Auteur :
Dino Buzzati
Titre :
Le désert des
Genre :
roman
Langue
d’origine : Italien
Traductrice :
Michel Arnaud
Editeur :
Pocket
Nombre de
pages : 288p
Date de
parution : octobre 2014
Présentation de l’éditeur :
Heureux d'échapper à la monotonie de son
académie militaire, le lieutenant Drogo apprend avec joie son affectation au
fort Bastiani, une citadelle sombre et silencieuse, gardienne inutile d'une frontière
morte. Au-delà de ses murailles, s'étend un désert de pierres et de terres
desséchées, le désert des Tartares.
À quoi sert donc cette garnison immobile aux aguets d'un
ennemi qui ne se montre jamais ? Les Tartares attaqueront-ils un jour ? Drogo s'installe
alors dans une attente indéfinie, triste et oppressante. Mais rien ne se passe,
l'espérance faiblit, l'horizon reste vide. Au fils des jours, qui tous se
ressemblent, Drogo entrevoit peu à peu la terrible vérité du fort Bastiani.
Mon avis :
Certains romans nous happent dès les premières lignes. A
peine la lecture entamée et nous voilà plongés, entraînés dans l’univers de l’auteur.
Le plus souvent, il en faut un peu plus avant de se laisser embarquer dans une
histoire. Mais parfois, c’est difficile, le déclic espéré ne se produit pas et
l’on a beau essayer de s’accrocher à l’histoire rien n’y fait. Dans ces cas-là
en général, j’abandonne. Daniel Pennac l’a dit, on a le droit ! Pourtant,
j’avais tellement envie de lire ce livre dont j’ai entendu/lu tellement de
bien. Alors, je me suis accrochée et ça a été laborieux, pendant presque un
tiers du roman, puis… d’un coup, c’est arrivé ! Maintenant, je peux à mon
tour dire, comme tant d’autres avant moi : quel livre !
Attendre, attendre, attendre… A cela se résume la vie de
Drogo et des autres militaires affectés au fort Bastiani. Des journées
interminables, une routine immuable, un règlement strict et tout cela pour
garder une frontière morte, guetter une hypothétique attaque qui ne vient
jamais. Alors l’ennui forcément, l’imagination qui se met en branle et le rêve
d’une bataille, enfin ! Mais il faut encore attendre, attendre, attendre…
Les hommes ne quittent pas le désert des yeux, hypnotisés par ce morne horizon,
l’esprit enfiévré par la bataille à venir et les rêves de gloire. Attendre,
attendre, attendre… Et passent les semaines, les mois, les années… Les jeunes
et fringants officiers sont devenus vieux, mais attendent encore et toujours. Une
vie d’attente, de vaine attente, une vie qui n’aura pas été vécue.
Etonnant comme un roman dans lequel il ne se passe rien (ou
presque) peut être à ce point passionnant. Là réside le talent de l’écrivain,
qui transporte son lecteur dans ce fort loin de tout, d’étés étouffants en
hivers glacials, des murs de pierre nus et imposants, à faire face à un désert.
Comme pour Drogo et ses compagnons, l’effet hypnotique se fait sentir. Le fort
est une prison autant qu’une garnison, du désert viendra enfin l’événement qui
viendra tout changer, alors… Attendre, attendre, attendre.
Extrait :
« Hélas ! il ne ressent pas de grands changements, le temps
a fui si rapidement que son âme n'a pas réussi à vieillir. Et l'angoisse
obscure des heures qui passent a beau se faire chaque jour plus grande, Drogo
s'obstine dans l'illusion que ce qui est important n'est pas encore commencé. »
« - Un désert?
- Un désert effectivement, des pierres et de la terre desséchée, on l'appelle le désert des Tartares.
- Pourquoi "des Tartares"? demanda Drogo. Il y avait donc des Tartares?
- Autrefois, je crois. Mais c'est surtout une légende. Personne ne doit être passé par là, même durant les guerres de jadis.
- De sorte que le fort n'a jamais servi à rien?
- A rien, dit le capitaine. »
- Un désert effectivement, des pierres et de la terre desséchée, on l'appelle le désert des Tartares.
- Pourquoi "des Tartares"? demanda Drogo. Il y avait donc des Tartares?
- Autrefois, je crois. Mais c'est surtout une légende. Personne ne doit être passé par là, même durant les guerres de jadis.
- De sorte que le fort n'a jamais servi à rien?
- A rien, dit le capitaine. »
« Les murs nus et humides, le silence, la lumière
blafarde donnaient l'impression que les habitants du fort avaient tous oublié
que, quelque part dans le monde, il existait des fleurs, des femmes rieuses,
des maisons gaies et hospitalières. Tout ici était renoncement, mais au profit
de qui, de quel bien mystérieux ? »
Il m'a fallu une deuxième lecture pour être enthousiaste au point de dire chef d'oeuvre et coup de coeur!
RépondreSupprimerChef d’œuvre oui ! Coup de cœur oui !
SupprimerJe le pense, oui, que c'est un chef d'oeuvre. Une lecture que je reprends souvent.
RépondreSupprimerUn univers complètement à part.
RépondreSupprimerUn livre où il ne se passe pas grand-chose, mais qu’on ne lâche pas. Un chef-d’œuvre, sans aucun doute. Je l’ai lu, il y a trop longtemps pour pouvoir en rédiger une chronique pertinente, mais votre chronique correspond à mon souvenir. Je vais donc faire un lien vers la vôtre dans mon récapitulatif des livres qu’il faut lire absolument. Je vous dirai quand cette page sur laquelle je travaille actuellement sera en ligne. Je ne demande pas de lien en retour.
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