Auteur :
Amor Towles
Titre :
Un gentleman à Moscou
Genre :
roman
Langue
d’origine : anglais (Etats-Unis)
Traductrice :
Nathalie Cunnington
Editeur :
Fayard
Nombre de
pages : 576p
Date de
parution : août 2018
Présentation de l’éditeur :
Aristocrate impénitent, homme de culture et parfait
gentleman aux manières aussi exquises que désuètes, le comte Alexandre Ilitch
Rostov est condamné en 1923 par un tribunal bolchévique à vivre en résidence surveillée
dans le luxueux hôtel Metropol de Moscou. Il y passera trois décennies à
observer dans le confinement du grand hôtel les bouleversements de la nouvelle
Russie.
Mon avis :
Il m’est souvent plus facile d’écrire sur un livre que j’ai
peu, voire pas du tout aimé, que sur un livre que j’ai aimé. Car alors, rien de
ce que je peux avoir à dire ne me semble à la hauteur du plaisir ressenti à la
lecture. Et avec ce roman je me suis ré-ga-lée !
Le comte Alexandre Illitch Rostov est coupable d’être un
ci-devant, autrement dit un aristocrate. Qui plus est, son retour inattendu
après la révolution est des plus suspect. Voilà qui lui vaudrait à coup sûr d’être
exécuté, si une une dizaine d’années plus tôt, il n’avait écrit un poème
considéré comme un appel à la révolution. Alexandre Illitch est donc assigné à
résidence à l’hôtel Metropol. Obligé d’abandonner sa suite luxueuse pour une
mansarde, le comte Rostov ne perd rien de son optimisme ni de ses bonnes
manières. Il s’acclimate à sa nouvelle vie, noue de nouvelles relations et
pendant plus de trente ans, verra la société russe et le monde se transformer,
à travers le microcosme du Metropol.
J’ai tout aimé dans ce roman. Les personnages tout d’abord,
en particulier le comte lui-même bien sûr. C’est un très beau personnage de
gentleman tel qu’on peut le retrouver sous les traits d’Arsène Lupin ou d’autres
héros littéraires : élégant et raffiné, cultivé et épicurien. Les années
passent sans le changer, pas plus que ceux qui font partie du décor de l’hôtel,
ou l’ambiance même de celui-ci. Dans ce lieu, le temps est comme suspendu. Alors
que le monde est en proie à des bouleversements sans précédents, que la société
russe se transforme en profondeur, au Metropol, rien ne semble avoir vraiment changé
des années 20 aux années 50. Et c’est aussi cette ambiance surannée, cette
nostalgie d’une époque disparue, qui m’a séduite.
Outre l’histoire elle-même, j’ai beaucoup apprécié le ton de
l’auteur. Une certaine légèreté et une fluidité bien agréables. Si le terrible
quotidien des russes pendant ces trois décennies n’est qu’évoqué en toile de
fond à l’histoire, il n’est jamais totalement oublié. Il faut toutefois
reconnaître que l’auteur use régulièrement d’une certaine suffisance toute
américaine. Ainsi, un américain et Humphrey Boggart joueront un rôle crucial
dans la vie du comte.
Je crois que c’est la première fois depuis ma panne de
lecture, que je me passionne autant pour un livre, que j’ai à ce point envie de
le retrouver et que j’appréhende tout autant d’en voir la fin. Et même si ce n'est pas le roman du siècle, je vous recommande sans hésitation, ce roman qui offre un vrai plaisir de lecture.
Extrait :
« Reconnaissant qu’un homme devait maîtriser le cours
de sa vie s’il ne voulait pas en devenir le jouet, le comte songea qu’il serait
avisé de réfléchir à la manière d’atteindre ce but quand on a été condamné à
passer sa vie enfermé. »
« Car l'apparat est tenace. Et rusé de surcroît.
Il peut bien incliner la tête avec humilité tandis que l'empereur se fait traîner jusqu'en bas des marches et jeter dans la rue. Mais voilà que, après avoir tranquillement attendu son heure tout en aidant le chef nouvellement nommé à enfiler sa veste, il le félicite pour sa belle allure et suggère le port de deux ou trois médailles. Ou encore, l'ayant servi lors d'un dîner élégant, il se demande tout haut si un siège plus élevé n'aurait pas été davantage adapté à un homme chargé de telles responsabilités. »
Il peut bien incliner la tête avec humilité tandis que l'empereur se fait traîner jusqu'en bas des marches et jeter dans la rue. Mais voilà que, après avoir tranquillement attendu son heure tout en aidant le chef nouvellement nommé à enfiler sa veste, il le félicite pour sa belle allure et suggère le port de deux ou trois médailles. Ou encore, l'ayant servi lors d'un dîner élégant, il se demande tout haut si un siège plus élevé n'aurait pas été davantage adapté à un homme chargé de telles responsabilités. »
« Somme toute, les entreprises considérées comme
urgentes par la plupart des hommes modernes (un rendez-vous avec le banquier
par exemple, ou bien un train à prendre) auraient sans doute pu attendre,
tandis que celles qu’ils estimaient frivoles (une tasse de thé, ou une
conversation entre amis) méritaient leur attention immédiate. »
Ligne générale, catégorie lieu
Les avis d'Eva et Nicole
Que d'enthousiasme. Là je dois voir ça, si c'est à la bibli? (non, un autre seulement)
RépondreSupprimerTu peux peut-être leur en suggérer l'achat ?
SupprimerJe l'ai déjà noté, mais ton avis me le rend indispensable !
RépondreSupprimerJ'espère qu'il te plaira autant qu'à moi !
SupprimerJe suis ravie de lire ça ! Ce livre m'a tout autant enthousiasmée, un vrai bonheur !
RépondreSupprimerOui !!!
SupprimerTrès belle suggestion, je le note!
RépondreSupprimerTu fais bien !
SupprimerBon, je l'avais déjà remarqué mais je le note à nouveau ! pour sortir d'une prochaine panne de lecture...
RépondreSupprimerLe remède idéal !
SupprimerUn vrai plaisir de lecture, c'est déjà beaucoup.
RépondreSupprimer