Auteur :
Jon Kalman Stefansson
Titre :
D’ailleurs, les poissons n’ont pas de pieds
Genre :
roman
Langue
d’origine : islandais
Traducteur :
Eric Boury
Editeur :
Gallimard
Résumé de l'éditeur :
«Et maintenant, il est trop tard, répond Ari, pétri de remords. Anna esquisse un sourire, elle lui caresse à nouveau la main et lui dit, quelle sottise, il n’est jamais trop tard tant qu’on est en vie. Aussi longtemps que quelqu’un est vivant.»
Après plusieurs années d'absence, Ari rentre en Islande. Il est devenu éditeur et a récemment quitté sa femme. À Keflavík, la neige recouvre tout mais les souvenirs affleurent. Dans ce village de pêcheurs interdits d’océan, marqué par la présence d’une base militaire américaine, Ari retrouve de vieilles connaissances. Lâchetés, trahisons et amours du passé resurgissent alors que le père d’Ari se meurt. Poursuivant le diptyque commencé avec D’ailleurs, les poissons n’ont pas de pieds, Jón Kalman Stefánsson entremêle les destins singuliers des habitants de cette île immuable et mélancolique.
L'avis de Daphné :
Quoi de mieux que commencer le mois par un livre de Stefansson ? Ce livre a donc été le premier que j'ai ouvert ce mois-ci... et bien entendu, je ne le regrette pas !
Ouvrir un livre de Stefansson est pour moi comme ouvrir une boîte de friandises : cela se déguste, à petites touches, parfois avec lenteur, d'autres fois avec voracité. Ouvrir un livre de Stefansson, c'est partir au pays des mots, collectionner des citations toutes plus belles que les autres.
Suite de D'ailleurs les poissons n'ont pas de pied, A la mesure de l'univers nous permet de retrouver Ari et sa famille. Oscillant entre jadis et aujourd'hui, il nous conte une saga familiale à la fois belle et violente, où la mort et la mélancolie omniprésentes offrent au roman un côté nostalgique qui ne peut que s'accorder avec la description âpre et glacée de l'Islande.
Que de poésie dans cette écriture et que de réflexions belles et profondes sur l’existence... La mort, l'amour et le temps qui passe nous sont décrits là avec une si grande beauté qu'il est difficile de parler de ce livre sans avoir peur de l'égratigner.
Encore un grand livre porté par une écriture toujours plus belle!
Extraits choisis par Daphné:
"C'est ainsi, l'histoire de l'humanité va dans un sens et celle de l'individu prend une tout autre direction, voilà pourquoi il existe sans doute au minimum deux versions tout aussi valides l'une que l'autre de l'histoire du monde. "
"La mort traverse tous les êtres, elle emporte tout, elle efface tout le monde, l’unique résistance qu’on puisse lui opposer, c’est de vivre et de raconter. De consigner l’énergie vitale dans les mots. Cela ne permet sans soute pas d’en triompher, mais cela empêche peut-être la mort de triompher de la vie. "
"Les poèmes sont bien utiles, ils peuvent vous servir de couverture quand le froid enserre le monde, ils peuvent être des grottes à l’écart du temps, des grottes dont les parois sont ornées d’étranges symboles, mais ils sont une piètre consolation quand vos os sont éreintés, quand la vie vous a éconduit ou quand, le soir, votre tasse de café est la seule chose qui vous réchauffe les mains."
Mon avis :
Dans ce roman faisant suite à Les poissons n’ont pas de pieds, nous retrouvons Ari, de retour à
Keflavik après des années d’absence. Alors qu’il traverse une période compliquée,
il s’apprête à retrouver son père avec qui il entretient une relation tendue.
Le narrateur est son cousin, observateur discret des drames de la vie d’Ari. Il
raconte leur passé et quelques événements qui ont bouleversé leurs vies. Parallèlement,
Stefansson revient en arrière, pour nous parler de Margret, la grand-mère d’Ari
alors jeune mère de famille.
Comme à son ordinaire donc, Stefansson promène son lecteur d’une
époque à l’autre, le destin des uns influant sur celui de leurs descendants des
décennies plus tard. C’est ce qui fait son charme, tout autant que cette plume
incomparable. Car Stefansson c’est avant tout une écriture, une atmosphère. Il
nous raconte un pays rude et austère où la vie l’est plus encore. Et pourtant
il y a de la lumière, de la beauté, de l’espoir et de l’amour. Chez Stefansson,
les marins taiseux et les femmes au foyer cachent des trésors de sensibilité. Et
la poésie est partout pour qui sait la voir.
Chaque lecture est un véritable bonheur !
Extrait :
« Donc, en fin de compte, l’amour n’a rien à voir avec
ces je t’aime à mourir, ces you’ll always be my endless love, ces tu seras toujours
mon amour infini – mais avec cet instant où quelqu’un sort dans le froid avec
une couverture et un bonnet pour qu’une autre personne puisse continuer à
contempler les étoiles… »
« Le matin se lève sur le monde. Il se lève toujours,
quelque part, la lumière ne meurt jamais, mais certains restent dans les
ténèbres, ils y disparaissent, et plus rien ne rappelle leur souvenir quand la
clarté du jour arrive, si ce n'est la douleur de leur absence. »
« ... à quoi servent les poètes s'ils ne sont pas
capables de nous aider à vivre ? »
« C'est étrange de voir qu'une main peut être à la fois
une paume et un poing. Une chose qui procure à la fois chaleur, caresses et
consolations, et qui peut aussi n'être que dureté, blesser ou commettre
l'impardonnable. Le poing, mon frère dans la boisson. »
« Les poèmes sont bien utiles, ils peuvent vous servir de
couverture quand le froid enserre le monde, ils peuvent être des grottes à
l’écart du temps, des grottes dont les parois sont ornées d’étranges symboles,
mais ils sont une piètre consolation quand vos os sont éreintés, quand la vie
vous a éconduit ou quand, le soir, votre tasse de café est la seule chose qui
vous réchauffe les mains. »
Un auteur qu'il faut que je lise, mais je ne sais pas trop par quoi commencer. Aifelle
RépondreSupprimerJe ne peux que te conseiller sa trilogie romanesque (Entre ciel et terre, La tristesse des anges, Le coeur de l'homme). Une pure merveille !
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