vendredi 17 janvier 2020

Une bête au paradis - Cécile Coulon

Par Daphné





















Auteur : Cécile Coulon
Titre : Une bête au paradis
Genre : roman
Langue d’origine : français
Editeur : Iconoclaste
Nombre de pages : 352
Date de parution :  2019

Présentation de l’éditeur :

La vie d’Émilienne, c’est le Paradis. Cette ferme isolée, au bout d’un chemin sinueux. C’est là qu’elle élève seule, avec pour uniques ressources son courage et sa terre, ses deux petits-enfants, Blanche et Gabriel. Les saisons se suivent, ils grandissent. Jusqu’à ce que l’adolescence arrive et, avec elle, le premier amour de Blanche, celui qui dévaste tout sur son passage. Il s’appelle Alexandre. Leur couple se forge. Mais la passion que Blanche voue au Paradis la domine tout entière, quand Alexandre, dévoré par son ambition, veut partir en ville, réussir. Alors leurs mondes se déchirent. Et vient la vengeance.


Mon avis :

Mais quelle plume ! Voilà ce que je me dis chaque fois que je referme un livre de Cécile Coulon. Une écriture acérée, franche, qui tranche dans le vif, une écriture qui ne ment pas, qui va droit au but. Une écriture vraie. 

J'ai souvent l'impression devant les livres de cette auteure qu'ils ont été écrits d'un seul jet, presque sans relecture, que chaque mot est "intact",  sans correction. Est-ce le cas?  Ou ce livre a-t-il eu de multiples versions, a-t-il été écrit lentement, avec labeur et application ? Je ne sais pas, mais cette écriture me fait toujours l'effet d'avoir été jetée sur le papier d'un seul coup, au gré des émotions de l'auteure tant elle me paraît sensitive.

J"ai eu l'impression de ressentir ce livre plus que je ne l'ai lu. De ressentir l'amour que Blanche voue à sa terre et à Alexandre, de ressentir sa douleur, sa rage, la vieillesse d'Emilienne, la mélancolie de Gabriel, la violence des coups du père de Louis. D'entendre les cris du cochon qu'on égorge,  les cris de Gabriel derrière une porte close. 

Qu'il est âpre le monde que nous décrit Cécile Coulon, qu'il est rude mais beau, violent mais fragile à la fois. L’histoire est simple mais on est tout de suite pris dedans, pris dans la tension si palpable, pris dans l'amour de Blanche pour ses terres, dans le désarroi de Louis, dans la sensibilité de Gabriel. Page par page, on sent venir le drame et on sentirait presque l'odeur du sang tant dans les premières pages que dans les dernières, le goût de la folie et celui de l'amour. 

Encore une fois, Cécile Coulon signe là un grand roman.

Extrait :

"C'est donc cela, les pleurs, les vrais. Des blessures en avalanche, les muscles, la peau, les os le sang, qui tentent de sortir par les yeux, qui fuient ce navire à la dérive, cette épave incapable d'accueillir d'autres matelots que ceux du passé, dans le pont s'est depuis longtemps écroulé sous le poids de ce grelot, énorme à présent, monstrueux, une gigantesque boule qui grossissait encore. C'est donc cela, les pleurs : le sacre du désespoir."

2 commentaires: