jeudi 28 mai 2015

Blond cendré - Eric Paradisi

Par Daphné


















Auteur :Eric Paradisi
Titre : Blond cendré
Genre : roman
Langue d’origine : français
Éditeur : JC Lattès
Nombre de pages : 249
Date de parution : 2014

Résumé de l'éditeur:

Alba et Maurizio se rencontrent à Rome pendant la guerre. Elle transmet les messages de la Résistance, il est coiffeur dans le ghetto. Déporté à Auschwitz, Maurizio survit en devenant le barbier de sa baraque, sans jamais renoncer au souvenir d’Alba, à la délicatesse de son visage dessiné sur du papier volé. 
Ce portrait, comme sa souffrance, Maurizio l’a confié à sa petite-fille. 
Des années plus tard, au cours d’une interminable nuit, elle raconte à l’homme qu’elle aime cette histoire qui est son héritage. Mais à mesure que la nuit avance, le drame resurgit…

Mon avis:

Voici un livre au goût de cendre, au parfum de cendre, à l'odeur de cendre...Les cheveux blond cendré d'Alba, les cendres des cheminées d'Auschwitz, les cendres qui resurgissent, des années plus tard, dans l'histoire de Flor, la petite fille de Maurizio.

Flor est la seule narratrice de ce roman et c'est pourtant un roman à deux voix: la voix d'une petite-fille racontant l'histoire de son grand-père et la voix de cette même personne, s'adressant à l'homme qu'elle aime dans une longue litanie, un chant dans lequel elle lui souffle son amour. C'est à cet homme également qu'elle raconte l'histoire de Maurizio. Deux voix, deux histoires, qui se rejoignent, s'entremêlent et n'en font plus qu'une dans un curieux concours de circonstances qu'on pourrait peut être nommer la fatalité. Fatalité, coïncidence ou étrangeté intergénérationnelle...

Deux histoires, donc, composent ce roman. L'histoire de Maurizio, son amour pour Alba, sa déportation, la manière dont il survit à Auschwitz, sa vie après la guerre, après l'horreur...Ces chapitres consacrés à Maurizio sont durs, très durs. Rien ne nous est épargné de la vie - si tant est qu'on puisse utiliser le mot "vie"- à Auschwitz. C'est l'horreur, l'inhumain, qui nous est décrit à travers les yeux de Maurizio. 

L'histoire de Flor, cette longue litanie adressée à l'homme qu'elle aime, j'ai mis quelques chapitres avant de la comprendre. Je me suis demandé un moment où elle voulait en venir même si j'ai compris ce qu'il en était avant qu'elle ne nous le révèle clairement. Ce long chant d'amour donne un ton étrange au roman. Ces mots que Flor adresse à l'homme qu'elle aime sont à la fois poétiques et "détachés". Malgré l'amour que l'on sent dans ces mots, il y a comme une distance, distance que l'on finit par comprendre au fil des pages.

Vie et mort se côtoient ici, se mêlant l'une à l'autre. La vie, tout comme la mort, sont ici représentées par les cendres. Les cendres meurtrières du feu, des cheminées mais également les cendres de l'amour. L'amour est présent tout au long de ce roman. amour fort, puissant, intense. L'amour qui permet de vivre, l'amour, étincelle d'humanité dans l'horreur:  "Si les morts parlent aux vivants, c'est pour leur apprendre comment vivre et ne se souvenir que de l'amour."

"Blond cendré" est un livre intense, à la fois très dur et plein de sensibilité. Un livre qui ne laisse pas indifférent.


Extrait:

 «  À Auschwitz il n'y avait qu'une seule couleur, murmura-t-il, celle de la cendre. » Le peintre le considéra avec émotion, puis lui dit avec douceur : « Chaque homme a le droit à une couleur, celle de sa liberté, il existe une infinie de couleurs pour chacun d'entre nous. Un jour, tu trouveras la tienne... » »




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