Les fondamentaux de l'aide à la personnes revus et corrigés - Jonathan Evison

Par Daphné

Auteur : jonathan Evison
Titre : Les fondamentaux de l'aide à la personnes revus et corrigés
Langue d'origine : anglais
Traductrice: Marie-Odile Fortier- Masec
Editeur : Monsieur Toussaint Louverture
Nombre de pages : 351

Résumé de l'éditeur:

Quand on fait de la fuite un mode de vie, il n'y a que deux questions qui comptent: Où se terrer? Et, plus important encore, avec qui?

Ex-père au foyer en plein divorce, hanté par un passé aussi lourd à porter que son nom, Benjamin Benjamin se retrouve du jour au lendemain aide-soignant. En charge de Trev, un adolescent à l'imagination débridée cloué dans un fauteuil roulant, il plonge tête la première dans les joies du soin à domicile.

La réunion de ces deux êtres cabossés par l'existence, commentateurs assermentés des formes de Miss Météo, passionnés de musée de la Mortadelle et de dahus empaillés, ne pouvait les mener qu'à une seule chose: envoyer un jour ou l'autre tout balader. Préférant la route des grands espaces à la routine des petites galères, ils embarquent à bord d'un minibus, en quête des sites touristiques les plus saugrenus du pays. Sur le chemin, ils rencontreront Dot, jeune punkette révoltée, Peaches et son doux sourire, Elton et son idée de génie, mais aussi un espion, un yéti et une marmotte sodomite.

Avec Les Fondamentaux de l'aide à la personne revus et corrigés, Jonathan Evison a façonné un récit drôle et doux-amer, qui ne se laisse aller ni à la condescendance ni à l'apitoiement. Un roman qui examine avec attention ce que cela coûte et ce que cela apporte de prendre soin des autres. Débordant d'émotions, ce livre nous montre d'une façon désarmante comment tout accepter de la vie, ses moments les plus terribles comme ses instants les plus lumineux.

Mon avis :

Au vu de la couverture de ce livre, je me suis d'abord attendue à une lecture plutôt légère. Après quelques chapitres et en relisant le résumé, je me suis dis que ça ne l'était peut -être pas tant que ça...

Benjamin Benjamin (si, si, c'est bien son nom!) se retrouve auxiliaire de vie après plusieurs années sans travailler. Il traîne derrière lui un passé très douloureux que l'on découvre peu à peu au fil des pages. Benjamin n'a plus  aucune perspective d'avenir, il a tout perdu et pense n'avoir plus rien à donner. Et pourtant, en rencontrant Trev, jeune homme atteint de la maladie de Duchenne, il se rendra compte qu'il a encore des choses à vivre et à offrir. Entre Benjamin dont la vie a volé en éclats, et  Trev à qui la vie glisse jour après jour entre ses doigts se nouera une véritable complicité qui donnera lieu à un voyage improbable. 

Mêlant gravité et auto-dérision, passé et présent, mort et vie, ce livre a quelque chose de très émouvant. Il nous montre ce que la vie a de plus dur mais aussi de plus beau, il nous émeut et nous fait rire à la fois. Ce livre nous parle de vies et de corps brisés mais également de tous ces petits moments de bonheur et d'espoir qui forment l'existence. 

L'histoire aborde avec douceur et ironie à la fois le service à la personne et la question du handicap. Il aborde la paternité, le sentiment de  culpabilité et les  regrets mais aussi l'amitié, les rencontres et la générosité.

L'auteur parvient avec brio à mêler la douleur et l'espoir. La manière dont le passé de Benjamin nous est dévoilée, à petites touches par de brefs retours en arrière, nous dévoilant peu à peu le drame qui a détruit sa vie est particulièrement bien faite. 

Les personnages quand à eux, tous plus attachants les uns que les autres sont remarquablement bien décrits avec leurs travers, leurs faiblesses mais aussi leurs forces. Tous au fond débordent d'humanité.

Des sujets graves servis par une écriture légère et ironique, une tendresse mêlée d'amertume, un roman à lire! un roman qui nous monter la vie dans ce qu'elle a de plus dur mais aussi de meilleur!

Extrait :

"Si vous avez de la chance, votre vie se dégradera lentement sous les effets dévastateurs de l'âge, ou finira par disparaître comme les glaciers qui ont sculpté cette terre avant que vous ne vous retrouviez là, seul, à essayer d'en déblayer les décombres. Mais si vous n'en avez pas, votre monde vous sera retiré tel un tapis sous vos pieds, et vous vous retrouverez au-dessus du vide, sans nulle part où aller et rien pour vous raccrocher à la terre ferme. D'une façon ou d'une autre, vous êtes foutu. Alors, à quoi bon vous emmerder? À quoi bon râler, suer à grosses gouttes et vous frayer un chemin à travers les larmes et les innombrables obstacles? À quoi bon aimer, rêver ou s’attacher si ce n'est que pour mieux prêter le flanc au désastre? Désormais, je ne réponds plus au chant des passereaux, je ne réponds plus à l'appel des visages souriants, des feux de cheminées, ou des endroits douillets. Aucune chance que je bâtisse d'autres nids parmi les boutons de roses. Il y a trop d'épines."