mardi 15 janvier 2019

Dieu et nous seuls pouvons - Michel Folco

Par Ariane



Auteur : Michel Folco

Titre : Dieu et nous seuls pouvons

Genre : roman

Langue d’origine : français

Editeur : Seuil

Nombre de pages : 317p

Date de parution : avril 1991

Présentation de l’éditeur :

Pour échapper à la galère, Justinien Pibrac devient bourreau officiel du seigneur de Bellerocaille. Le jour de sa première exécution, après quelques maladresses rocambolesques, il parvient finalement à briser les os du condamné. Ainsi débute la saga trépidante des Pibrac, qui deviendront de génération en génération les plus grands bourreaux de tous les temps.

Véritable roman d'aventures aux innombrables personnages et rebondissements, cette chronique mêle très subtilement histoire et littérature. À lire absolument. 


Mon avis :

Encore une bonne pioche en ce début d’année !

Dans la première partie du roman, Justinien Trouvé, sous le nom de Pibrac, se retrouve emprisonné et condamné à 20 ans de galères par un concours de circonstances. Acceptant la charge de bourreau d’un jour en échange de sa grâce, il devient l’ancêtre fondateur mythique d’une lignée de bourreaux. Deux cent et quelques années plus tard, dans la seconde partie, nous retrouvons les descendants de Justinien. Hippolyte, dernier bourreau de la famille, n’officie plus depuis le décret Crémieux, son fils Léon est devenu boulanger et son second fils s’apprête à s’installer aux Etats-Unis avec sa femme et ses deux fils.

Je me suis régalée avec la première partie. Michel Folco entraîne son lecteur au 17ème siècle dans la petite ville de Bellerocaille. Dans de longues digressions il nous raconte la fondation de la ville, les aventures du père adoptif de Justinien ou le quotidien d’une petite ville de l’Aveyron. Et surtout Justinien, jeune héros qui joue cruellement de malchance et se retrouve bien malgré lui à devoir jouer les bourreaux. Des cachots jusqu’à sa première exécution, nous suivons le jeune homme et en apprenons plus sur son histoire. C’est cocasse et savoureux, et les dialogues dans un vieux français méridional sont savoureux.

Aussi ai-je été particulièrement déconcertée en commençant la seconde partie et en découvrant que l’on avait fait un bond dans le temps et qu’on était désormais en 1901 ! Il m’a fallu un moment pour parvenir à me plonger dans cette nouvelle partie comme je l’avais fait pour la précédente. Heureusement qu’il y a Hippolyte Pibrac ! Dit le Septième, il est le dernier bourreau de la famille à avoir exercé et ne décolère toujours pas d’avoir été contraint à abandonner le métier. Ce personnage haut en couleurs, jouant de la terreur et des superstitions qu’il inspire, est bien décidé à ne pas laisser perdre la mémoire de la tradition familiale. La guerre larvée puis ouverte qui l'oppose à son fils Léon réserve au lecteur de grands moments. Quant au jeune Saturnin, il a le métier dans le sang et fait la fierté de son grand-père ! Une fois encore c’est drôle et cynique.

Je regrette tout de même ce bond dans le temps et j’aurai bien aimé continuer plus longtemps avec Justinien, en savoir plus sur ses successeurs et sur l’histoire de la famille. Avec un style si vivant et agréable à lire, une gigantesque fresque familiale sur deux siècles aurait été palpitante autant que drôle.

Et tout ça à cause d’un bourdon !



Extrait :

« On couvre de gloire les militaires qui tuent des innocents servant tout comme eux leur patrie, et nous qui ne tuons que des coupables, on nous couvre de mépris ! »

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