Auteur :
Emily StJohn Mandel
Titre :
Station eleven
Genre :
roman
Langue
d’origine : anglais (Canada)
Traducteur :
Gérard de Cherge
Editeur :
Payot
Nombre de
pages : 480p
Date de
parution : août 2016
Présentation de l’éditeur :
Dans un monde où la civilisation s’est effondrée suite à une
pandémie foudroyante, une troupe d’acteurs et de musiciens nomadise entre de
petites communautés de survivants pour leur jouer du Shakespeare. Un répertoire
qui en est venu à représenter l’espoir et l’humanité au milieu de la
désolation.
Mon avis :
Tous les lecteurs du monde connaissent ce sentiment :
quand on n’arrive pas à lâcher un livre, qu’on a hâte de s’y replonger, qu’on le
lit avec voracité tout en guettant avec inquiétude la fin qui approche. Même
quand je lis de très bons romans, je ne ressens qu’assez rarement cette
exaltation. Ça a été le cas avec Station
eleven.
Lors d’une représentation du Roi Lear à Toronto, le célèbre
acteur Arthur Leander s’écroule sur scène, terrassé par une crise cardiaque.
Quelques heures plus tard les premiers cas d’une grippe féroce se déclarent sur
le continent américain en provenance de Russie. Ce virus va tuer plus de 99% de
la population mondiale en quinze jours. Vingt ans après, le monde a
radicalement changé. Les survivants survivent dans un nouveau monde, mais parce
que Survivre ne suffit pas, une petite troupe d’artistes baptisée La symphonie
itinérante, va de ville en ville jouer du Shakespeare et du Beethoven.
Le roman offre tout d’abord de beaux personnages :
Arthur, Clark, Miranda, Kirsten, Jeevan. La partie pré-apocalyptique du récit
se centre autour de la personne d’Arthur, acteur star vieillissant, marié et
divorcé trois fois, père d’un petit garçon qui vit à des milliers de
kilomètres. Les autres personnages ont un lien avec Arthur. J’ai aimé ces
personnages, leur fragilité, leur humanité.
Je ne suis pas du tout friande de science-fiction, pourtant
j’aime assez les récits post-apocalyptiques. Alors je ne parle pas des univers
YA où des hordes d’adolescents doivent sauver le monde. Non, aucun intérêt
pour moi. Mais j’aime ces récits où un monde nouveau s’offre aux survivants. Un
monde où tout est à construire, un territoire vierge. C’est à la fois
magnifique et terrifiant. Terrifiant bien sûr par ce par quoi il faut en passer :
la maladie, la mort, la destruction. Terrifiant également d’imaginer cette
humanité dépouillée de tous ses accessoires, livrée à elle-même, revenue à l’essentiel :
la naissance, la vie, la mort.
Vingt ans après l’épidémie, le monde est devenu moins
hostiles, les survivants vivent en petites communautés très isolées, seuls les
marchands permettant la circulation des biens et des informations. Mais la
Symphonie itinérante apporte un répit dans le quotidien en apportant la beauté
et l’art aux survivants, réminiscences d’un monde disparu.
Que faire de ce monde disparu d’ailleurs ? Pour ceux
qui s’en souviennent, les souvenirs sont lourds de ce qui a disparu, de ceux
qui ont disparu. Mais ceux qui étaient trop jeunes ou qui sont nés après,
peinent à comprendre ce qu’était ce monde qui s’apparente pour eux à un mythe. Faut-il
leur raconter ce monde où il suffisait d’appuyer sur un bouton pour avoir de la
lumière, de la chaleur en hiver ou de la fraicheur en été ? Où l’on
pouvait facilement se déplacer en voiture ou aller à l’autre bout du monde en
avion ? Où l’on pouvait parler à une personne par téléphone ? Où
grâce à un ordinateur on pouvait avoir accès à toutes sortes de connaissances ?
Où il suffisait d’ouvrir le frigo pour avoir de la nourriture, d’aller à la
pharmacie pour avoir des médicaments ?
Toutes ces choses qui font notre quotidien, auxquelles on ne prête pas attention
tant elles semblent aller de soi. Comment imaginer que tout cela disparaisse ?
Car après tout, ce qui est décrit dans le roman est
plausible. Pas de zombis ni d’extraterrestres, pas de terroristes ayant causé la
catastrophe. Juste un virus. Après tout, des épidémies meurtrières l’humanité
en a déjà connu. Et c’est bien ce qui est le plus effrayant. Tout cela est
possible. Effrayant donc, mais le roman n’est en rien déprimant. Au contraire,
c’est un livre empli de lumière et de beauté, de nostalgie pour un monde perdu
et d’espoir pour un monde nouveau.
Bon allez, deux petits défauts tout de même. Tout d'abord, le fait que les personnages secondaires sont nommés par leur fonction (la troisième guitare, la clarinette,...). Je comprends que cela a pour but de ne pas perdre le lecteur parmi une multitude de personnages, mais le rendu est un peu étrange. Quand les artistes de la Symphonie itinérante parlent entre eux d'un autre membre de la troupe de cette façon alors qu'ils vivent ensemble depuis des années, ça manque de crédibilité. Sinon, j'ai trouvé que le sort du Prophète était réglé de façon un peu expéditive.
Bon allez, deux petits défauts tout de même. Tout d'abord, le fait que les personnages secondaires sont nommés par leur fonction (la troisième guitare, la clarinette,...). Je comprends que cela a pour but de ne pas perdre le lecteur parmi une multitude de personnages, mais le rendu est un peu étrange. Quand les artistes de la Symphonie itinérante parlent entre eux d'un autre membre de la troupe de cette façon alors qu'ils vivent ensemble depuis des années, ça manque de crédibilité. Sinon, j'ai trouvé que le sort du Prophète était réglé de façon un peu expéditive.
C’est donc un énorme coup de cœur pour ce roman passionnant
que je recommande à tous, même à ceux qui comme moi, n’aiment pas la
science-fiction.
Extraits :
« La beauté de ce monde quasiment dépeuplé. Si l’enfer
c’est les autres, que dire d’un monde où il n’y a presque plus personne ? »
« Peut-être l’humanité s’étendrait-elle bientôt, simplement, mais Kirsten trouvait cette idée plus apaisante que triste. Tant d’espèces étaient apparues sur la Terre et avaient disparu par la suite ; quelle importance, une de plus ? »
« Peut-être l’humanité s’étendrait-elle bientôt, simplement, mais Kirsten trouvait cette idée plus apaisante que triste. Tant d’espèces étaient apparues sur la Terre et avaient disparu par la suite ; quelle importance, une de plus ? »
"Plus d'Internet. Plus de réseaux sociaux, plus moyen de faire défiler sur l'écran des litanies de rêves, d'espoirs fiévreux, des photos de déjeuners, des appels à l'aide, des expressions de satisfaction, des mises à jour sur le statut des relations amoureuses grâce à d es icônes en forme de cour - brisé ou intact -, des projets de rendez-vous, des supplications, des plaintes, des désirs, des photos de bébés déguisés en ours ou en poivrons pour Halloween.Plus moyen de commenter ou de lire les récits de la vie d'autrui et de sentir ainsi un peu moins seul chez soi. Plus d'avatars."
L'avis d'Eva qui m'a donné envie de lire ce livre. Merci !
Les avis de Clara, Noukette, Léa, Aifelle,
Les avis de Clara, Noukette, Léa, Aifelle,
J'ai eu quelques bémols à la lecture (la fin comme toi ..) et le début qui ne tiens pas toutes ses promesses, mais c'est addictif d'un bout à l'autre.
RépondreSupprimerComplètement addictif !
SupprimerAriane
Le début, j'ai accroché (avec une interrogation) ensuite boaf, j'étais décrochée, adieu.
RépondreSupprimerC'est vrai ? Comme quoi, les avis ne sont pas unanimes !
SupprimerAriane
Je ne lis que des avis positifs! Pourtant, je reste sceptique...
RépondreSupprimerPour quelle raison ?
SupprimerAriane
Quelques avis mitigés m'avaient détournée de ce roman, mais je le garde en tête, si tu l'as aimé à ce point, il ne peut pas être mauvais ! ;-)
RépondreSupprimeroui :-)
SupprimerAriane
J'attends qu'il se libère à la bibliothèque pour enfin le découvrir !
RépondreSupprimerBonne découverte!
SupprimerAriane
Un énorme coup de coeur pour moi.
RépondreSupprimerTout pareil !
SupprimerAriane
Beaucoup de lecteurs pour ce livre et des avis assez unanimes. Je le note pour plus tard
RépondreSupprimerJ'espère qu'il te plaira.
SupprimerAriane