prix fémina 2013
Auteur :
Léonora Miano
Titre : La saison de l’ombre
Genre : roman
Langue d’origine : français
Editeur : Grasset
Nombre de pages : 235p
Date de parution : août 2013
Présentation de l’éditeur :
Si leurs
fils ne sont jamais retrouvés, si le ngambi ne révèle pas ce qui leur est
arrivé, on ne racontera pas le chagrin de ces mères. La communauté oubliera les
dix jeunes initiés, les deux hommes d'âge mûr, évaporés dans l'air au cours du
grand incendie. Du feu lui-même, on ne dira plus rien. Qui goûte le souvenir
des défaites ? »Titre : La saison de l’ombre
Genre : roman
Langue d’origine : français
Editeur : Grasset
Nombre de pages : 235p
Date de parution : août 2013
Présentation de l’éditeur :
Nous sommes en Afrique sub-saharienne, quelque part à l'intérieur des terres, dans le clan Mulungo. Les fils aînés ont disparu, leurs mères sont regroupées à l'écart. Quel malheur vient de s'abattre sur le village ? Où sont les garçons ? Au cours d'une quête initiatique et périlleuse, les émissaires du clan, le chef Mukano, et trois mères courageuses, vont comprendre que leurs voisins, les Bwele, les ont capturés et vendus aux étrangers venus du Nord par les eaux.
Dans ce roman puissant, Léonora Miano revient sur la traite négrière pour faire entendre la voix de celles et ceux à qui elle a volé un être cher. L'histoire de l'Afrique sub-saharienne s'y drape dans une prose magnifique et mystérieuse, imprégnée du mysticisme, de croyances, et de « l'obligation d'inventer pour survivre.
Mon avis :
Voici une lecture qui change assurément de mes lectures habituelles. Je lis rarement de la littérature africaine, par méconnaissance je pense.
Léonora Miano signe ici un roman magnifique abordant un sujet particulièrement tabou la traite des esclaves et particulièrement le rôle joué par certaines tribus. Ici, Léonora Miano s’attache à ceux qui reste après la disparition soudaine et inexpliquée de douze hommes du clan des Mulongo. Les membres du clan cherchent à comprendre ce qui est arrivé à ces hommes, les mères sont mises à l’écart du groupe. L’auteur met en scène plusieurs personnages Eseibe, Eyabe, Mukano, Mutango,… qui au cours d’une enquête parfois mystique vont comprendre ce qui est arrivé.
Les européens ne jouent aucun rôle actif dans l’histoire, ils font du troc avec les populations côtières : des tissus et des armes contre des êtres humains. A plusieurs reprises les partenaires commerciaux disent des « hommes au pied de poule » puisque c’est ainsi que sont nommés les européens qu’il faudrait les peindre pour leur donner « figure humaine ». Cette petite phrase m’a amusée, illustrant parfaitement le paradoxe de la perception de l’autre. Pour les européens, c’étaient les africains qui n’avaient pas « figure humaine » ! L’auteur évite soigneusement tout anachronisme ou toute référence à des éléments inconnus des africains. J’ai beaucoup aimé cette immersion.
Les douze hommes disparus du village Mulongo incarnent ces milliers d’hommes, de femmes et d’enfants qui ont été vendus comme esclaves. Léonora Miano leur redonne une identité, elle les replace dans un clan, une famille. Elle expose la blessure, la peur, l’incompréhension de ceux qui ont ainsi perdu un proche. Elle met au jour le comportement de certains clans ayant capturé et vendu d’autres clans.
Le style de Léonora Miano est très particulier. Il m’a fallu m’accrocher un peu au départ pour m’habituer à cette écriture inhabituelle. Mais ensuite, j’ai été totalement subjuguée par ses mots magnifiques.
Une très belle et touchante lecture.
Extrait :
« Eyabé a l’impression d’entendre le chant de Weya, la terre première. Ceci la trouble quelque peu. Depuis qu’elle s’est mise en route pour trouver le pays de l’eau, elle considère cette dernière comme une puissance hostile, une force néfaste qui lui a ravi son premier né. L’enfant dont la venue au monde a consacré sa féminité aux yeux du clan. Celui grâce auquel il lui a été donné de se découvrir, de se connaître elle-même telle qu’elle ne s’était jamais envisagée. Inventive : combien de mélodies lui sont venues lorsqu’il fallait le bercer ? Savante : elle avait la réponse à ses questions, pas toujours, mais souvent. Douce : oui, elle dont l’adolescence s’était passé à rivaliser au tir à la fronde avec ses frères, à ne décidément pas comprendre l’intérêt des travaux de vannerie. »
Lu dans le cadre du challenge tour du monde en 8 ans pour le
Cameroun et Petit bac pour la catégorie couleur
C'est une auteure que je voudrais découvrir depuis longemps, il faudrait 7 vies !!
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