Auteur :
Anne Griffin
Titre :
Toute une vie et un soir
Genre :
roman
Langue
d’origine : anglais
Traductrice :
Claire Desserey
Editeur :
Delcourt
Nombre de
pages : 3272p
Date de
parution : avril 2019
Mon avis :
Il y a quelques mois j’ai lu de nombreux billets, tous
enchantés, sur ce livre. J’hésitais tout de même, les romans feel good, ce n’est
pas mon truc. Heureusement, j’ai passé outre cet a priori !
Maurice Hannigan, 84 ans, s’installe seul au bar de l’hôtel
de Meath. Deux ans déjà que sa chère Sadie est morte, le laissant seul et
désemparé. Alors ce soir, Maurice a décidé de porter un toast à ceux qu’il aime
et de laisser venir les souvenirs de ceux qu’il a tant aimés.
Nous accompagnons donc Maurice à travers ses souvenirs, avec
lui nous remontons le temps et le découvrons à différentes époques de sa vie,
dans différents rôles (enfant, adolescent, amoureux transi, père, veuf,…). La construction
n’est pas linéaire, mais suit les souvenirs associés aux cinq personnes à qui
Maurice a décidé de porter un toast. Son frère, Tony, le héros de son enfance,
dont la mort l’a fait basculer dans le monde des adultes. Sa fille Molly,
partie avant même d’avoir pu respirer et dont le fantôme accompagne Maurice
depuis 50 ans. Sa belle-sœur Noreen, « un peu spéciale » mais qui
aura apporté de la joie à sa famille. Son fils Kevin, à qui il n’a jamais su
exprimer sa fierté et son amour. Sa femme Sadie, sans qui il ne se voit pas
continuer. Et en toile de fond l’histoire d’une haine d’enfant et d’une pièce d’or.
Vraiment c’est un très joli roman que nous offre là Anne
Griffin. Beaucoup d’émotion et de pudeur, dans le personnage de Maurice. Sous
ses aspects bourrus et son mauvais caractère, il cache un cœur tendre et une
grande sensibilité, qu’il n’a jamais su exprimer à ceux qu’il aimait. Ou plutôt
qu’il a exprimé à sa manière, maladroite bien souvent. Ce soir-là, il s’adresse
mentalement à son fils. Il lui dit tout ce qu’il ne lui a jamais dit, ouvre son
cœur comme jamais. C’est beau et terriblement triste en même temps.
Alors oui en un sens ce roman est un livre « feel good »,
il fait du bien, parce que l’histoire est belle, parce qu’elle nous touche,
parce que c’est bien écrit.
Extrait :
« C'est la présence de Tony vivant qui me manque .Je
peux lui parler tant que je veux dans ma tête, rien ne remplace le fait de le
voir , de le toucher , de l'entendre boire sa bière chez Hartigan . Je
donnerais n'importe quoi pour passer une heure avec lui. Pas la peine qu'on se
parle beaucoup. Les coudes sur le zinc. Chacun sa bouteille de stout. Nos
verres à moitié vides. Regarder dans la rue, taper du pied en rythme avec la
musique à la radio, rire de la dinguerie du monde. Etre avec quelqu'un en qui
t'as confiance, voilà tout .Qui te comprend sans que t'aies besoin de t’expliquer,
ou que tu te croies obliger de faire semblant que tout va bien. Avec qui tu
peux te permettre d'être nul. Sentir sa tape dans mon dos quand il se lève pour
aller aux gogues. Ce serait trop demander, une petite résurrection ? »
« J'aurais peut-être été plus heureux si t'avais été
con. Le portrait de ton père. J'aurais eu moins de mal à discuter avec toi. »
« Je veux que ta mère revienne, voilà tout. Seul, je
n'y arrive plus. Quand je l'ai rencontrée, j'aurais jamais imaginé qu'un jour
j'aurais du mal à respirer parce que sa brosse à dents n'est plus à côté de la
mienne dans le gobelet vert - avocat pardon, je me trompe tout le temps - sur
le lavabo de la salle de bains, parce que je l'entends plus pester si je lance
mal le feu de la cheminée, ou parce que je sens plus rien, ni respiration, ni
battement de cœur en tendant la main de son côté du lit le matin. J'y arrive
pas. J'y arrive pas voilà tout. Il est temps que je mette bon ordre à ces deux
dernières années et que je rejoigne la femme qui a volé mon âme le premier jour
où je l'ai vue. »
J'ai beaucoup aimé ce roman, moi aussi. Un bon moment de lecture.
RépondreSupprimerOui, on passe une soirée agréable avec Maurice !
SupprimerPas vraiment un roman feel-good, rien de mièvre dans ce texte. J'ai beaucoup aimé et j'espère relire cette auteure à l'avenir.
RépondreSupprimerLa mièvrerie c'est exactement ce qui me déplaît dans les romans feel-good et effectivement pas de ça ici !
SupprimerMa libraire me l'avait conseillé, mais je ne l'ai pas pris, finalement.
RépondreSupprimerPourquoi ?
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