Prix Goncourt
du premier roman 2014
Prix François
Mauriac 2014
Prix des
cinq continents de la francophonie 2014
Auteur :
Kamel Daoud
Titre :
Meursault, contre-enquête
Genre :
roman
Langue
d’origine : français
Editeur :
Actes sud
Nombre de
pages : 160p
Date de
parution : mai 2014
Présentation de l’éditeur :
Il est le frère de “l’Arabe” tué par un certain Meursault
dont le crime est relaté dans un célèbre roman du xxe siècle. Soixante-dix ans
après les faits, Haroun, qui depuis l’enfance a vécu dans l’ombre et le
souvenir de l’absent, ne se résigne pas à laisser celui-ci dans l’anonymat : il
redonne un nom et une histoire à Moussa, mort par hasard sur une plage trop
ensoleillée.
Haroun est un vieil homme tourmenté par la frustration. Soir après soir, dans un bar d’Oran, il rumine sa solitude, sa colère contre les hommes qui ont tant besoin d’un dieu, son désarroi face à un pays qui l’a déçu. Étranger parmi les siens, il voudrait mourir enfin…
Hommage en forme de contrepoint rendu à L’Étranger d’Albert Camus, Meursault, contre-enquête joue vertigineusement des doubles et des faux-semblants pour évoquer la question de l’identité. En appliquant cette réflexion à l’Algérie contemporaine, Kamel Daoud, connu pour ses articles polémiques, choisit cette fois la littérature pour traduire la complexité des héritages qui conditionnent le présent.
Haroun est un vieil homme tourmenté par la frustration. Soir après soir, dans un bar d’Oran, il rumine sa solitude, sa colère contre les hommes qui ont tant besoin d’un dieu, son désarroi face à un pays qui l’a déçu. Étranger parmi les siens, il voudrait mourir enfin…
Hommage en forme de contrepoint rendu à L’Étranger d’Albert Camus, Meursault, contre-enquête joue vertigineusement des doubles et des faux-semblants pour évoquer la question de l’identité. En appliquant cette réflexion à l’Algérie contemporaine, Kamel Daoud, connu pour ses articles polémiques, choisit cette fois la littérature pour traduire la complexité des héritages qui conditionnent le présent.
Mon avis :
Dans un bar d’Oran, un vieil homme, Haroun, adresse à son
interlocuteur un long monologue. Il est le frère de « l’arabe » tué sur une plage d’Alger en 1942 par Meursault. Kamel
Daoud offre une identité et une histoire à celui qui en a été privé. J’ai
trouvé particulièrement intéressante cette approche.
Kamel Daoud s’amuse à brouiller les frontières entre fiction
et réalité. Car ici ce n’est pas Camus qui a écrit le livre, mais Meursault
lui-même qui raconte son histoire et son crime dans un livre intitulé L’Autre. Mes souvenirs de l’œuvre de
Camus sont peu nombreux, mais cela m’a suffit à repérer certains parallèles
entre le roman de Camus et celui de Daoud. La première phrase par exemple « Aujourd’hui, M’ma est toujours vivante. »
résonne comme un écho à la célèbre phrase « Aujourd’hui, Maman est morte. » Des parallèles aussi entre le
destin de Meursault et celui d’Haroun. C’est un jeu de miroirs qui peut amuser
les connaisseurs de l’œuvre de Camus.
Kamel Daoud pose ici la question du poids du passé sur la
vie d’un homme. Le meurtre de Moussa pose une marque indélébile sur la vie d’Haroun.
Celui-ci portera le poids de la disparition de son frère, le poids du meurtre
et de l’injustice. Mais à travers eux, s’incarnent les blessures causées par la
colonisation.
Un unique petit regret : j’aurai aimé en savoir plus
sur Moussa lui-même car le récit est centré sur Haroun le frère. Finalement,
dans ce roman aussi Moussa n’est qu’un personnage secondaire, qui s’il a
retrouvé son nom est toujours privé de parole.
Haroun est un personnage intéressant. Marqué par la mort de
son frère, il devient lui aussi un assassin. Peut-être pour rétablir un certain
équilibre, il tue un français. Haroun est un vieil homme qui observe aussi avec
circonspection les changements survenus dans son pays. Les espoirs nés suite à
la Libération se sont effondrés. Haroun semble se tenir à distance de tout ce
qui l’entoure. Et aussi de ceux qui l’entourent. Finalement, c’est lui l’étranger.
Mais quelle belle écriture ! L’on ressent pleinement la
colère larvée d’Haroun, la frustration, l’aigreur. Mais en même temps, Kamel
Daoud parvient à y glisser une certaine légèreté, et même de la poésie.
J’ai lu l’œuvre de Camus au lycée mais je n’avais pas vraiment
apprécié, mais Kamel Daoud m’a donné envie de redécouvrir cette œuvre. Un prix
Goncourt du premier roman amplement mérité pour cette œuvre audacieuse.
Extrait :
« Il y a toujours
un autre, mon vieux. En amour, en amitié, ou même dans un train, un autre,
assis en face de vous et qui vous fixe, ou vous tourne le dos et creuse les
perspectives de votre solitude. »
J'ai partagé cette lecture avec Jostein
Lu dans le cadre du challenge tour du monde
L'avis de Jostein, Jérôme, Professeur Platypus, Hélène,
J'aime l'idée de départ du livre mais il faudrait que je relise Camus d'abord car mes souvenirs de l'Etranger sont un peu lointains.
RépondreSupprimerJ'ai décidé de le relire car mes souvenirs étaient aussi assez lointains.
SupprimerAriane
Oui, un excellent roman ! Tout en finesse et plein d'intelligence.
RépondreSupprimerTout à fait.
SupprimerAriane
J'ai adoré L’étranger que j'ai lu il y a quelques mois, alors j'ai hâte de découvrir cette "suite". Merci pour cette belle critique.
RépondreSupprimerMerci ;-) J'espère qu'il te plaira.
SupprimerAriane
Tu as raison, on ne parle pas assez de la vie de Moussa. Peut-être parce que Haroun n'avait que sept ans quand son frère est mort.
RépondreSupprimerje me suis sentie un peu mal à l'aise face à cette colère mais le style est remarquable et les effets miroir et autres références montrent une grande connaissance de l’œuvre de Camus. merci de m'avoir accompagnée.
Ce fut un plaisir.
SupprimerJ'ai été déroutée par cette quasi absence du personnage de Moussa car ce n'est pas ce à quoi je m'attendais en démarrant ma lecture.
Ariane
oh oui une écrituer enchanteresse ! j'ai beaucoup aimé !
RépondreSupprimerUn auteur à suivre !
SupprimerAriane