Auteur : Paule Constant
Titre : Deschauves-souris, des singes et des hommes
Genre : romanLangue d’origine : Français
Editeur : Gallimard
Nombre de pages : 166
Date de parution : 2016
Résumé de l'éditeur :
Dans un village africain, une fillette heureuse cajole une chauve-souris. De jeunes garçons rapportent fièrement de la forêt le cadavre d’un beau singe au dos argenté. Ainsi débute une série d’événements qui frappent tour à tour les protagonistes de cette histoire : habitants des cases, coupeurs d’hévéas, marchands ambulants, piroguiers, soignants, et même primatologues en mission.
Un mal pernicieux se propage silencieusement au pied de la Montagne des nuages, et le long d’une rivière sur laquelle glisseront bientôt les pirogues funèbres. La plupart l’ignorent superbement, d’autres en cherchent vainement l’explication dans la magie, la science ou la nature.
C’est avec poésie et humour que Paule Constant nous fait vivre ce conte déchirant de notre temps, dans un style dont la paradoxale légèreté parvient à nous faire partager tant de douloureuses péripéties, en nous conduisant aussi pas à pas vers une fin qui n’est peut-être qu’un autre début.
Mon avis :
En commençant ce livre, je m'attendais à histoire en forme de conte, un dépaysement , une sorte de jolie fable aux couleurs de l'Afrique, une atmosphère un peu magique... j'ai assez vite déchanté! Si ce livre possède de nombreuses qualités, il n'a rien du joli conte à écouter autour d'un feu de bois auquel je m'attendais!
Le moins qu'on puisse dire, c'est que ce n'est pas gai. Dans un petit village africain, alors qu'Olympe, une petite fille de sept ans est ravie d'avoir découvert une chauve souris, les garçons du village ramènent fièrement de la chasse -disent ils!- un énorme gorille dont les habitants feront un festin. Parallèlement, Agrippine, jeune médecin belge, vient mener non loin de là une campagne de vaccination par le biais d'une organisation humanitaire. Mais quel est ce mal étrange qui vient soudainement emporter les frères de la petite Olympe? Celle-ci est elle vraiment porteuse de malheur comme le prétend la superstition?
L'auteur nous entraîne ici en plein cœur du Congo et nous amène à nous interroger sur les origines d'un fléau destructeur dont le véritable nom ne nous sera donné qu'à la fin du livre même si le lecteur comprend assez rapidement de quoi il s'agit. Ne serait ce donc qu'une succession d'événements à priori si banals qui peuvent causer une telle catastrophe?
A travers le personnage d’Agrippine, ce roman nous amène également à nous interroger sur la présence et la vision occidentale en Afrique. L’ambiguïté de cette relation entre l’Afrique et l'Occident est ainsi finement observée.
D'une écriture oscillant sans cesse entre la poésie et le cynisme, parfois teintée d'humour malgré la gravité du sujet, Paule Constant nous offre là un livre puissant où s'affrontent sans cesse la vie et la mort, les bonnes intentions et l'incompréhension entre deux mondes si éloignés l'un de l'autre. Si j'ai été surprise à la lecture de ce livre ne m'attendant pas à ce genre de sujet, je n'ai cependant pas été déçue. A lire absolument!
Extrait :
"Olympe ne possédait ni lit, ni couverture, rien qu'une natte usée qu'elle ne retrouvait pas toujours. Elle n'avait pas de jouets, de ceux que l'on achète, mais elle en fabriquait beaucoup avec du fil de fer, du bois et des os. Elle n'utilisait pas de brosse à dents mais se servait comme tout le monde d'un bout de bois émoussé. Pas de savonnette, pas de vêtements. Un matin, pour afistoler sa nudité, sa mère lui avait noué un fil de perles blanches autour des reins. L'enfance, du lait au sein, du nez mouché entre deux doigts, de l'urine qui rougit la terre aux pieds de sa mère, était terminée."
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