mardi 25 mai 2021

A la folie - Joy Sorman

Par Ariane

Auteur : Joy Sorman

Titre : A la folie

Genre : document

Langue d’origine : français

Editeur : Flammarion

Nombre de pages : 288p

Date de parution : février 2021

 

Mon avis :

Ils s’appellent Maria, Franck, Adrienne, Barnabé, Robert, Jessica, Youcef, Sarah… Ils sont fous, aide-soignante, médecin ou infirmier. Pendant un an, Joy Sorman est partie à leur rencontre. Une immersion sans intervention, anthropologue d’un milieu fermé, effrayant et mystérieux pour la plupart des gens.

Une année d’observation qu’elle restitue en de courts portraits dans lesquels elle raconte les parcours de vie, le quotidien de l’hôpital, retranscrit les propos de ses interlocuteurs. Cette enquête et l’ouvrage qui en ressort sont l’occasion de mettre en avant les difficultés particulières de cet univers. La déshumanisation croissante de la relation soignant-soigné par des procédures toujours plus rigides et informatisées, le manque de moyens, de personnel, de réponse adaptée.

Au-delà de ces réflexions circonstancielles, Joy Sorman s’interroge plus généralement sur la folie, la place des fous dans la société, le rôle de l’hôpital psychiatrique. L’hôpital psychiatrique est un établissement particulier, à la fois lieu de soin et lieu d’enfermement. Affaires personnelles confisquées à leur arrivée, promenades sous surveillance et à heures fixes, sorties autorisées ou refusées, punitions (thérapeutiques ou non)… Quelle différence entre les malades mentaux et les prisonniers ? Peu assurément…

Malgré cela, Joy Sorman nous présente un lieu bruissant d’humanité, dans ce qu’elle peut connaître de plus beau (amitié, solidarité, joie) ou de pire (colère, violence, humiliation), et ce qu’elle nous dévoile n’est que le portrait de notre société.

J’ai passé un excellent moment en compagnie de Joy Sorman, des patients et du personnel du pavillon 4B. Le regard bienveillant de l’autrice, empathique mais sans complaisance, son écriture fluide et respectueuse des propos de ses interlocuteurs, m’ont aidée à me sentir bien aux côtés de ces inconnus, ceux dont on a l’habitude de détourner le regard. C’était passionnant.

 

Extraits :

« Certains disent de Franck et de tous les autres qu’ils perdent le réel, qu’ils perdent le contact, quand c’est l’inverse. Il y a plutôt excès de réel, ils en crèvent de ce réel trop proche, trop grand, qui leur colle aux basques et au cerveau. »

« On internera plus volontiers un homme qui hurle dans la rue et brise un Abribus à coups de barre de fer que celui qui parle à voix basse aux arbres, même si ce dernier souffre peut-être davantage. »

« Bien sûr celui qui est hospitalisé d’office est toujours reconnu malade, sinon c’est en garde à vue qu’on le conduirait ; il n’en reste pas moins qu’il est privé de liberté et de tout recours préalable, il ne saurait appeler un avocat pour se défendre car il n’est pas accusé, il ne saurait nier car in ne lui reproche rien, il ne saurait compter les jours qu’il lui reste à tirer car aucune sentence n’a été prononcée – le juge fixe une peine, convertie en durée de détention, quand le psychiatre ne peut jamais prévoir le temps qu’il faudra pour guérir. J’entre ici pour un mois ou pour un an ? »

« En entretien, la psychiatre lui reproche de fuir la réalité et Pauline, avec aplomb, sans hésiter : vous avez vu la gueule de la réalité docteur, ça donne pas envie. »

 


 

4 commentaires:

  1. Un univers qui ne me dit rien qui vaille, mais tu as aimé, alors pourquoi pas.

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  2. Un document sans doute intéressant, mais...

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    1. C'est vrai que le sujet est un peu inquiétant mais justement elle apporte beaucoup d'humanité et d'empathie.

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