Auteur :
Andrée Michaud
Titre :
Bondrée
Genre :
roman policier
Langue
d’origine : français (Québec)
Editeur :
Rivages noir
Nombre de
pages : 330p
Date de
parution : octobre 2017
Présentation de l’éditeur :
À l’été 67, une jeune fille disparaît dans les épaisses
forêts entourant Boundary Pond, un lac aux confins du Québec rebaptisé Bondrée
par un trappeur enterré depuis longtemps. Elle est retrouvée morte, sa jambe
déchirée par un piège rouillé. L’enquête conclut à un accident : Zaza Mulligan
a été victime des profondeurs silencieuses de la forêt. Mais lorsqu’une
deuxième adolescente disparaît à son tour, on comprend que les pièges du
trappeur ressurgissent de la terre et qu’un tueur court à travers les bois de
Bondrée.
Une écriture raffinée au service d’atmosphères angoissantes et de subtiles explorations psychologiques, dans la plus pure tradition de Twin Peaks de David Lynch.
Une écriture raffinée au service d’atmosphères angoissantes et de subtiles explorations psychologiques, dans la plus pure tradition de Twin Peaks de David Lynch.
Mon avis :
J’ai terminé l’année avec ce roman dont je n’ai entendu (lu
plutôt) que du bien et que je voulais lire depuis longtemps.
Eté 1967, sur les rives du Lac Boundary, frontière naturelle
entre le Canada et les Etats-Unis, des familles américaines et québécoises
passent leurs vacances. Année après année, les mêmes familles se retrouvent,
les amitiés et les inimitiés se nouent, les enfants grandissent. Zaza et Sissy,
inséparables depuis l’enfance, désormais adolescentes, ni tout à fait femmes ni
tout à fait enfant, découvrent leur pouvoir de séduction, les premières amours,
l’alcool. Un jour, Zaza est introuvable, seule Sissy est inquiète, pour les
autres elle est « that kind of girl… ». Son corps est retrouvé
quelques jours plus tard, la jambe prise dans un piège à ours. Un accident
semble-t-il, mais l’inspecteur Stan Michaud doute. Doutes confirmés quelques
jours plus tard, quand Sissy disparaît à son tour et est retrouvée morte de la
même façon.
Quand on pense Québec, on pense en général froid, neige,
hiver. Mais c’est au cœur de l’été qu’Andrée Michaud nous entraîne, le soleil
brûle, les orages grondent de temps à autres et les enfants plongent dans l’eau
fraîche du lac. C’est la période de l’insouciance, surtout lorsqu’on a seize
ans. Et le lecteur s’y retrouve, se replonge dans cet état d’esprit, se remémore
cette indolence des étés de l’enfance. Le contraste entre l’innocence de ces
souvenirs et l’atmosphère angoissante n’en est que plus saisissant. Contraste
tout aussi saisissant entre les visions opposées de Stan, l’inspecteur en
charge de l’enquête, un homme d’une cinquantaine d’années désabusé par les
visions d’horreur qui hantent sa mémoire, et d’Andrée, gamine de douze ans,
innocente et charmante, confrontée pour la première fois de sa vie à la
violence, à la mort et au deuil. De courts chapitres glaçants nous plongent
aussi dans les pensées du tueur, ses failles et sa folie.
Dans ce huis clos en plein air, les soupçons deviennent vite
pesant, les superstitions renaissent, rappelant l’image de Pierre Landry,
trappeur exilé au plein cœur de la forêt, fuyant les vacanciers s’installant au
bord du lac, retrouvé pendu dans sa cabane une quinzaine d’années plus tôt.
Je salue également l’écriture d’Andrée Michaud, fluide et
puissante, empreinte d’une certaine poésie. Le français québécois est un peu
déconcertant, amusant parfois, dépaysant, mais assez agréable à lire (oserai-je
dire plus qu’à entendre !).
Un très bon roman du genre qui mérite amplement la pluie d’éloges
reçus.
Extrait :
« Je n'ai rien oublié des forêt de Bondrée, d'un vert à
ce point pénétrant qu'il me semble aujourd'hui issu de la seule luminosité du
rêve. Et pourtant, rien n'est plus réel que ces forêts où coule encore le sang
des renards roux, rien n'est plus vrai que ces eaux douces dans lesquelles je
me suis baignée longtemps après la mort de Pierre Landry, dont le passage au
cœur des bois continuait de hanter les lieux. »
« Mais il était trop tard et personne ne saurait jamais
si Zaza et Sissy étaient pourries à l’os, destinées à devenir des bitches et
des vieilles bitches. Alors on leur en voulait presque d’être mortes et de
provoquer ces examens de conscience où on prenait la mesure de sa banalité et
de sa mesquinerie, de l’aisance avec laquelle on parvenait à juger et à
condamner sans d’abord se regarder bien en face dans le miroir. »
« Sans personne avec qui parler de la beauté des forêts
et des bêtes s'y multipliant, Landry s'était muré dans le silence.
Au début, il parlait encore aux arbres et aux animaux, il s'adressait à la limpidité du lac.
Il conversait aussi avec lui-même, annonçant le temps qu'il ferait, décrivant les orages, se racontant même quelques blagues éculées, quelques histoires de pêcheurs enroulés dans leur ligne, puis la parole l'avait peu à peu quitté.
Il pensait les mots, mais ceux-ci demeuraient en lui, se diluaient dans la pensée, se dissipaient sur le contour des choses qu'il n'était plus utile de nommer.
Si l'idée subsistait, elle ne se déclinait plus en sons. »
Au début, il parlait encore aux arbres et aux animaux, il s'adressait à la limpidité du lac.
Il conversait aussi avec lui-même, annonçant le temps qu'il ferait, décrivant les orages, se racontant même quelques blagues éculées, quelques histoires de pêcheurs enroulés dans leur ligne, puis la parole l'avait peu à peu quitté.
Il pensait les mots, mais ceux-ci demeuraient en lui, se diluaient dans la pensée, se dissipaient sur le contour des choses qu'il n'était plus utile de nommer.
Si l'idée subsistait, elle ne se déclinait plus en sons. »
J'étais complètement passée à côté de ce roman. Ce n'était pas le bon moment pour moi sans doute.
RépondreSupprimerPeut-être. Ou simplement ça ne te convenait pas, il n'y a pas toujours d'explication !
SupprimerJ'ai aimé toute la première partie, mais après j'ai trouvé qu'il perdait de son intérêt.
RépondreSupprimerJe devais être dans de bonnes dispositions, ça ne m'a pas dérangée !
SupprimerCe que tu en dis me plaît bien mais c'est dommage qu'il soit plus fa!ble par la suite.
RépondreSupprimerCe n'est pas un incontournable non plus !
SupprimerJe l'ai beaucoup aimé, du début jusqu'à la fin. Et la pointe accent québécois sonne très juste.
RépondreSupprimerC'est vrai !
SupprimerJ'ai beaucoup aimé et ça m'a donné envie de lire d'autres romans de l'auteur!
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