Par Daphné
Autrice : Kim Thuy
Titre : Em
Genre : roman
Langue d’origine : français (Quebec)
Editeur : Liana Levi
Nombre de pages : 160
Date de parution : 2021
Résumé de l'éditeur :
Au Vietnam, le mot em sert à dire sa tendresse, sa délicate attention pour l’autre, plus jeune ou plus âgé. Dans un square de Saigon, sous un banc, un bébé a été abandonné. Louis, orphelin métis, de quelques années son aîné, le couche dans une grande boîte en carton. Il l’appelle Em Hong, « petite sœur » Hong. Louis prendra soin d’elle jusqu’à ce qu’ils soient séparés, lors de l’opération Babylift, au printemps 1975, qui évacue peu avant la chute de la ville les orphelins de guerre et enfants nés de GI’s. Sans le savoir, ils auront des vies parallèles, celles d’enfants américains adoptés. Ils ignorent ce que leur existence doit à la multitude de destins brutalisés avant eux dans le long conflit vietnamien. Em, c’est le fil qui relie les ouvriers des plantations de caoutchouc en Indochine aux femmes des premiers salons de manucure en Amérique du Nord. Ce sont les liens d’amour et de haine entre les vies brisées de la « guerre américaine ».
Dans ce roman, Kim Thúy noue des histoires vraies, pleines d’images fortes, méconnues ou aussi célèbres que la photo prise à My Lai. Sa prose lyrique et sobre nous embarque dans une traversée bouleversante de l’Histoire.
Mon avis :
Voici un livre court, 160 pages à peine et pourtant tellement de choses sont dites à travers ces 160 pages. C'est un livre qui dit l'horreur de la guerre, qui dit l'exploitation, les massacres, l'empoisonnement des populations aux herbicides défoliants, le déracinement... C'est aussi un livre qui dit l'espoir, le sauvetage des enfants et tous ces gens mobilisés autour d'eux dans l'unique but de les sauver et de leur offrir un avenir, un livre qui dit l'amour et la résilience. Oui, il dit tout cela, ce livre, en seulement 160 pages.
Il dit tout cela d'une écriture parfois marquées de touches de poésie, une écriture qui survole seulement les évènements, ne s'attardant réellement sur aucun d'entre eux et qui pourtant les rend on ne peut plus marquants, on en peut plus réels aux yeux du lecteur. C'est un livre décousu, un fil dont l'autrice dit elle-même qu'elle a cherché à en tisser les fils sans y parvenir, un livre dont la construction ressemble à un château de sable rongé par la marée : on n'en a que quelques grains avant qu'une vague ne vienne l'effacer à demi. Un livre dont il est difficile de comprendre la trame et pourtant, on y parvient, peu à peu, on y découvre tant et pourtant si peu.
Une chose est sûre : l'émotion est là. Une émotion qui m'a saisie devant la narration de tant d'horreurs, la narration de l'indescriptible, l'émotion devant tant de violences et de douleur mais aussi l'émotion devant ces mains tendues vers les autres, cet enfant s'occupant tendrement d'un bébé croisant son chemin, cet amour qui côtoie les choses les plus affreuses, et qui pourtant est là, bien là.
Un livre court, un livre décousu, un livre très rude pourtant parfois teinté de douceur, un livre percutant, de ceux qu'on n'oublie pas.
Extrait :
« Le mot « em » existe en premier lieu pour désigner le petit frère ou la petite sœur dans une famille ; ou le plus jeune, ou la plus jeune, de deux ami(e)s ; ou la femme dans un couple.J’aime croire que le mot « em » est l’homonyme du verbe « aimer » en français, à l’impératif : aime. Aime. Aimons. Aimez »
Je l'ai noté depuis un bon moment ; il faudrait que je pense à l'emprunter à la bibli.
RépondreSupprimeril est à lire, vraiment.
SupprimerDaphné
Un titre à double sens, donc.
RépondreSupprimerA double sens, en effet...
SupprimerDaphné