Auteur : Chimamanda Ngozi Adichie
Titre : Americanah
Genre : roman
Langue d’origine : anglais (Nigéria)
Traducteur : Anne Damour
Editeur : Gallimard
Nombre de pages : 528p
Date de parution : janvier 2015
Présentation de l’éditeur :
«En descendant de l’avion à Lagos, j’ai eu l’impression d’avoir cessé d’être noire.»
Ifemelu quitte le Nigeria pour aller faire ses études à
Philadelphie. Jeune et inexpérimentée, elle laisse derrière elle son grand
amour, Obinze, éternel admirateur de l’Amérique qui compte bien la rejoindre. «En descendant de l’avion à Lagos, j’ai eu l’impression d’avoir cessé d’être noire.»
Mais comment rester soi lorsqu’on change de continent, lorsque soudainement la couleur de votre peau prend un sens et une importance que vous ne lui aviez jamais donnés?
Pendant quinze ans, Ifemelu tentera de trouver sa place aux États-Unis, un pays profondément marqué par le racisme et la discrimination. De défaites en réussites, elle trace son chemin, pour finir par revenir sur ses pas, jusque chez elle, au Nigeria.
À la fois drôle et grave, doux mélange de lumière et d’ombre, Americanah est une magnifique histoire d’amour, de soi d’abord mais également des autres, ou d’un autre. De son ton irrévérencieux, Chimamanda Ngozi Adichie fait valser le politiquement correct et les clichés…
Mon avis :
Ifemelu est une jeune nigériane issue de la classe moyenne
de Lagos. Jeune femme intelligente et à la personnalité affirmée, elle obtient une
bourse pour étudier aux Etats-Unis. Quittant son pays, sa famille et Obinze,
son grand amour, elle découvre un nouveau monde. « Moi-même je ne me sentais pas noire, je suis devenue noire qu'en
arrivant en Amérique. » C’est cette constatation qui l’incitera à
ouvrir un blog dans lequel elle livre ses réflexions sur la condition des noirs
aux Etats-Unis, le racisme, la différence entre afro-américains et africains,… Installée
aux Etats-Unis pendant près de quinze ans, Ifemelu décide finalement de rentrer
au Nigéria.
J’ai trouvé ce roman très intéressant notamment dans sa
réflexion sur l’exil. Le sort d’Obinze, étudiant diplômé et brillant se
retrouvant à nettoyer les toilettes d’un immeuble de bureaux londonien illustre
avec justesse, sans pathos, la réalité de milliers de personnes. Contrairement
à la majorité des immigrants arrivant en Europe ou aux Etats-Unis, Obinze,
Ifemelu et leurs amis ont grandi dans un milieu protégé.
Ce qui surprend leurs amis d'ailleurs et, il faut bien l'avouer, moi aussi « Alexa, et les autres invités, peut-être même
Georgina, comprenaient tous la fuite devant la guerre, devant la pauvreté qui
broyait l’âme humaine, mais ils étaient incapables de comprendre le besoin
d’échapper à la léthargie pesante du manque de choix. Ils ne comprenaient pas
que des gens comme lui, qui avaient été bien nourris, n’avaient pas manqué
d’eau, mais étaient englués dans l’insatisfaction, conditionnés depuis leur
naissance à regarder ailleurs, éternellement convaincus que la vie véritable se
déroulait dans cet ailleurs, étaient aujourd’hui prêts à commettre des actes
dangereux, des actes illégaux, pour pouvoir partir, bien qu’aucun d’entre eux
ne meure de faim, n’ait été violé, ou ne fuie des villages incendiés,
simplement avide d’avoir le choix, avide de certitude. »
Et mis à part Obinze,
la plupart d’entre eux s’en sortent très bien dans leur nouvelle vie. Ifemelu
étudiante dans une université de l’Ivy League en couple d’abord avec un riche
américain puis avec un universitaire : rien à voir avec la situation de la
plupart des migrantes africaines.
La question du racisme, au cœur de la réflexion d’Ifemelu et
de son blog, est particulièrement intéressante. Ifemelu, Obinze et les autres
immigrants sont confrontés à la fois au racisme primaire mais aussi à une
vision infantilisante de certains bobos de l’Afrique. Et toujours une certaine
hypocrisie face au racisme «Les
Américains disent parfois "culture" au lieu de race. Quand ils disent
d'un film qu'il est "grand public" cela signifie "Il plaît aux
Blancs ou des Blancs l'ont réalisé." Quand ils disent "urbain"
cela signifie noir et pauvre, éventuellement dangereux et potentiellement
excitant. "Connotations raciales" veut dire ce que nous hésitons à
dire "raciste". » Mais j’ai été un peu gênée par moments par
le discours d’Ifemelu. Ainsi, si elle reconnaît que les noirs ne sont pas les
seuls à subir racisme ou discriminations, elle dit que c’est
quand même toujours pire pour les noirs. En tout cas, c’est comme ça que je l’ai perçu
et je n’apprécie pas forcément cette façon de hiérarchiser les souffrances.
En revanche je n’ai pas vraiment accroché avec les
personnages. Ifemelu m’a particulièrement agacée. Je l’ai trouvée
souvent désagréable dans ses rapports aux autres et si ses réflexions sur le
racisme sont justes et pertinentes j’ai parfois eu le sentiment qu’elle était
indifférente au sort d’autrui. Ses amis américains, universitaires prétentieux
et pédants, sont particulièrement énervants. Finalement, c’est le personnage et
le parcours d’Obinze qui m’ont le plus touchée, il m’a semblé plus authentique
qu’Ifemelu. Dans ses rêves et ses doutes, ses réussites et ses échecs, Obinze
se montre profondément humain « Depuis
quelques mois, il avait l’impression d’être surchargé par tout ce qu’il avait
acquis – la famille, les maisons, les voitures, les comptes en banque- et était
pris, de temps en temps, de l’envie de crever cette bulle avec une épingle, de
tout faire dégonfler, pour être libre. Il ne savait plus avec certitude, il ne
l’avait jamais su en réalité, il aimait vraiment cette existence ou s’il
l’aimait parce qu’il était censé l’aimer. »
Un roman sympathique mais qui me laisse tout de même un peu
déçue. Dans son billet Jérôme cite plusieurs auteurs ayant traité de la
condition africaine, qui je le pense, me conviendront plus.
Extrait :
« Mes cheveux épais et naturels feraient leur effet si
j’avais un entretien pour être chanteuse dans un orchestre de jazz, mais il
faut que j’aie l’air professionnel pour cet entretien, et professionnel
signifie avoir les cheveux raides. S’ils devaient être bouclés, il faudrait que
ce soit des boucles de Blanche, souples, ou au pire des anglaises, mais jamais
des cheveux crépus. »Extrait :
D'autres avis chez Clara, Keisha, Kathel, Micmelo, Eva, Jérôme, Hélène, Papillon, Sandrion,
Un roman qui me tente depuis quelques temps, mais je ne me suis toujours pas décidée à le lire... :)
RépondreSupprimerIl y en a comme ça pour lesquels on met du temps à se lancer.
SupprimerAriane
ça ne m'avait pas gênée qu'Ifemelu ne soit pas forcément sympathique car au fond, ça montrait aussi qu'elle n'était pas parfaite mais que ses "combats" étaient quand même justifiés. Comme toi j'ai aimé les parties concernant Obinze en Angleterre et je trouve d'ailleurs qu'on l'oublie un peu trop souvent. J'ai eu un coup de coeur.
RépondreSupprimerJ'aurai aimé suivre plus ce personnage. Concernant Ifemelu, je n'espérais pas non plus un personnage parfait (trop ennuyeux) mais là je la trouve bien souvent franchement antipathique.
SupprimerAriane
J'aime bien Obinze aussi... Mon billet est programmé pour lundi.
RépondreSupprimerFinalement ce roman suscite un peu moins d'enthousiasme qu'au début, mais je ne regrette pas de l'avoir lu.
J'attends ton billet alors.
SupprimerAriane
Les billets se font plus nuancés avec le temps, ce n'est pas plus mal, j'en attendrai un peu moins quand je le lirai (parce que j'ai bien l'intention de le lire).
RépondreSupprimerIl vaut toujours mieux se faire sa propre opinion.
SupprimerAriane
J'ai vu ce livre chroniqué sur plusieurs blogs (il y a eu une descente de SP ?). C'est vrai aussi que les romans sur l'exil sont légion.
RépondreSupprimerC'est un thème vraiment intéressant je trouve.
SupprimerAriane
Il m’intéresse ce livre, je le lirais bien...
RépondreSupprimerDaphné
Il y a beaucoup de choses qui devraient te plaire je pense.
SupprimerAriane
C'est vrai qu'elle est agaçante, je n'ai pas accroché non plus pour le personnage, mais j'ai passé un très bon moment quand même.
RépondreSupprimerIl y a beaucoup de très bonnes choses qui m'ont plu malgré ce personnage principal peu sympathique.
SupprimerAriane
Oui elle a son caractère mais pour moi, il s'agit d'un très bon livre !
RépondreSupprimerUn bon livre je suis d'accord, mais pas autant que ce que j'attendais au vu de tous les avis très enthousiastes que j'avais lu.
SupprimerAriane
C'est un roman engagé qui aborde des sujets vraiment très intéressants mais je ne me suis pas laissé embarquer et je le regrette.
RépondreSupprimerTout pareil ! :-)
SupprimerAriane
Bonjour,
RépondreSupprimercurieusement, ce qui t'as visiblement déplu me donne assez envie (confirme mon envie de lire ce livre en fait) : j'aime assez quand les personnages ne sont pas lisses, quand ils ont une vraie personnalités. Si certains d'entre eux ont réussi à t'agacer, ils doivent être consistants et réussis !
Le personnage d'Ifemelu est intéressant c'est vrai. En revanche ses amis ou certains de ceux d'Obinze à Londres (Emenike notamment) sont énervants sans pour autant être intéressants.
SupprimerAriane
C'est un roman qui a l'air très intéressant mais qui pour l'instant ne me tente pas, peut-être parce qu'on le voit beaucoup sur les blogs, à voir !
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