Auteur :
Laurent Binet
Titre :
HHhH
Genre :
roman
Langue
d’origine : français
Editeur :
Grasset
Nombre de
pages : 448p
Date de
parution : janvier 2010
Présentation de l’éditeur :
Deux parachutistes tchécoslovaques envoyés par Londres sont
chargés d’assassiner Reinhard Heydrich, chef de la Gestapo, chef des services
secrets nazis, planificateur de la solution finale, protecteur de
Bohème-Moravie, surnommé « le bourreau », « la bête blonde », « l’homme le plus
dangereux du IIIe Reich ». Après des mois de préparation, il est finalement
abattu dans sa Mercedes. Il s’ensuit une folle traque qui se termine dans une
église du centre de Prague. HHhH est un acronyme inventé par les SS qui signifie
en allemand : « le cerveau d’Himmler s’appelle Heydrich » (Himmlers Hirn heisst
Heydrich). L’essentiel de l’histoire se situe entre 1938 et 1942. Le récit est
structuré comme un entonnoir : des chapitres courts relatent différents
épisodes en divers lieux et à diverses époques, qui tous convergent vers Prague
où s’est déroulé l’attentat. Tous les personnages de ce livre ont réellement
existé ou existent encore. L’auteur a rapporté les faits le plus fidèlement
possible mais a dû résister à la tentation de romancer. Comment raconter
l’Histoire ? Cette question conduit parfois l’auteur à se mettre en scène pour
rendre compte de ses conditions d’écriture, de ses recherches, de ses
hésitations. La vérité historique se révèle à la fois une obsession névrotique
et une quête sans fin.
Mon avis :
Voilà un livre dont on ne sort pas indemne ! Au départ
j’ai eu du mal. Du mal à accrocher au style de l’auteur déjà. Car ce n’est pas
vraiment un roman. Laurent Binet ne se pose pas en narrateur omniscient nous
racontant tous les détails de l’opération « anthropoid ». Il mêle
passé et présent, l’histoire et ses recherches. Nous suivons ainsi son travail
presque au jour le jour. Laurent Binet répugne à décrire des scènes ou à
retranscrire des dialogues sans savoir s’ils ont réellement eu lieu. Est-ce
alors réellement un roman ? N’est-ce pas plutôt un essai ?
Il s’interroge vraiment sur les procédés à utiliser pour
raconter l’histoire, la vraie. Comment ne pas transformer les personnes en
personnages ? D’autant plus difficile quand on ne sait pas grand-chose à
leur sujet, quand il n’y a pas de témoins pour décrire ce qui a été dit, ce qui
a été fait, ce qui a été pensé ou ressenti.
J’ai hésité à abandonner ce livre, j’étais déconcertée par
le style original de l’auteur. Mais je me suis accrochée et j’ai bien fait. Une
fois habituée à cette écriture j’ai pu réellement apprécier cette histoire dont
je ne savais pas grand-chose. Je me souvenais vaguement de l’attentat d’Heydrich
comme une simple date dans la chronologie de ces terribles années, j’avais
entendu parler du village de Lidice, mais je n’en savais pas beaucoup plus.
Laurent Binet rend un hommage formidable à des héros méconnus, pas seulement
les auteurs de l’attentat Gabčík et Kubiš, mais aussi à tous ceux qui les ont aidés et l’ont
souvent payé de leur vie.
J’ai été aussi surprise par le parti pris de Laurent Binet
de ne faire apparaître que tardivement les deux protagonistes principaux de l’attentat.
La plus grande partie du livre étant consacrée à Heydrich lui-même. Un
personnage aussi fascinant qu’horrifiant « d’un point de vue littéraire, Heydrich est un beau personnage. C’est
comme si un docteur Frankenstein romancer avait accouché d’une créature
terrifiante à partir des plus grands monstres de la littérature. Sauf qu’Heydrich
n’est pas un monstre de papier. ».
J’ai découvert grâce à Laurent Binet un pan passionnant de
cette période. Je connaissais relativement bien les évènements de cette période
en France ou sur les différents fronts, et dans les camps évidemment. Mais jamais
je ne m’étais réellement intéressée à la façon dont les populations des autres
pays européens avaient vécu la guerre. Laurent Binet nous rapporte la petite et
la grande histoire des Tchèques et des Slovaques.
Jan Kubiš , Jozef Gabčík et Josef Valčík
Extrait :
« Ceux qui sont morts sont morts, et il leur
est bien égal qu’on leur rende hommage. Mais c’est pour nous, les vivants, que
cela signifie quelque chose. La mémoire n’est d’aucune utilité à ceux qu’elle
honore, mais elle sert celui qui s’en sert. Avec elle je me construis, et avec
elle je me console. »
J'ai adoré ce livre :) !
RépondreSupprimerUne excellente lecture pour moi aussi.
SupprimerAriane
En voilà encore un que je lirais bien.
RépondreSupprimerDaphné
C'est un livre passionnant.
SupprimerAriane
J'attends ce livre voyageur depuis quelques mois déjà… j'ai hâte de pouvoir le lire.
RépondreSupprimerJ'hésite toujours à abandonner un livre… ce coup ci tu as bien fait de persévérer :-)
Il faut parfois persévérer. En l’occurrence j'ai bien fait.
SupprimerAriane
C'est un thème qui m'intéresse, mais le style de l'auteur me retient, encore plus avec ce que tu en dis.
RépondreSupprimerLe style est assez particulier c'est vrai. Mais si l'on arrête de penser ce livre comme un roman c'est plus facile.
SupprimerAriane
Un livre qui a l'air exigeant mais qui visiblement t'a plus. Je ne connais ce personnage que de nom, j'avoue que cette période est dure à lire pour moi. J'aime bien l'idée de personne plutôt que personnage...
RépondreSupprimerJ'ai aimé la façon de Laurent Binet de présenter ces personnes et de traiter la période.
SupprimerAriane