est un roman féministe dans une
certaine mesure, dans lequel les filles sont victimes consentantes des hommes,
soumises aux désirs masculins et prêtes à tout pour être aimées.
L’auteur explose littéralement l’image de légèreté des
années 60. On est bien loin du flower power, ici il n’y a que crasse et
violence. C’est l’envers du décor d’une époque dont l’on garde une image
idéalisée et édulcorée. Et en même temps ce roman est terriblement d’actualité.
Comment en effet ne pas penser à d’autres jeunes manipulés et utilisés par des
hommes sans scrupules et jetés sur la voie de la violence et de la haine ?
C’est un roman magnifique, dont je garde un vif souvenir.
Extrait :
« J’aime imaginer que cela prît plus de temps que ça.
Qu’il fallût me convaincre pendant des mois, me forcer la main lentement. Me
courtiser avec prudence comme une amoureuse. Mais j’étais une cible
enthousiaste, impatiente de m’offrir. »
Malgré ton avis enthousiaste, je ne suis pas très emballée par le thème.
RépondreSupprimerSans l'avis d'Eva je ne l'aurai probablement pas lu non plus, mais ça aurait été dommage.
SupprimerAriane
Aifelle ne devrait pas hésiter, c'est très bien fait!
RépondreSupprimerravie d'avoir été de bons conseils :)
RépondreSupprimerEt ce n'est pas la première fois !
SupprimerJ'espère que je trouverai le temps de le lire un jour.
RépondreSupprimerTrop de livres, pas assez de temps !
SupprimerJ'étais moins enthousiaste que toi en le lisant. Néanmoins, j'ai moi aussi beaucoup apprécié toute l'histoire autour de cette adolescente et de sa fascination pour cette communauté de jeunes femmes. Cette fascination est très bien rendue dans le roman.
RépondreSupprimerJ'ai trouvé le personnage d'Evie très touchant. Et sa fascination pour la communauté est très intéressante.
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