Auteur :
Sébastien Bohler
Titre :
Le bug humain.
Genre :
document
Langue
d’origine : français
Editeur :
Robert Laffont
Nombre de
pages : 270p
Date de
parution : février 2019
Mon avis :
« Pourquoi notre cerveau nous pousse à détruire la
planète et comment l’en empêcher. » Le sous-titre du livre de Sébastien
Bohler est on ne peut plus explicite sur les deux problématiques qu’il
développe ici. En effet, une bonne partie des habitants de cette planète a
désormais pris conscience de la catastrophe que notre mode de vie provoque et
malgré cela on continue à ne rien faire. Pas grand-chose en tout cas. Cela me
fait penser à cette histoire dans le film La
haine, cet homme qui tombe d’un immeuble et qui tout le long de sa chute se
dit « jusqu’ici tout va bien. » Alors, pourquoi n’agissons-nous pas
réellement tant qu’il en est temps ?
D’après Sébastien Bohler, le coupable serait notre striatum,
une structure cérébrale programmée depuis l’aube de l’humanité pour en vouloir
toujours plus. Plus de nourriture, plus de pouvoir, plus de sexe, plus d’informations,
tout cela en fournissant le minimum d’efforts. Le résultat on le constate
actuellement : surconsommation, surinformation, surpoids,… Mais notre
striatum, éternel insatisfait, continue d’en vouloir encore plus, conduisant l’humanité
à sa perte, et avec elle une bonne partie de la faune et de la flore.
Alors tout espoir est-il perdu ? Non, car Sébastien
Bohler nous propose des pistes. En ayant conscience de l’influence néfaste de
notre striatum, plutôt que de le laisser dominer nos comportements, faisons confiance
à notre cortex cérébral et détachons nous de cette course à la consommation.
Pour y parvenir il faudra changer nos habitudes de vie du tout au tout : minimalisme,
méditation et curiosité intellectuelle.
C’est un ouvrage documenté et passionnant sur un sujet qui,
comme beaucoup, me préoccupe particulièrement. Bien consciente que mes petites
initiatives individuelles (tendre vers le zéro déchets, favoriser une consommation
bio et locale,…) sont imparfaites (car j’ai encore tendance à acheter des
choses inutiles, à aller vers certaines facilités,…) et ne sont qu’une goutte d’eau
dans l’océan, j’ai parfois tendance à désespérer devant l’inaction, voire l’indifférence,
que je constate autour de moi. Sébastien Bohler propose donc des pistes de réflexion
pour expliquer ce manque flagrant d’investissement que ce soit individuel,
collectif, politique,… J’ai lu pas mal de choses sur le sujet mais je n’aurais
jamais imaginé aborder cette question sous l’angle des neurosciences. D’ailleurs
je n’aurais jamais imaginé lire un livre traitant de neurosciences ! Moi
qui ne suis pas scientifique le moins du monde, j’ai pourtant suivi sans peine
le propos de Sébastien Bohler, dont l’exposé est limpide et convaincant.
Ses pistes pour contrer l’influence de notre striatum sont
on ne peut plus séduisantes, pourtant j’ai comme un doute… L’humanité est-elle
prête à remplacer les starlettes de téléréalité et les footballeurs par des
écrivains ? A troquer sa dose d’émissions télé, de jeux vidéo et de vidéos
pornographiques par des exercices intellectuels et la méditation ? A se
passer de gadgets et de vêtements à la mode pour vivre dans la sobriété ? J’ai
bien peur que cela ne soit utopique. Alors…nos chances semblent bien minces…
Extrait :
« Beaucoup d’entre nous commencent à être informés que
l’extraction des matières premières comme les terres rares destinées ç la
fabrication des écrans et des smartphone, de même que la maintenance et l’utilisation
des serveurs Internet à l’échelle planétaire, détruisent des centaines d’espèces
animales et libèrent des millions de tonnes de gaz à effet de serre qui
chasseront plus tard des populations entières de leur lieu de résidence ;
mais cela ne change rien. Nous ne modifions pas l’ordre de nos préoccupations,
et nous préférons voir des corps nus s’accoupler sur des écrans ou des chatons trottiner
sur des moquettes angora, quitte à être confrontés plus tard à des problèmes de
première urgence, plutôt que de prendre nos destinées en main. »
« La catastrophe consumériste dans laquelle nous sommes
engagés n’existerait pas sans ces deux ingrédients : le cerveau d’un
primate et la technologie d’un dieu. »
« (…) par le double truchement de la mécanisation et d’Internet,
le cerveau humain a trouvé un moyen de satisfaire deux besoins qui semblaient à
première vue contradictoires :1) ne rien faire et 2) se sentir important.
Et ce, de façon démocratique et massive, à l’échelle de milliards d’individus. »
« Envisager l’humanité comme une assemblée de cerveaux
ayant atteint un niveau de conscience élevé, capables de modération, de
patience et d’une forme de sagesse, est probablement prématuré. »
Je crois que je l'ai entendu à la radio récemment. Je ne me sens pas dans cette spirale d'hyper-consommation, mais j'y suis forcément aussi, sans m'en rendre compte. J'y réfléchis depuis quarante ans maintenant. Il y a 40 ans je passais pour une allumée, aujourd'hui je deviens banale. Pour que ça change il faudrait que des décisions soient prises à des niveaux élevés, c'est là que ça freine le plus.
RépondreSupprimerConnais pas mais c'est tout à fait le genre de livre que j'aime découvrir. Je me sens concernée et si tous consommaient comme moi, on serait dans la décadence! ^_^ (Les libraires s'en tireraient)
RépondreSupprimerMoi aussi j'ai un doute... Comme tout le monde je suis bien ancrée dans la société de consommation (difficile de faire autrement quand on vit en ville) mais je passe pour une extra-terrestre quand je dis que je n'ai pas de portable ou de carte bleue parce que j'estime ne pas en avoir besoin.. j'ai l'impression que la plupart des gens n'imaginent même pas qu'un autre mode de vie est possible.
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