Auteur :
Morgan Audic
Titre :
De bonnes raisons de mourir
Genre :
roman policier
Langue
d’origine : français
Editeur :
Albin Michel
Nombre de
pages : 496p
Date de
parution : mai 2019
Mon avis :
Repéré chez Eva, ce polar a rempli toutes ses promesses.
Leonid Sokolov est retrouvé assassiné dans la ville de
Prypiat, désertée depuis l’explosion de la centrale nucléaire de Tchernobyl
trente ans plus tôt. Son cadavre mutilé a été accroché à la façade d’un
immeuble. Le commissaire Melnyk comprend vite qu’un lien doit exister entre le
meurtre de Leonid et celui de sa mère, la nuit même de la catastrophe. En
Russie, le père de Léonid, ne faisant pas confiance à la police ukrainienne, décide
d’engager le lieutenant Ribalko, originaire de Prypiat, pour retrouver le
meurtrier de son fils.
Morgan Audic nous propose un roman noir à l’intrigue
efficace et bien construite. Les pages défilent à toute vitesse, le mystère
plane même si quelques pistes se dessinent et certaines finiront par se concrétiser.
On est ici dans un roman bien noir, les crimes commis sont atroces et le décor
post apocalyptique de Prypiat s’y prête particulièrement !
J'ai beaucoup aimé les enquêtes croisées de Rybalko et
Melnyk, chacun disposant d’informations manquant à l’autre. Ces deux
personnages, de tempéraments très différents, incarnent deux profils de flics
que l’on croise régulièrement dans les romans et films policiers. D’un côté le
vieux flic, un peu désabusé, de l’autre la tête brûlée, en plein divorce
difficile. Pourtant, l’auteur a su donner de l’épaisseur à ces personnages qui
auraient pu être de véritables clichés.
Au-delà de l’intrigue policière, j’ai été très intéressée
par le contexte historique et social. Morgan Audic nous parle d’une catastrophe
qui nous semble lointaine, dans le temps et dans l’espace. Un devoir de mémoire
et de vigilance. Il nous raconte aussi comment les choses se passent aujourd’hui
dans la zone d’exclusion de Tchernobyl, le retour de certains habitants, les
magouilles de trafiquants sans scrupules, la prolifération d’animaux qui ne
sont plus dérangés par l’activité humaine, les maladies et malformations
touchant les humains comme les animaux, le tourisme et les incursions des
stalkers. Il y est également question de la guerre du Donbass, sur laquelle j’ignore
tout il faut bien le dire…
Je termine ma lecture ravie comme je ne l’ai pas été depuis
longtemps par ce genre de roman.
Extrait :
« Avec amertume, il se dit que le monde se souvenait de
dictateurs, de joueurs de foot brésiliens et d'artistes peignant des carrés
blancs sur fond blanc, mais que personne ne pouvait donner le nom d'un seul de
ces hommes qui avaient sauvé l'Europe d'un cataclysme nucléaire sans précédent.
Qui connaissait Alexeï Ananenko, Valeri Bespalov et Boris Baranov? Qui savaient
qu'ils s'étaient portés volontaires pour plonger dans le bassin inondé sous le
réacteur 4, pour activer ses pompes et le vider de son eau avant que le cœur en
fusion ne l'atteigne? Qui savait que si le magna d'uranium et de graphite
s'était déversé dans le bassin, il se serait produit une explosion de plusieurs
mégatonnes qui auraient rendu inhabitable une bonne partie de l'Europe? Qui le
savait? »
« L'aveu, l'aveu... C'était une obsession dans la
police soviétique, à tous les niveaux. Tout criminel devait avouer son crime,
comme Raskolnikov dans Crimes et Châtiments, comme les accusés dans les grands
procès staliniens. C'était le couronnement de toute bonne enquête. Les preuves
étaient presque superflues en comparaison. On pouvait les fabriquer par la
suite. »
« - Je suis né soviétique. La Russie, c'est mon pays. L’Ukraine
aussi. Choisir entre les deux, ce serait comme choisir entre mon père et ma
mère.
- Votre père battait votre mère ? Parce que là, l'Ukraine a de beaux cocards, quand même. »
- Votre père battait votre mère ? Parce que là, l'Ukraine a de beaux cocards, quand même. »
Le contexte est inhabituel et est très tentant en effet. Ça ne me paraît pas si loin que ça la catastrophe de Tchernobyl et c'était tellement marquant sur le coup.
RépondreSupprimerJ'avais 4 ans quand ça c'est produit, je n'en ai aucun souvenir, c'est un événement que j'ai surtout découvert en cours d'histoire.
SupprimerMais par exemple le 11 septembre 2001, j'avais 20 ans, je m'en souviens précisément, c'est un événement qui m'a profondément marquée. Mais pour mes nièces qui avaient 5 et 1 an cela semble probablement bien loin...
Les avis sont décidément très bons sur ce roman, qui me tente de plus en plus...
RépondreSupprimerAlors laisse toi tenter 😉
SupprimerLe contexte me tente, car on ne sait pas grand chose de cette région du monde.
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