samedi 18 avril 2020

La croisière du Snark - Jack London

Par Ariane


Auteur : Jack London

Titre : La croisière du Snark  

Genre : récit de voyage

Langue d’origine : anglais

Traducteur : Noël Martin

Editeur : Libretto

Nombre de pages : 288p

Date de parution : décembre 2016

Mon avis :

Après Bill Bryson, je retrouve à nouveau un auteur chouchou, pour une autre sorte de voyage.

Décidée sur un coup de tête, l’expédition du Snark aura nécessité de longs préparatifs. A commencer par la construction du bateau lui-même, chantier interminable et gouffre financier. Le voilier finit par quitter le port de San Francisco en avril 1907 avec à son bord Jack London, sa femme Charmian et un équipage réduit, pour une croisière censée durer 7 ans. Hawai’i, les îles Marquises, Tahiti, les Samoa, les Fidji, les îles Salomon et finalement l’Australie. Le voyage n’aura finalement duré que 18 mois.

Jack London nous raconte cette aventure exceptionnelle, il nous fait partager ses rêves et ses désillusions, partage ses observations et ses réflexions, nous raconte son quotidien sur le voilier, mélange d’ennui et de bonheur. Et ces longues périodes de solitude sur un bateau résonnent particulièrement en ce moment…

Pour les lecteurs de l’époque, la lecture de ces chroniques apportait un dépaysement inattendu, la découverte d’un monde quasi inconnu et enchanteur. Pour le lecteur d’aujourd’hui, il y a beaucoup de nostalgie. Les îles paradisiaques que nous décrit London sont devenues des stations balnéaires géantes, la douceur de vivre et la simplicité qu’il raconte sont de lointains souvenirs…

Marin et voyageur dans l’âme, mais sans réelle expérience de la navigation, London dut affronter de nombreuses difficultés. Il fit des erreurs, mais réussit à apprendre la science complexe de la navigation par lui-même.

Loin de se prélasser pendant ces 18 mois de croisière, Jack London ne cessa jamais de travailler et écrivit plusieurs romans et nouvelles, dont son chef d’œuvre Martin Eden.

On dit souvent que le personnage de Martin Eden ressemble énormément à Jack London. Plus je lis ses récits, plus je comprends cette affirmation. Il y a chez l’un comme chez l’autre une grande intelligence, une volonté d’indépendance farouche, un esprit curieux et ouvert, une formidable capacité d’apprentissage et d’analyse, de l’arrogance,… Cela se ressentait déjà dans Le peuple de l’abîme, encore plus ici.

J’ai beaucoup aimé suivre Jack London dans cette croisière, même si certains passages consacrés à la navigation sont restés totalement abscons pour moi !



Extrait :

« Brusquement la terre, véritable symphonie en vert aux mille nuances, se referma sur le Snark. Pas de passage dangereux ni d'écueils, plus de mer d'émeraude et d'azur : notre bateau venait de pénétrer d'un seul coup dans la passe et se trouvait maintenant au centre d'un lagon immobile. Sur de minuscules grèves, de jeunes enfants à la peau bronzée nageaient. La mer avait disparu à notre vue. La chaîne d'ancre grinçait dans l’écubier et nous demeurâmes debout sur le pont sans broncher. La scène parut si féerique que nous ne pouvions en croire nos yeux. Cet endroit, figurant sur la carte sous le nom de Pearl Harbour, fut baptisé ensuite par nous Dream Harbour, le port de nos rêves. »


« Nos amis ont bien du mal à comprendre pourquoi nous nous lançons dans ce voyage. Nous les voyons chuchoter, grommeler et lever les bras au ciel. Toutes nos explications ne parviennent pas à leur faire comprendre qu'en réalité nous nous laissons aller au moindre effort, qu'il est plus facile pour nous de prendre la mer à bord d'un petit voilier que de demeurer à terre, tout comme il est plus facile pour eux de rester à terre que de se risquer en mer. Cet état d'esprit provient d'une emprise exagérée de leur ego. Il leur est impossible de sortir de leurs schémas. Ils ne parviennent pas à concevoir que la loi du moindre effort des uns ne soit pas celle des autres. Ils font de l'ensemble de leurs désirs, de leurs affections, de leurs répulsions une mesure étalon à partir de laquelle ils entendent estimer les désirs, les affections et les répulsions du reste du monde.[…] Le mot de la fin est : J’AIME ÇA ! »


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