La verticale de la lune - Fabienne Juhel

Par Daphné

 Auteur :  Fabienne Juhel

Titre : La verticale de la lune

Genre : roman 

Langue d’origine : fançais

Éditeur : Babel

Date de parution : 2005

Nombre de pages: 146

Résumé de l'éditeur:

Dans une maison bretonne, entourée d'un immense parc boisé, habitent trois femmes. La narratrice est une enfant rêveuse et menteuse que sa mère abandonne souvent à Teresa, la bonne mexicaine. L'enfant compte pour amis la poupée Nadine qu'elle aime surtout martyriser, Teresa dont elle apprécie les rondeurs et la cuisine gourmande et puis les arbres, auxquels elle est liée presque charnellement. Parmi ces arbres, il y a le grand hêtre, son arbre à rêves, son confident. 

Elle dont l'esprit fourmille de fables et qui comprend peu à peu qu'elle est une enfant du mensonge, à qui on cache un secret, a noué avec la nature qui l'environne un lien vrai, sincère. Aussi, quand un bûcheron est engagé pour nettoyer le parc, c'est tout son royaume qui est menacé. Comme elle, il connaît les arbres, mais il les tue. Incapable de rester inerte face au massacre de ses compagnons, gardienne jalouse de son petit temple de femmes, elle va faire de celui qu'elle surnomme "l'Indien" l'ennemi à abattre. 

Est-elle une sorcière toute-puissante ou une enfant fantasque et innocente, jouet de ses propres illusions ? Porté par la voix inquiétante et cruelle d'un personnage aussi inventif qu'audacieux, le premier roman de Fabienne Juhel aborde le passage à l'âge adulte dans ce qu'il a de plus troublant.

Mon avis:

Ce livre m'a été offert par Ariane, ma co-blogueuse lors d'un swap! Je commencerai donc cet article en la remerciant pour ce livre que j'ai lu avec beaucoup de plaisir!

J'avais hâte de découvrir ce roman que j'avais envie de lire depuis longtemps. Je ne m'attendais pas du tout à ce type d'écriture mais je n'ai pas été déçue. En effet, ce livre m'a surprise par son style. Une écriture profonde et sensuelle, voilée de mystère. Une écriture qui se ressent plus qu'elle ne se lit. 

La narratrice est une petite fille dont n’apparaît à aucun moment l'âge ou le prénom (en revanche, on connait son deuxième et son troisième prénom!). Petite fille solitaire, audacieuse et imaginative, elle entretient un rapport charnel avec les arbres, notamment avec le grand hêtre, son préféré. Aussi, quand arrive "l'Indien", bûcheron qui menace de détruire ses seuls amis, elle commence d'abord par le détester. Il est l'intrus, intrus dans ce monde féminin, intrus dans ce monde boisé, ennemi qui pourtant, elle le comprendra par la suite, soigne le bois en le dépeuplant. La fillette l'espionne tout comme elle espionne sa mère, portant sur le monde des adultes un regard étrange, fascinant. Un regard qui ne semble pas être celui d'une enfant tant il est sombre et lucide à certains moments.

Cette noirceur et une telle sensualité dans un regard enfantin m'a, par moment, presque mise mal à l'aise et pourtant...pourtant, j'ai trouvé une grande beauté à ce roman et me suis laissée porter par ce texte tout en sensations. On se demande où est le vrai, le faux, on s'interroge, se demandant si l'enfant est plus portée par son imagination ou un mensonge savamment maîtrisé. On hésite, on ne sait pas et pourtant cela n'a guère d'importance car on se retrouve entraîné dans son univers par la voix de cette petite fille. 

La fin est étonnante, remettant en question tout ce que l'on avait compris de l'histoire, les dernières pages faisant écho aux premiers mots du livre. 

Une lecture étrange donc, tant dans l'écriture que dans l'histoire. Il me tarde de découvrir un autre roman de cette auteur.

Extrait:

"J'ai été arbre dans un rêve végétal."