Auteur :
Emmanuel Dongala
Titre :
La sonate à Bridgetower
Genre :
roman
Langue
d’origine : français
Editeur :
Actes Sud
Nombre de
pages : 336p
Date de
parution : janvier 2017
Présentation de l’éditeur :
N’en déplaise à l’ingrate postérité, la célèbre Sonate à
Kreutzer n’a pas été composée pour le violoniste Rodolphe Kreutzer, qui
d’ailleurs ne l’a jamais interprétée, mais pour un jeune musicien tombé dans
l’oubli. Comment celui-ci est devenu l’ami auquel Beethoven a dédié l’un de ses
morceaux les plus virtuoses, voilà l’histoire qui est ici racontée.
Au début de l’année 1789 débarquent à Paris le violoniste prodige George Bridgetower, neuf ans, et son père, un Noir de la Barbade qui se fait passer pour un prince d’Abyssinie. Arrivant d’Autriche, où George a suivi l’enseignement de Haydn, ils sont venus chercher l’or et la gloire que devrait leur assurer le talent du garçon…
De Paris à Londres, puis Vienne, ce récit d’apprentissage aussi vivant qu’érudit confronte aux bouleversements politiques et sociaux – notamment la mise en cause de l’esclavage aux colonies et l’évolution de la condition des Noirs en Europe – les transformations majeures que vit le monde des idées, de la musique et des sciences, pour éclairer les paradoxes et les accomplissements du Siècle des lumières.
Au début de l’année 1789 débarquent à Paris le violoniste prodige George Bridgetower, neuf ans, et son père, un Noir de la Barbade qui se fait passer pour un prince d’Abyssinie. Arrivant d’Autriche, où George a suivi l’enseignement de Haydn, ils sont venus chercher l’or et la gloire que devrait leur assurer le talent du garçon…
De Paris à Londres, puis Vienne, ce récit d’apprentissage aussi vivant qu’érudit confronte aux bouleversements politiques et sociaux – notamment la mise en cause de l’esclavage aux colonies et l’évolution de la condition des Noirs en Europe – les transformations majeures que vit le monde des idées, de la musique et des sciences, pour éclairer les paradoxes et les accomplissements du Siècle des lumières.
Mon avis :
Il me faut bien avouer mon ignorance : j’ignorais
totalement qui était George Bridgetower. Ce fut donc une rencontre surprenante
et inattendue que celle de ce prodige musical.
Le roman débute à Paris en 1789. George Bridgetower, âgé d’à
peine neuf ans, fait ses débuts sur la scène parisienne. Son père a de grands
projets pour lui et s’inspire de celui qui est son modèle : Leopold
Mozart, le père de Wolfgang. Rapidement le succès est au rendez-vous, les
rencontres se multiplient avec les figures les plus importantes de la vie
artistique, scientifique et philosophique de Paris. Mais la révolte gronde et
les événements poussent George et Frédérick de Augustus à quitter Paris pour
Londres.
C’est un roman passionnant et qui aborde de très nombreux
thèmes. La moitié du roman qui se déroule pendant les jeunes années de George
Bridgetower met en avant la relation père-fils. La relation qu’entretiennent
George et Frederick de Augustus est ambivalente. Frederick aime son fils
évidemment, mais n’hésite pas à l’utiliser. Il voit en lui un moyen d’obtenir
ce qu’il a toujours désiré : la reconnaissance et la richesse. Comme tous
les enfants, George voue une confiance absolue à son père que la conduite de
Frederick de Augustus finira par détruire.
L'ambition de Frederick de Augustus s'explique aussi par son parcours personnel. Fils d'un ancien esclave, il refuse de se voir traité de la même manière que les autres noirs, sur lesquels il pose un regard teinté de condescendance. A une époque où le débat sur l'inégalité des races fait rage, où l'esclave est un sujet d'actualité qui trouve de nombreux défenseurs y compris parmi les plus grands intellectuels et humanistes, la situation des Bridgetower père et fils est exceptionnelle. Il y a bien quelques autres noirs ou mulâtres qui se démarquent, comme le chevalier de Saint-George ou Thomas Alexandre Dumas (le père de son fils), que George rencontrera à Paris. Les événements pousseront Frederick de Augustus à s'intéresser au sort de ses semblables, ce sera même l'un des points de rupture avec son fils. La prise de conscience sera en effet bien plus longue pour George. Il est si bien intégré dans la société qu’il fréquente, qu’il ne se considère pas vraiment comme noir.
L'ambition de Frederick de Augustus s'explique aussi par son parcours personnel. Fils d'un ancien esclave, il refuse de se voir traité de la même manière que les autres noirs, sur lesquels il pose un regard teinté de condescendance. A une époque où le débat sur l'inégalité des races fait rage, où l'esclave est un sujet d'actualité qui trouve de nombreux défenseurs y compris parmi les plus grands intellectuels et humanistes, la situation des Bridgetower père et fils est exceptionnelle. Il y a bien quelques autres noirs ou mulâtres qui se démarquent, comme le chevalier de Saint-George ou Thomas Alexandre Dumas (le père de son fils), que George rencontrera à Paris. Les événements pousseront Frederick de Augustus à s'intéresser au sort de ses semblables, ce sera même l'un des points de rupture avec son fils. La prise de conscience sera en effet bien plus longue pour George. Il est si bien intégré dans la société qu’il fréquente, qu’il ne se considère pas vraiment comme noir.
Le titre du roman fait référence à la sonate pour violon n°9 de Betthoven, initialement dédiée à Bridgetower mais qui suite à une querelle entre les deux hommes sera finalement dédiée à Kreuzer un autre violoniste. Le choix de ce titre est assez surprenant, puisqu'il laisse présager que l'amitié entre Beethoven et George Bridgetower, leur collaboration et la création de la sonate sont les sujets du roman, or Beethoven n'apparaît que dans le dernier tiers du roman.
C’est un roman passionnant qui rend bien compte de tous les
bouleversements tant intellectuels que politiques de l’époque et des espoirs qu’ils
suscitèrent. Certains d'entre eux marqueront durablement George. Pour ce garçon qui a grandi dans la cour d'un prince, qui a fréquenté l'aristocratie et été protégé par la noblesse, la Révolution Française et ses exactions seront un véritable choc.
La lecture est aisée et agréable, mais surtout très instructive, quoique le style ne soit pas vraiment en adéquation avec l’époque. Une belle découverte tout de même que je vous conseille.
La lecture est aisée et agréable, mais surtout très instructive, quoique le style ne soit pas vraiment en adéquation avec l’époque. Une belle découverte tout de même que je vous conseille.
Extrait :
« Une fois seul, il sortit le violon de l’étui ainsi
que l’archer, sur les mèches duquel il passa méticuleusement de la colophane.
Lorsqu’il eut terminé, il caressa le violon, comme on caresse un être aimé, le
retourna et le cala quelque part à mi-chemin entre son cœur et sa tête, entre l’émotion
et la technique, les deux pôles de sa musique. Il leva l’archet et, le faisant
glisser sur les cordes, en tira des sons qui s’envolaient, légers, comme si les
crins ne frottaient pas vraiment les cordes mais les effleuraient à peine. On
devrait considérer le violon comme un instrument dont on caresse mes cordes,
pensa-t-il, un instrument à cordes « caressées » plutôt que « frottées ».
N’aime-t-on pas ce que l’on caresse ? Si un pianofortiste, un organiste ou
un percussionniste pouvait changer d’instrument à chaque performance, au gré de
ce que la salle où se tenait le concert mettait à sa disposition, un violoniste
par contre ne donnait le meilleur de lui-même qu’avec son violon. Il le
transportait avec moi. C’était son complice. »
J'ignorais totalement cette histoire moi aussi jusqu'à une rencontre avec l'auteur. J'ai prévu de lire le roman .. un jour.
RépondreSupprimerJe suis sûre qu'il te plaira.
SupprimerJ'ai été passionnée par cette histoire, dont j'ignorais quasiment tout. Une façon agréable d'enrichir ses connaissances, aussi.
RépondreSupprimerLes livres ont souvent ce double avantage : plaisir et connaissances !
SupprimerJe pense le lire, je le trouverai facilement dans une de mes biblis (où son titre doit faire un peu peur)
RépondreSupprimerPourquoi le titre fait peur ?
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