mardi 5 mai 2015

HHhH - Laurent Binet

Par Ariane




Auteur : Laurent Binet

Titre : HHhH

Genre : roman

Langue d’origine : français

Editeur : Grasset

Nombre de pages : 448p

Date de parution : janvier 2010

Présentation de l’éditeur :

Deux parachutistes tchécoslovaques envoyés par Londres sont chargés d’assassiner Reinhard Heydrich, chef de la Gestapo, chef des services secrets nazis, planificateur de la solution finale, protecteur de Bohème-Moravie, surnommé « le bourreau », « la bête blonde », « l’homme le plus dangereux du IIIe Reich ». Après des mois de préparation, il est finalement abattu dans sa Mercedes. Il s’ensuit une folle traque qui se termine dans une église du centre de Prague. HHhH est un acronyme inventé par les SS qui signifie en allemand : « le cerveau d’Himmler s’appelle Heydrich » (Himmlers Hirn heisst Heydrich). L’essentiel de l’histoire se situe entre 1938 et 1942. Le récit est structuré comme un entonnoir : des chapitres courts relatent différents épisodes en divers lieux et à diverses époques, qui tous convergent vers Prague où s’est déroulé l’attentat. Tous les personnages de ce livre ont réellement existé ou existent encore. L’auteur a rapporté les faits le plus fidèlement possible mais a dû résister à la tentation de romancer. Comment raconter l’Histoire ? Cette question conduit parfois l’auteur à se mettre en scène pour rendre compte de ses conditions d’écriture, de ses recherches, de ses hésitations. La vérité historique se révèle à la fois une obsession névrotique et une quête sans fin.


Mon avis :

Voilà un livre dont on ne sort pas indemne ! Au départ j’ai eu du mal. Du mal à accrocher au style de l’auteur déjà. Car ce n’est pas vraiment un roman. Laurent Binet ne se pose pas en narrateur omniscient nous racontant tous les détails de l’opération « anthropoid ». Il mêle passé et présent, l’histoire et ses recherches. Nous suivons ainsi son travail presque au jour le jour. Laurent Binet répugne à décrire des scènes ou à retranscrire des dialogues sans savoir s’ils ont réellement eu lieu. Est-ce alors réellement un roman ? N’est-ce pas plutôt un essai ?

Il s’interroge vraiment sur les procédés à utiliser pour raconter l’histoire, la vraie. Comment ne pas transformer les personnes en personnages ? D’autant plus difficile quand on ne sait pas grand-chose à leur sujet, quand il n’y a pas de témoins pour décrire ce qui a été dit, ce qui a été fait, ce qui a été pensé ou ressenti.

J’ai hésité à abandonner ce livre, j’étais déconcertée par le style original de l’auteur. Mais je me suis accrochée et j’ai bien fait. Une fois habituée à cette écriture j’ai pu réellement apprécier cette histoire dont je ne savais pas grand-chose. Je me souvenais vaguement de l’attentat d’Heydrich comme une simple date dans la chronologie de ces terribles années, j’avais entendu parler du village de Lidice, mais je n’en savais pas beaucoup plus. Laurent Binet rend un hommage formidable à des héros méconnus, pas seulement les auteurs de l’attentat Gabčík et Kubiš, mais  aussi à tous ceux qui les ont aidés et l’ont souvent payé de leur vie.

J’ai été aussi surprise par le parti pris de Laurent Binet de ne faire apparaître que tardivement les deux protagonistes principaux de l’attentat. La plus grande partie du livre étant consacrée à Heydrich lui-même. Un personnage aussi fascinant qu’horrifiant « d’un point de vue littéraire, Heydrich est un beau personnage. C’est comme si un docteur Frankenstein romancer avait accouché d’une créature terrifiante à partir des plus grands monstres de la littérature. Sauf qu’Heydrich n’est pas un monstre de papier. ».

J’ai découvert grâce à Laurent Binet un pan passionnant de cette période. Je connaissais relativement bien les évènements de cette période en France ou sur les différents fronts, et dans les camps évidemment. Mais jamais je ne m’étais réellement intéressée à la façon dont les populations des autres pays européens avaient vécu la guerre. Laurent Binet nous rapporte la petite et la grande histoire des Tchèques et des Slovaques.

Au final, c’est un véritable coup de cœur pour cette lecture passionnante et instructive. 



Jan Kubiš , Jozef Gabčík et Josef Valčík


Extrait :

 « Ceux qui sont morts sont morts, et il leur est bien égal qu’on leur rende hommage. Mais c’est pour nous, les vivants, que cela signifie quelque chose. La mémoire n’est d’aucune utilité à ceux qu’elle honore, mais elle sert celui qui s’en sert. Avec elle je me construis, et avec elle je me console. »

« L’Histoire, cette fatalité en marche, ne s’arrête jamais. »

L'avis de Mimi, Galéa,

10 commentaires:

  1. En voilà encore un que je lirais bien.
    Daphné

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  2. J'attends ce livre voyageur depuis quelques mois déjà… j'ai hâte de pouvoir le lire.

    J'hésite toujours à abandonner un livre… ce coup ci tu as bien fait de persévérer :-)

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    1. Il faut parfois persévérer. En l’occurrence j'ai bien fait.
      Ariane

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  3. C'est un thème qui m'intéresse, mais le style de l'auteur me retient, encore plus avec ce que tu en dis.

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    1. Le style est assez particulier c'est vrai. Mais si l'on arrête de penser ce livre comme un roman c'est plus facile.
      Ariane

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  4. Un livre qui a l'air exigeant mais qui visiblement t'a plus. Je ne connais ce personnage que de nom, j'avoue que cette période est dure à lire pour moi. J'aime bien l'idée de personne plutôt que personnage...

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    1. J'ai aimé la façon de Laurent Binet de présenter ces personnes et de traiter la période.
      Ariane

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