samedi 27 août 2016

Souviens-toi de moi comme ça - Bret Anthony Johnston

Par Ariane



Auteur : Bret Anthony Johnston

Titre : Souviens-toi de moi comme ça

Genre : roman

Langue d’origine : anglais (américain)

Traducteur : France Camus-Pichon

Editeur : Albin Michel

Nombre de pages : 448p

Date de parution : mars 2016

Présentation de l’éditeur :

Cela fait quatre ans que le jeune Justin Campbell a disparu sans laisser de trace. Fugue ? Kidnapping ? Accident ? C'est une véritable tragédie pour sa famille qui, faute de certitudes, cherche des échappatoires : sa mère s'est prise de passion pour la protection des dauphins ; son père a une liaison ; et son frère passe ses journées à faire du skateboard dans la piscine à sec d'un motel abandonné. Lorsqu'enfin Justin réapparaît, loin de retrouver un équilibre, sa famille se divise davantage, écrasée par la culpabilité et le désir de faire justice elle-même.
Avec ce premier roman prochainement adapté au cinéma, Bret Anthony Johnston s'impose comme l'un des jeunes romanciers américains les plus talentueux.



Mon avis :

Récemment en lisant un article d’Eva (sur Daddy love de Joyce Carol Oates, ici), je me faisais la réflexion que si le sujet de la disparition d’un enfant était fréquemment traité en littérature (ou au cinéma), les auteurs abordaient rarement le sujet de l’après : lorsque l’enfant disparu retrouve sa famille après plusieurs années. C’est ce thème qu’aborde Bret Anthony Johnston avec la famille Campbell.

Justin, le fils aîné a disparu à l’âge de 11 ans. Pendant 4 ans sa mère, son père, son frère et son grand-père vivent avec cette absence si pesante. Chacun d’eux a trouvé un dérivatif à sa peine, même s’ils ne font qu’au mieux combler le temps et attendre, et espérer toujours. Jusqu’au jour où ils reçoivent l’appel tant attendu. Justin a été retrouvé, il est vivant et va revenir auprès d’eux. La famille doit alors tenter de se reconstruire, de revivre, de se retrouver.

Pas de descriptions glauques des sévices infligés à Justin, quelques mots par moments suffisent au lecteur pour imaginer ce qu’a pu subir un jeune garçon enlevé par un pervers. Le kidnappeur n’est jamais physiquement présent dans le récit mais son image hante les personnages assaillis par la haine, la colère et la culpabilité. Culpabilité de se sentir responsable de la disparition de Justin et culpabilité de ne pas avoir réussi à le retrouver (alors qu’il était dans une ville voisine).

La joie des retrouvailles est assombrie par ces sentiments négatifs, par la tristesse pour les années perdues, par la peur de ce que l’avenir leur réserve. Mais également pour chacun d’entre eux, le bonheur d’être réunis. Beaucoup d’émotions pour tous ces personnages qui suscitent l’empathie du lecteur.

Les personnages sont très touchants. Suite à la disparition de Justin, sa mère, son père et son frère s’étaient effacés devant l’ampleur de leur tristesse. Laura ne prenant plus soin d’elle ni de sa maison, s’éloignant chaque jour de ses proches pour se consacrer à un dauphin malade ; Eric tel une ombre ne sachant trop quoi faire, passant l’essentiel de son temps libre à afficher des avis de rechercher et tentant de trouver un illusoire bien-être dans une liaison extra-conjugale ; Griffin, vivant dans l’ombre du frère disparu, reprenant pour lui-même les passions de son aîné comme s’il cherchait à le remplacer pour ses parents. Après le retour de Justin, chacun va devoir retrouver sa place au sein de la famille et son identité propre, même si là encore, leur monde tourne autour de Justin. Cecil le grand-père, reste toujours un personnage bienveillant, déterminé à protéger ceux qu’il aime. 
Justin en revanche, bien qu'au centre des pensées des autres protagonistes, reste très discret. Si on ne sait rien de ce qu'il a vécu auprès de son kidnappeur on en sait peu aussi sur ses pensées et sentiments. Les autres personnages gravitent autour de lui, l'observant avec joie, surprise et inquiétude. Mais lui semble se sentir en décalage de sa famille, heureux d'être rentré chez lui mais toujours perdu et seul. 

J’ai été très surprise par la localisation du récit. L’histoire se déroule au Texas, mais point ici de désert et de cow-boys. La famille Campbell vit à Southport une petite ville côtière non loin de Corpus Christi. C’est pourtant évident lorsqu’on voit une carte des Etats-Unis mais je n’avais jamais pris conscience qu’il y a la mer au Texas !

Il s’agit d’un premier roman de cet auteur, à suivre donc.



Extrait :

« Elle croyait que les choses seraient plus faciles. A présent. Oui, elles devraient l’être. Avec le retour de Justin. Et le fait qu’ils aient tous survécu à sa disparition. Elle croyait que le passé devrait par contraste mettre le présent en lumière, une lumière aux effets palliatifs. Elle s’efforçait de ne penser qu’au désordre magnifique des cheveux de Justin à son réveil, à l’odeur de ses tee-shirts avant qu’elle ne les lave –une odeur boisée, poussiéreuse, proche de celle de son père. Mais la peur, la colère et la perplexité revenaient avec une force renouvelée, avec une vigueur accrue, fracassante. »

https://deslivresdeslivres.wordpress.com/2014/06/05/challenge-1-pave-par-mois/comment-page-1/

http://ennalit.canalblog.com/archives/2016/01/01/33098969.html



8 commentaires:

  1. oui, c'était le billet sur "Daddy Love" de Joyce Carol Oates :)
    j'avais déjà repéré ce roman (l'auteur est au festival America) j'ai vraiment très envie de le lire

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  2. C'est vrai que le retour est tellement rare, qu'il n'est pas souvent traité en littérature. A retenir.

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    1. Trop rare c'est vrai, mais heureusement, certains connaissent cette issue heureuse. Et cela fait du bien de lire un roman, qui bien que traitant d'un sujet particulièrement douloureux, porte une lueur d'espoir.
      Ariane

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  3. Il m'attend celui-là, je vais m'y mettre incessamment sous peu je pense ;)

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