Autrice :
Hannah Kent
Titre :
A la grâce des hommes
Genre :
roman
Langue
d’origine : anglais (Australie)
Traductrice :
Karine Reignier-Guerre
Editeur :
Presses de la cité
Nombre de
pages : 400p
Date de
parution : mai 2014
Présentation de l’éditeur :
Agnes Magnúsdóttir, servante dans l’Islande austère et
violente du XIXe siècle, est condamnée à mort pour l’assassinat de son amant et
placée dans une ferme reculée en attendant son exécution. Horrifiés à l’idée
d’héberger une meurtrière, le fermier, sa femme et leurs deux filles évitent
tout contact avec Agnes, qui leur inspire autant de peur que de dégoût. Seul Tóti,
le révérend chargé de préparer la jeune femme à sa fin prochaine, tente de la
comprendre. Au fil des mois, Agnes raconte sa vérité, aussi terrible soit-elle
à accepter. Mais la justice des hommes est en marche, et pourquoi Agnes
réapprendrait-elle à vivre si c’est pour mourir ?
Mon avis :
Pour son premier roman, l’australienne Hannah Kent s’est
intéressée à l’histoire d’Agnes Magnusdottir, la dernière femme condamnée à
mort et exécutée en Islande. Ce cas célèbre en Islande a apparemment fait
couler beaucoup d’encre, mais dans la plupart des écrits, Agnes est présentée
comme une femme froide et manipulatrice. Hannah Kent a voulu offrir un portrait
plus humain de cette femme. Elle a donc fait le choix de nous présenter une
femme vulnérable et sensible, victime de sa condition.
Agnes raconte son histoire à Toti, le pasteur chargé de la
préparer à la mort, sous le regard haineux puis apitoyé des fermiers qui en ont
la garde. En attendant son exécution, Agnes vit au milieu d’eux, chargée des
tâches habituelles d’une servante. Et c’est ainsi que l’on découvre le
quotidien d’une ferme islandaise au début du XIXème siècle. Une vie de labeur
incessant, où maîtres et serviteurs partagent l’espace commun de la badstofa, où
la vie est morne et difficile, le froid, la misère et la mort n’étant jamais
bien loin.
Les confidences d’Agnes sont interrompues par des passages
consacrés à d’autres personnages, notamment le pasteur Toti et la fermière Margret.
Et des lettres, poèmes et extraits d’actes judiciaires, précédent chaque nouveau
chapitre. L’apport de ces documents est particulièrement intéressant.
J’ai toutefois un bémol. En effet, le parti pris d’Hannah
Kent pour Agnes est trop présent. Et cela devient dérangeant lorsqu’Agnes en
arrive à parler de Natan et Pétur, les victimes du meurtre et lorsqu’elle
raconte le crime en lui-même.
L’écriture d’Hannah Kent est agréable et fluide, le ton est
rythmé et l’histoire est intéressante. Bref, j’ai passé un bon moment de
lecture avec ce roman. Hannah Kent a depuis écrit un autre roman pour lequel les
critiques sont aussi bonnes. Par ailleurs, j’ai cru voir que ce roman sera
bientôt adapté au cinéma avec l’actrice Jennifer Lawrence dans le rôle d’Agnes Magnusdottir.
Et là j’avoue que j’ai quelques craintes avec une adaptation à l’américaine.
Extrait :
« C'est alors que je les ai vus : une petite assemblée
d'hommes et de femmes se tenait là, immobile, les yeux rivés sur moi. J'ai mis
un moment à comprendre ce qu'ils faisaient. Car ce n'était pas moi qu'ils
regardaient. Pas moi qu'ils voyaient. J'étais deux hommes morts. J'étais une
ferme en feu. J'étais le couteau. J'étais le sang. »
« Pendant le procès, ils ont picoré mes mots comme une
nuée d'oiseaux. D'affreux oiseaux, vêtus de rouge et boutonnés d'argent. Têtes
penchées, bec serrés, ils fouillaient mon âme en quête des baies rouges de la
culpabilité. Ils ne m'ont pas laissé raconter les événements à ma façon : Ils
se sont emparés de mes souvenirs de Natan, de mes images d'Illugastadir, et les
ont distordus jusqu'à les rendre méconnaissables. Ils m'ont arraché une
déposition qui faisait de moi une femme vile et malveillante. Tout ce que j'ai
dit m'a été volé ; tous mes mots ont été altérés jusqu'à ce que cette histoire
ne soit plus mienne. »
« C'est injuste. Les gens prétendent vous connaître
sous prétexte qu'ils savent ce que vous avez fait, mais ont-ils pris la peine
d'écouter ce que vous avez à dire? Bien sûr que non! Dans cette vallée, vous
aurez beau vous démener pour vivre en bon chrétien, si vous commettez une
erreur, elle ne vous sera jamais pardonnée. Même si vous avez opté pour ce qui
semblait être la meilleure solution. Même si une voix s'écrie au plus profond
de vous-même "Je ne suis pas celui que vous croyez!" Seule compte
l'opinion que les gens ont de vous. Elle définit qui vous êtes. »
Une adaptation d'un tel roman par des américains ? Pourvu qu'ils n'y mêlent pas de supers héros pour faire des entrées....
RépondreSupprimerQuand même pas ! Mais je sens bien le mélo au romantisme dégoulinant.
SupprimerUn beau livre qui m'avait bien plu. Je n'ai pas voulu voir Serena au cinéma, je n'irai pas voir non plus l'adaptation de celui-ci.
RépondreSupprimerOn est souvent déçu des adaptations.
SupprimerJ'avais aussi aimé Serena mais je n'ai pas vu l'adaptation, les critiques que j'ai lues n'étaient pas tendres. Le roman âpre de Ron Rash transformé en bluette romantique !
RépondreSupprimerJ'ai énormément aimé ce roman ; je n'irai pas voir une adaptation ciné.
RépondreSupprimerJe te comprends ;)
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