Auteur :
Bret Anthony Johnston
Titre :
Souviens-toi de moi comme ça
Genre :
roman
Langue
d’origine : anglais (américain)
Traducteur :
France Camus-Pichon
Editeur :
Albin Michel
Nombre de
pages : 448p
Date de
parution : mars 2016
Présentation de l’éditeur :
Cela fait quatre ans que le jeune Justin Campbell a disparu
sans laisser de trace. Fugue ? Kidnapping ? Accident ? C'est une
véritable tragédie pour sa famille qui, faute de certitudes, cherche des
échappatoires : sa mère s'est prise de passion pour la protection des
dauphins ; son père a une liaison ; et son frère passe ses journées à
faire du skateboard dans la piscine à sec d'un motel abandonné. Lorsqu'enfin
Justin réapparaît, loin de retrouver un équilibre, sa famille se divise
davantage, écrasée par la culpabilité et le désir de faire justice elle-même.
Avec ce premier roman prochainement adapté au cinéma, Bret Anthony Johnston s'impose comme l'un des jeunes romanciers américains les plus talentueux.
Avec ce premier roman prochainement adapté au cinéma, Bret Anthony Johnston s'impose comme l'un des jeunes romanciers américains les plus talentueux.
Mon avis :
Récemment en lisant un article d’Eva (sur Daddy love de Joyce Carol Oates, ici), je me faisais
la réflexion que si le sujet de la disparition d’un enfant était fréquemment
traité en littérature (ou au cinéma), les auteurs abordaient rarement le sujet
de l’après : lorsque l’enfant disparu retrouve sa famille après plusieurs
années. C’est ce thème qu’aborde Bret Anthony Johnston avec la famille
Campbell.
Justin, le fils aîné a disparu à l’âge de 11 ans. Pendant 4
ans sa mère, son père, son frère et son grand-père vivent avec cette absence si
pesante. Chacun d’eux a trouvé un dérivatif à sa peine, même s’ils ne font qu’au
mieux combler le temps et attendre, et espérer toujours. Jusqu’au jour où ils
reçoivent l’appel tant attendu. Justin a été retrouvé, il est vivant et va
revenir auprès d’eux. La famille doit alors tenter de se reconstruire, de revivre,
de se retrouver.
Pas de descriptions glauques des sévices infligés à Justin,
quelques mots par moments suffisent au lecteur pour imaginer ce qu’a pu subir un
jeune garçon enlevé par un pervers. Le kidnappeur n’est jamais physiquement
présent dans le récit mais son image hante les personnages assaillis par la
haine, la colère et la culpabilité. Culpabilité de se sentir responsable de la
disparition de Justin et culpabilité de ne pas avoir réussi à le retrouver
(alors qu’il était dans une ville voisine).
La joie des retrouvailles est assombrie par ces sentiments
négatifs, par la tristesse pour les années perdues, par la peur de ce que l’avenir
leur réserve. Mais également pour chacun d’entre eux, le bonheur d’être réunis.
Beaucoup d’émotions pour tous ces personnages qui suscitent l’empathie du
lecteur.
Les personnages sont très touchants. Suite à la disparition
de Justin, sa mère, son père et son frère s’étaient effacés devant l’ampleur de
leur tristesse. Laura ne prenant plus soin d’elle ni de sa maison, s’éloignant
chaque jour de ses proches pour se consacrer à un dauphin malade ; Eric
tel une ombre ne sachant trop quoi faire, passant l’essentiel de son temps
libre à afficher des avis de rechercher et tentant de trouver un illusoire
bien-être dans une liaison extra-conjugale ; Griffin, vivant dans l’ombre
du frère disparu, reprenant pour lui-même les passions de son aîné comme s’il
cherchait à le remplacer pour ses parents. Après le retour de Justin, chacun va
devoir retrouver sa place au sein de la famille et son identité propre, même si
là encore, leur monde tourne autour de Justin. Cecil le grand-père, reste
toujours un personnage bienveillant, déterminé à protéger ceux qu’il aime.
Justin en revanche, bien qu'au centre des pensées des autres protagonistes, reste très discret. Si on ne sait rien de ce qu'il a vécu auprès de son kidnappeur on en sait peu aussi sur ses pensées et sentiments. Les autres personnages gravitent autour de lui, l'observant avec joie, surprise et inquiétude. Mais lui semble se sentir en décalage de sa famille, heureux d'être rentré chez lui mais toujours perdu et seul.
Justin en revanche, bien qu'au centre des pensées des autres protagonistes, reste très discret. Si on ne sait rien de ce qu'il a vécu auprès de son kidnappeur on en sait peu aussi sur ses pensées et sentiments. Les autres personnages gravitent autour de lui, l'observant avec joie, surprise et inquiétude. Mais lui semble se sentir en décalage de sa famille, heureux d'être rentré chez lui mais toujours perdu et seul.
J’ai été très surprise par la localisation du récit. L’histoire
se déroule au Texas, mais point ici de désert et de cow-boys. La famille
Campbell vit à Southport une petite ville côtière non loin de Corpus Christi. C’est
pourtant évident lorsqu’on voit une carte des Etats-Unis mais je n’avais jamais
pris conscience qu’il y a la mer au Texas !
Il s’agit d’un premier roman de cet auteur, à suivre donc.
Extrait :
« Elle croyait que les choses seraient plus faciles. A
présent. Oui, elles devraient l’être. Avec le retour de Justin. Et le fait qu’ils
aient tous survécu à sa disparition. Elle croyait que le passé devrait par
contraste mettre le présent en lumière, une lumière aux effets palliatifs. Elle
s’efforçait de ne penser qu’au désordre magnifique des cheveux de Justin à son
réveil, à l’odeur de ses tee-shirts avant qu’elle ne les lave –une odeur
boisée, poussiéreuse, proche de celle de son père. Mais la peur, la colère et
la perplexité revenaient avec une force renouvelée, avec une vigueur accrue,
fracassante. »
J'ai adoré ce roman :)
RépondreSupprimerJe vais aller voir ton avis.
SupprimerAriane
oui, c'était le billet sur "Daddy Love" de Joyce Carol Oates :)
RépondreSupprimerj'avais déjà repéré ce roman (l'auteur est au festival America) j'ai vraiment très envie de le lire
Effectivement, j'ai rajouté le lien vers ton billet.
SupprimerAriane
C'est vrai que le retour est tellement rare, qu'il n'est pas souvent traité en littérature. A retenir.
RépondreSupprimerTrop rare c'est vrai, mais heureusement, certains connaissent cette issue heureuse. Et cela fait du bien de lire un roman, qui bien que traitant d'un sujet particulièrement douloureux, porte une lueur d'espoir.
SupprimerAriane
Il m'attend celui-là, je vais m'y mettre incessamment sous peu je pense ;)
RépondreSupprimerBonne découverte alors !
SupprimerAriane