Auteur : Javier Sebastian
Titre : Le cycliste de Tchernobyl
Genre : roman
Langue d'origine : espagnol
Traductrice : François GaudryTitre : Le cycliste de Tchernobyl
Genre : roman
Langue d'origine : espagnol
Editeur : Metailié
Résumé de l'éditeur :
Un vieil homme hagard, entouré de sacs remplis de vêtements, est abandonné dans un self-service sur les Champs-Élysées. «Ne les laissez pas me tuer», c'est tout ce qu'il sait dire.
Pripiat, ville fantôme, à trois kilomètres de la centrale de Tchernobyl : dans les rues désertes, entre la grande roue neuve et les autos tamponneuses abandonnées, pas âme qui vive. Sauf les samosiol, ceux qui sont revenus dans la zone interdite. Laurenti Bakhtiarov chante Demis Roussos devant la salle vide du ciné-théâtre Prometheus, deux Américains givrés testent les effets de la radioactivité sur leur corps... Au coeur d'une apocalypse permanente, Vassia, le cycliste, croit encore à la possibilité d'une communauté humaine.
Ce roman magistral est librement inspiré de la vie de Vassili Nesterenko, physicien spécialiste du nucléaire, devenu l'homme à abattre pour le KGB pour avoir tenté de contrer la désinformation systématique autour de Tchernobyl.
Des paysages hallucinés aux aberrations du système soviétique, Sébastian signe un texte d'une force rare, à la fois glaçant et étrangement beau, hymne à la résistance dans un monde dévasté.
Mon avis :
Qui est ce vieil homme abandonné dans un self service? Ne se rappelle t-il vraiment plus qui il est ? quel est le rapport entre lui et la ville de Pripiat, ville fantôme, abandonnée de tous depuis la catastrophe de Tchernobyl? De tous? Non, pas de tous. Certes, la ville a été évacuée (trop tard mais elle l'a été), certes, tous ces habitants sont censés vivre maintenant ailleurs. Mais est ce vraiment la réalité? On ne parle guère de cela mais certains sont revenus. Déracinés, ne trouvant pas leur place ailleurs, quelques personnes sont revenues vivre dans la zone contaminée. Parmi elles, Vassia, physicien, poussé contre son gré à regagner Pripiat. Vassia qui détient la vérité sur les dommages créés par la catastrophe nucléaire et qui a voulu prévenir et aider la population. Vassia, qui, pour cela, se retrouve menacé de mort. Menacé de mort pour avoir voulu crier la vérité sur la désinformation systématique à propos de Tchernobyl.
Ce livre est librement inspiré par l'histoire de Vassili Nesterenko, physicien spécialiste du nucléaire. Pour avoir voulu contrer la désinformation, il se retrouvera poursuivi par le gouvernement. Un gouvernement minimisant la catastrophe de telle manière qu'il fait courir un danger encore plus grand à la population.
Cette lecture ne peut que nous faire frémir. L'histoire de Vassia représente à elle seule la folie humaine. Cette folie qui a conduit à taire les conséquences de l'accident de Tchernobyl et à condamner ainsi tant de personnes qui auraient pu être sauvées. La situation des "samiosol", ces personnes qui refusent le déracinement et vivent sur les terres irradiées ne peuvent que bouleverser le lecteur. Ces personnes sont condamnées, elles meurent les unes après les autres et pourtant, s'accrochent à la vie et à leurs racines.
A travers ce livre, l'auteur rend hommage aux victimes de Tchernobyl, ces gens à qui l'on a dissimulé la vérité, à tous ceux qui ont payé ce mensonge de leur santé et de leur vie mais aussi à tous ceux qui ont tenté de crier la vérité et de prévenir la population du danger. Hommage et dénonciation à la fois, ce texte m'a autant bouleversé que consterné.
C'est un roman, certes, mais un roman inspiré de faits et de personnes réelles, un roman qui m'a prise aux tripes, un roman profondément engagé. A lire absolument. A lire pour savoir, pour ne pas oublier.
Extrait :
"On devait d'abord boire beaucoup de lait. Mais après plus du tout, parce que le lait était contaminé (les vaches mangent de l'herbe et on nous a dit que c'est dans l'herbe qu'il y a le plus de radiations). Buvez plutôt de l'eau, sans rien. De l'eau en abondance. Il faut hydrater le corps pour que les particules radioactives s'évacuent par la sueur et par l'urine. Plus tard, ils on dit que l'eau aussi était contaminée, surtout celle des puits et des étangs. Ne prenez pas de mesures particulières, continuez à mener une vie normale. Comme avant. Alors, qu'est-ce qu'il faut faire finalement? je leur ai demandé."
J'en garde un merveilleux souvenir !
RépondreSupprimerJe garderai un souvenir très marquant de ce livre, c'est certain!
SupprimerDaphné