mardi 23 mai 2017

La peste écarlate - Jack London

Par Ariane


Auteur : Jack London

Titre : La peste écarlate

Genre : roman

Langue d’origine : anglais (américain)

Traducteur : Louis Postif

Editeur : Actes Sud

Nombre de pages : 128p

Date de parution : novembre 2011 (1ère parution 1912)

Présentation de l’éditeur :

Un ancien professeur d'université erre en compagnie de ses petits-enfants, revêtus de peaux de bêtes, dans un paysage désolé. Celui de la baie de San Francisco, ravagée soixante ans auparavant par un terrible fléau. Nous sommes en 2013. Quelques hordes subsistent, et de rares survivants tentent de raconter le monde d'avant à des enfants qui ne savent même pas compter. La seule issue est de reprendre depuis les commencements la marche vers la civilisation perdue.
Jack London met toute sa puissance d'évocation au service de ce récit d'apocalypse, offrant de ces grandes peurs qui ravagent le monde une vision terrible - et quasi prophétique - et inscrivant de fait sa peste écarlate dans la lignée des fléaux bibliques, des terreurs millénaristes. Un texte qui prend dès lors une étonnante et inquiétante modernité.



Mon avis :

Lorsque je me suis lancée dans la découverte de la littérature post-apocalyptique, j’ai appris avec surprise que Jack London avait lui aussi donné dans ce genre. Pour moi London c’est avant tout des récits d’aventure, avec des romans mythiques comme Croc-blanc ou L’appel de la forêt. J’étais intriguée, et Laure, avec qui je partage ces découvertes tout au long de l’année, me l’ayant recommandé, je me suis donc plongée dans la lecture d’un auteur que je n’avais pas relu depuis le collège.

En 2073, un vieil homme raconte à ses petits-fils ses souvenirs d’une société disparue suite à une épidémie mortelle survenue une soixantaine d’années auparavant.

On part donc sur des principes classiques en science-fiction : une épidémie ravage l’humanité, ramenant les rares survivants à une vie primitive. C’est Smith qui nous fait le récit de cet effondrement survenu lorsqu’il était un jeune professeur d’université. Le roman est très court, débutant par le récit d’une promenade en forêt en compagnie de l’un de ses petits-fils avant que Smith prenne la parole. Le décalage est grand entre la vie actuelle de Smith et ce qu’il raconte. D’ailleurs, cela n’a pas grand sens pour les trois jeunes garçons qui n’ont connu que ce monde primitif où il faut chasser pour se nourrir ou se vêtir.

Par son récit, Smith ne cherche pas uniquement à leur parler d’un monde disparu. Il souhaite avant tout, semer dans leur esprit le souvenir de ce qui fut perdu, de ce qui pourrait être recommencé. Il souhaite leur offrir, à eux et à l’humanité, un avenir, grâce aux livres qu’il a réunis et protégés patiemment. Le savoir des siècles passés est donc préservé dans une caverne alors que les hommes de ce temps ne savent ni lire ni écrire. C’est un monde où ce savoir n’est plus nécessaire, les hommes tels que Smith n’y ont plus leur place, seule la force importe désormais. Le couple formé par Le Chauffeur et Vesta illustre bien l’inversement des valeurs d’un monde. Vesta était l’héritière d’une grande fortune, une jeune femme bien née et bien éduquée, mais son intelligence et sa fortune n’ont plus aucune valeur. Dans le monde d’avant, jamais un homme tel que Le Chauffeur, ancien employé de la famille de Vesta, cruel et brutal n’aurait osé poser la main sur elle.

J’ai été surprise par la modernité de ce texte. Certains passages m’ont fait penser aux films d’horreur ou à d’autres romans du genre : les survivants qui se replient dans une place forte avant de devoir abandonner la place, la rapidité de la contagion et de l’effondrement total, les violences, l’errance, la solitude,… Autant de schémas que l’on retrouve fréquemment.
Et dans le même temps, la société de 2013 telle que l'imagine London est assez éloignée de la réalité (en dehors de l'épidémie bien sûr !). C'est un monde qui ressemble par certains aspects à une version un peu plus moderne de ce qu'il était en 1912 lorsque London a écrit le texte : charrettes à cheval, de rares voitures, dirigeable, communication par télégraphe,... 

Une découverte surprenante.



Extrait :

« Le sol, aujourd’hui est trop vaste pour les quelques hommes qui y survivent. Mais ces hommes croîtront et multiplieront et, dans quelques générations, ils trouveront la terre trop étroite et commenceront à s’entretuer. Cela, c’est fatal. »

L'avis de Laure qui a déjà lu ce roman et présente donc aujourd'hui Station eleven pour lequel j'avais eu un coup de cœur (mon avis). 
http://profplatypus.fr/challenge-classique-2017-la-page/

1 commentaire:

  1. J'ai vraiment adoré ce texte, et c'est en effet étonnant de le lire maintenant, même si Jack reste loin de ce que 2013 est aujourd'hui (et heureusement !)

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