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vendredi 21 août 2020

Sous les lunes de Jupiter - Anuradha Roy


Par Daphné




 









Auteure : Anuradha Roy
Titre : Sous les lunes de Jupiter
Genre : roman
Langue d’origine : anglais (Inde)
Traductrice : Myriam Bellehigue
Editeur : Acte Sud
Nombre de pages : 351
Date de parution :  2017


Résumé de l'éditeur :

Élevée en Norvège par sa mère adoptive, Nomi revient un jour dans la petite ville sainte de la baie du Bengale où elle a passé une partie de son enfance. Si ce retour signifie d'abord la résurgence d'un passé douloureux, il est aussi l'occasion de rencontres faisant écho aux questionnements de la jeune femme sur les liens entre spiritualité et sexualité, souvenir et oubli, deuils et résilience.

Avec ce troisième roman, Anuradha Roy, dont l'écriture allie magistralement retenue et engagement, s'impose comme une voix forte de la littérature indienne contemporaine.

Mon avis :

Voilà un livre qui avait tout pour me plaire : de la littérature indienne, un thème qui m’intéressait, une construction chorale, une belle écriture... je m'apprêtais, en le commençant à passer un très bon moment de lecture. Malheureusement, j'ai été un peu déçue. Autant j'ai aimé certains personnages et certaines trames de l'histoire, autant d'autres m'ont laissée assez indifférente. J'ai trouvé les intrigues et les personnages assez inégaux et c'est bien dommage car d'autres parties du livre m'ont vraiment plu. C'est sans doute le risque avec les romans chorals : parfois, multiplier trop de points de vue perd le lecteur en route. Néanmoins, j'aime généralement beaucoup ce type de construction... mais cette fois, j'ai été un peu déçue. 

Ce livre a cependant de très bons côtés. Il nous décrit une Inde toute en contraste, sa dureté mais aussi sa beauté, et de personnages marqués par la vie, la violence, l'angoisse... Les sujets abordés ne sont pas forcément légers : la pédophilie, la perte de la mémoire, le sexisme, la guerre, tiennent ainsi une grande place dans ce roman et sont décrits avec beaucoup de noirceur. Cependant, ce livre met aussi en valeur l'amitié et l'amour avec beaucoup de subtilité.

Une lecture en demi teinte donc, car si certains passages n'ont pas su me toucher, d'autres m'ont au contraire beaucoup plu.

Extrait :

"Chaque maison était la réplique exacte de sa voisine. Dans ce pays, le soleil ressemblait à la lune et la lumière du jour me donnait l’impression que j’observais le monde à travers une perle de nacre. Il faisait froid, les arbres n’avaient pas de feuilles. Je n’avais jamais vu d’arbre sans feuilles."






lundi 25 mars 2019

Un fils en or - Shilpi Somaya Gowda

Par Daphné













Auteur : Shilipi Somaya Gowda
Titre : Un fils en or
Genre : roman
Langue d’origine : Anglais (Inde)
Traducteur : Josette chicieportiche
Editeur : Folio
Nombre de pages : 544
Date de parution : 2017

Résumé de l'éditeur :

Anil est un jeune Indien qui commence des études de médecine dans le Gujarat puis part les compléter aux États-Unis. Sa redoutable mère rêve pour lui d'une union prestigieuse. Or, depuis qu'il est petit, elle le sait très proche de Leena, la fille d'un métayer pauvre. Quand celle-ci devient une très belle jeune fille, il faut l'éloigner, en la mariant au plus vite.

Les destins croisés d'Anil et de Leena forment la trame de ce roman - lui en Amérique, qui est loin d'être le paradis dont il rêvait ; et elle en Inde, où sa vie sera celle de millions de femmes victimes de mariages arrangés. 
Ils se reverront un jour, chacun prêt à prendre sa vie en main. Mais auront-ils droit au bonheur ?


Mon avis :

J'ai beaucoup aimé La fille secrète, autre livre de cet auteure, que j'ai d'ailleurs lu plusieurs fois. Aussi avais-je hâte de lire celui-ci. Or, si j'ai pris plaisir à le lire, il m'a semblé moins abouti que La fille secrète que j'ai largement préféré. On ne peut cependant pas dire que j'ai été déçue car j'ai tout de même beaucoup aimé cette lecture.

Ce livre nous raconte les destins croisés d'Anil et de Leena. Tous deux sont nés en Inde et ont passé leur enfance ensemble... mais leurs vies seront bien différentes. 

Anil vient d'une famille aisée. Brillant étudiant de médecine, il décide de poursuivre ses études en Amérique. Mais le rêve américain est différent de ce à quoi il s'attendait. il y découvre la cruauté de la compétition, l'individualisme, le racisme et le mépris, le choc des cultures et le déracinement. Comment vivre pris entre deux mondes si différents, entre l'Inde son pays natal et l'Amérique, le pays qu'il a choisi ? Comment vivre avec deux cultures, adopter les coutumes de son pays d'adoption sans pour autant abandonner celles avec lesquelles il a grandi?

Leena, de son côté, mène une vie bien différente. Venant d'une classe sociale bien plus pauvre que celle d'Anil, un mariage arrangé l'unira à une homme particulièrement violent et une belle-famille qui la méprise, l'exploite et causera la ruine de ses parents. Son histoire nous montre la violence des conditions de vie des femmes et l'injustice liée aux classes sociales. 

Ce livre est fait d'oppositions : opposition entre le milieu social de Leena et celui d'Anil, opposition entre deux cultures et deux pays, opposition entre les rêves et la réalité, opposition entre la vie que l'on souhaiterait avoir etc elle que les autres souhaitent pour nous... Cette opposition se manifeste aussi par les séances d'arbitrage, coutume traditionnelle indienne qu'Anil doit conduire contre son gré, prenant la suite de son père. Mais les oppositions sont elles forcément négatives? Peut-être y a-t-il plusieurs manière de les vivre et de les comprendre? 

Un roman subtil et bien construit, un roman sur les différences, à la fois cruel et plein d'espoir. S'il ne m'a pas autant plu que La fille secrète, je l'ai toutefois trouvé très intéressant et me suis laissée porter par l'histoire de ces personnages qui tentent vaille que vaille de prendre leur vie en main. 

Extrait :

"Pourtant à mesure que les années passaient,il s'entait s'agrandir la distance entre les deux mondes où il vivait,et son pays d'adoption lui manquait autant que celui qu'il quittait.Ce serait toujours ainsi,il l'avait compris, toujours ce tiraillement entre la terre qui l'avait vu naître et celle qu'il avait choisie."

vendredi 11 mai 2018

Le ministère du bonheur suprême - Arundhati Roy

Par Daphné
















Auteur :Arundhati Roy
Titre : Le ministère du bonheur suprême
Genre : roman
Langue d’origine : anglais (Inde)
Traductrice : Irène Margit
Editeur : gallimard
Nombre de pages : 524
Date de parution : 2017


Résumé de l'éditeur :

 "Le Ministère du Bonheur Suprême" nous emporte dans un voyage au long cours, des quartiers surpeuplés du Vieux Delhi vers la nouvelle métropole en plein essor et, au-delà, vers la Vallée du Cachemire et les forêts de l’Inde centrale, où guerre et paix sont interchangeables et où, de temps à autre, le retour à «l’ordre» est déclaré.
Anjum, qui fut d’abord Aftab, déroule un tapis élimé dans un cimetière de la ville dont elle a fait son foyer. Un bébé apparaît soudain un peu après minuit sur un trottoir, couché dans un berceau de détritus. L’énigmatique S. Tilottama est une absence autant qu’une présence dans la vie des trois hommes qui l’aiment.
Cette histoire d’amour poignante et irréductible se raconte dans un murmure, dans un cri, dans les larmes et, parfois, dans un rire. Ses héros sont des êtres brisés par le monde dans lequel ils vivent, puis sauvés, réparés par l’amour et l’espoir. Aussi inflexibles que fragiles, ils ne se rendent jamais.
Ce livre magnifique et ravageur repousse les limites du roman dans sa définition et dans sa portée. Vingt ans après Le Dieu des Petits Riens, Arundhati Roy effectue un retour époustouflant à la fiction.

Mon avis : 

 Ayant beaucoup aimé Le dieu des petits riens et admirant l'engagement d'Arundhati Roy, j'avais vraiment hâte de découvrir son nouveau roman sorti vingt ans après le précédent. J'étais presque certaine de passer un excellent moment avec ce livre... bon... ce n'est pas que j'ai passé un mauvais moment, pas du tout, mais... qu'est-ce que c'était long! Sincèrement, s'il s'était s'agit du livre d'un autre auteur, je pense que je l'aurais abandonné en cours de route. 

J'ai bien compris que le but du livre était de nous décrire l'Inde dans tout ce qu'elle a de plus contrastée, dans sa culture, sa politique, ses conflits religieux, ses problèmes écologiques. Il en résulte une véritable mine d'informations sur l'Inde, une abondance de détails sur ce pays et son histoire et cela est très intéressant... mais c'est long, très long et l'on se perd totalement dans des histoires qui s'imbriquent les unes dans les autres sans que l'on en comprenne la véritable trame. 

Ce livre est engagé et dénonce une multitude de choses ce qui le rend intéressant à bien des égards. Par ailleurs, la qualité d'écriture est indéniable. Mais pour ce qui est du côté romanesque, j'ai eu beaucoup de mal. Peut-être aurait-il mieux valu des essais plutôt qu'un roman ? Je me suis perdue à plusieurs reprises dans les personnages, les lieux et les époques. A peine commençais-je à éprouver de l’intérêt pour un personnage ou une histoire que l'on passait à un autre et il me fallait à chaque fois du temps pour comprendre le lien entre tout ce petit monde. De plus, ne connaissant pas assez l'Inde et son histoire pour tout comprendre, il m'a fallu plusieurs fois interrompre ma lecture pour me renseigner sur ce que je lisais. Je crains donc qu'un certain nombre de choses m'ait échappé lors de cette lecture...

Un livre qu'il m'a donc été difficile de lire même si j'en suis ressortie un peu plus cultivée qu'avant...



Extrait :

"Elle vivait dans le cimetière à la façon d'un arbre. a l'aube, elle assistait au départ des corbeaux et accueillait le retour des chauve-souris. Au crépuscule, c'était l'inverse. Entre leurs allées et venues, elle s'entretenait avec les fantômes des vautours qui hantaient ses branches hautes. L'accroche délicate de leurs serres lui causait la douleur légère que reçoit un membre amputé. Elle en déduisait qu'ils n'étaient pas vraiment fâchés d'avoir pris congé, de s'être absentés de l'histoire."

 

lundi 3 avril 2017

La colère des aubergines - Bulbul Sharma

Par Daphné













Auteur : Bulbul Sharma
Titre : La colère des aubergines
Genre : nouvelles
Langue d’origine : anglais (Inde)
Traducteur : Dominique Vitalyos
Editeur : Picquier


Résumé de l'éditeur :

Qui meurt dîne, La Colère des aubergines, Folie de champignons, Festin pour un homme mort... : quelques titres de ces récits donnent un avant--goût de leur saveur. Les histoires racontées, pleines d'odeurs de cuisine, puissamment évocatrices des rapports et des conflits entre les membres d'une maisonnée indienne, soulignent bien sûr le rôle déterminant qu'y jouent la nourriture et celles qui la préparent. Des femmes croquées sur le vif y livrent des instants de bonheur, des secrets de famille, d'amour, d'enfance qui ont parfois la violence du désir ou l'amertume de la jalousie. Mais les véritables héroïnes sont ces recettes : qu'il s'agisse de confectionner un pickle de mangue, un gâteau de carottes ou un curry d'aubergines au yaourt, le lecteur goûtera, du palais et de la langue, l'alchimie des aromates indiens.

Mon avis :

Voici un livre gourmand où chaque nouvelle se savoure! Ce livre nous parle de femmes. Femmes aux vies très différentes mais toutes liées par la cuisine. Chaque tranche de vie est vue à travers le rapport à la nourriture. Femmes indiennes dont les existences tournent autour des traditions, de la religion et des hommes, la cuisine est souvent leur principal moyen d'expression. On en dit des choses avec la préparation d'un plat! C'est ce que nous apprennent ces femmes dont Bulbul Sharma nous dresse en quelques pages des portraits particulièrement détaillés et analysés avec une grande subtilité. 

On y croise ainsi une orpheline qui refusera le mariage pour continuer à servir une famille qui l'a toujours rejetée, un homme pris entre sa mère et sa femme qui rivalisent sans cesse à travers leurs capacités culinaires, des femmes profitant de la liberté d'un voyage en train au grand damne de "l'homme de la famille" ou une jeune veuve affamée par la tradition que lui impose sa belle-mère.

Chaque scène, en quelques pages, permettent à l'auteur de nous parler de nous dépeindre avec finesse la société patriarcale de l'Inde et ses traditions. Chaque nouvelle s'achève sur une recette de cuisine, nous mettant ainsi l'eau à la bouche!

Des nouvelle savoureuses - au sens propre comme au figuré! - et originales!

Extrait :

"Sa nourriture très simple, sans garniture ni couleur, nous était toujours particulièrement chère parce que c'était sa façon à elle de nous caresser sans se polluer les mains."


lundi 27 février 2017

L'Inde en héritage - Abha Dawesar

Par Daphné

















Auteur :Abha Dawesar
Titre : L'Inde en héritage
Genre : roman
Langue d'origine : anglais (Inde)
Traductrice : Laurence Videloup
Editeur : Héloïse d'Ormesson

Résumé de l'éditeur :

De sa chambre, coincée entre les cabinets de ses parents médecins, avec les microbes et les bactéries pour compagnons de jeux, un petit garçon ausculte son entourage. Observateur discret, il capte l'imposture ambiante, perçoit la violence qui vérole le système. Ses oncles et tantes cupides qui complotent pour détourner l'héritage du grand-père constituent ses sujets d'étude. Puis la télévision lui offre le spectacle de l'avidité des puissants. Ici, on vole un rein, là on occulte un virus. Quand on assassine Miss Shampoing, pin-up qui affole les populations, le gamin noircit encore le diagnostic. Ainsi, par cercles concentriques, Abha Dawesar expose une société gangrenée. A travers les mésaventures d'une famille, son roman nous conduit au cœur d'un pays écartelé entre démocratie et barbarie.

Mon avis :


En Inde, un petit garçon, souvent malade, du cabinet de médecine de ses parents, observe la vie. Captant ici et là des bribes de conversation des adultes de sa famille et des patients de ses parents, il se fait sa propre idée sur le monde et sur une société où la corruption semble souvent primer sur tout le reste. 

Je m'attendais à un excellent moment de lecture en ouvrant ce livre : j'aime généralement beaucoup la littérature indienne et je trouvais intéressant d'observer l'Inde à travers les yeux d'un enfant. Il semblerait de plus que ce roman ait été reçu avec un grand succès... mais... pour ma part, je n'ai absolument pas accroché avec ce roman. J'ai bien compris le message que voulait faire passer l'auteur à travers les yeux de son petit protagoniste mais cela n'a pas réussi à m'entraîner dans ce roman dans lequel j'ai eu beaucoup de mal à entrer ... d'ailleurs, je crains fort ne pas y être entrée du tout. Je n'ai pourtant nulle critique négative à émettre sur ce livre : il est plutôt bien écrit et semble bien refléter le pays tout en contrastes qu'est l'Inde. Cependant, il n'y arien eu à faire : impossible pour moi de m'immiscer dans cette histoire...Peut-être est ce dû au fait que je l'ai lu juste après un livre qui m'a beaucoup plu et qu'un roman de ce même auteur m'attendant par la suite, je n'avais pas trop la tête à ce genre de lecture. il semblerait en tout cas que je sois complètement passée à côté de ce roman.



Extrait : 

"L’enfant sait déjà que l’on ne peut faire confiance à personne, même pas à la famille. "

lundi 7 novembre 2016

Le livre de Rachel - Esther David

Par Daphné















Auteur : Esther David
Titre : Le livre de Rachel
Genre : roman
Langue d’origine : anglais (Inde)
Traductrice : sonja TerangleNombre de pages : 288
Date de parution : 2006
Editeur : Heloïse d'Ormesson


Résumé de l'éditeur :

A Danda, près de Bombay, Rachel est la dernière représentante de la communauté juive. Son mari s'est éteint et ses enfants ont émigré en Israël. La vie de Rachel s'organise alors entre le temple, qui n'abrite plus ni rabbin, ni office, et la cuisine. La synagogue où elle s'est mariée et qu'elle entretient avec ferveur. Les fourneaux, où, pour ses hôtes elle perpétue les traditions culinaires et fait ressurgir les saveurs du passé - poulet kesari, patates tilkout, curry casher. 
Quand des promoteurs s'intéressent d'un peu trop près à la synagogue, Rachel, utopiste au coeur pur, s'interpose pur protéger l'emblème de sa foi, le lien vivant avec ses ancêtres. Ses plats, au parfum enivrant de cannelle, cumin ou curcuma, qui ouvrent l'appétit et délient les esprits, seront des armes inattendues contre la spéculation immobilière.


Mon avis :

En Inde, dernière représentante de son village de la communauté juive, Rachel partage sa vie entre ses recettes de cuisine, variant au gré de ses souvenirs, et l'entretien de la synagogue dans laquelle elle s'est mariée. Synagogue où plus personne ne vient sauf elle...jusqu'au jour où les terrains abritant la synagogue et sa propre maison viennent intéresser des promoteurs. Rachel a passé toute une vie à se consacrer aux autres. Devenue veuve et ses enfants partis vivre en Israël, elle a refusé de rejoindre ces derniers, ne voulant abandonner l'endroit qui a abrité son existence. A l’automne de sa vie, elle commence seulement à s'écouter elle même, à découvrir ses propres goûts, ses propres envies. Elle apprivoise doucement une solitude qui lui pèse mais lui permet aussi de mieux se connaître elle même. L'entretien de la synagogue, tout comme les recettes traditionnelles qui marquent sa vie sont une manière pour Rachel de conserver dans son village la trace de sa communauté. En décidant de sauver la synagogue, c'est son cœur qu'elle écoutera, se battant pour que le monument qui représente sa foi, vestige d'une communauté qui a quitté les lieux, ne tombe pas dans l'oubli. 

Chaque chapitre s'ouvre sur une recette de cuisine, accompagnée d'explications traditionnelles. Ses recettes nous montrent la manière dont les Bné Israël (les juifs vivant en Inde) ont conservé les recettes de leur culture tout en y mêlant les traditions culinaires de l'Inde. Ce délicieux mélange ne peut que mettre l'eau à la bouche du lecteur tout au long de l'histoire. 

J'ai beaucoup aimé cette manière d’introduire les chapitres, qui m'a à la fois donné envie de cuisiner et appris plusieurs éléments sur la culture juive. J'ai également apprécié le personnage de Rachel, femme entière, généreuse et déterminée, qui se bat pour ce en quoi elle croit. Toutefois, la deuxième partie du livre, tournant autour de la fille de Rachel et de l'avocat qui, aux côtés de Rachel, défend la cause de la synagogue, m'a plutôt déçue. L'histoire m'a alors semblé prendre un tournant bien trop prévisible : on prévoit la fin dés lors que Zephra, la fille de Rachel arrive chez celle-ci. Histoire prévisible donc mais également trop "facile" et trop rapide à mon goût. Cette histoire m'a paru prendre trop de place dans le livre et ce de manière pas forcément utile. Le combat de Rachel, la force de ses souvenirs et la manière dont elle tend à préserver les traditions de son peuple auraient, à mes yeux, largement suffit pour faire de ce livre un excellent roman. 

Je reconnais cependant que l'auteur a su éveiller ma gourmandise d'une délicieuse manière : son écriture prend le goût des épices dont elle pimente ses recettes, me mettant sans cesse l'eau à la bouche. Une écriture si vivante que je sentais presque les odeurs alléchantes se dégageant des pages de ce livre. 

Extrait :

"Elle s'assit sur la véranda, le plat sur ses genoux, et dégusta son déjeuner frugal. Tout concordait : son humeur, son sari, tout. Même la mer avait une teinte verte. Comme le curry de poisson qu'elle avait l'habitude de préparer pour ses enfants."


Lu dans le cadre du petit bac 2016,
catégorie objet

mardi 31 mai 2016

Le cricket club des talibans - Timeri N. Murari

Par Ariane


Auteur : Timeri N. Murari

Titre : Le cricket club des talibans

Genre : roman

Langue d’origine : anglais (Inde)

Traducteur : Josette Chicheportiche

Editeur : Mercure de France

Nombre de pages : 480p

Date de parution : avril 2014

Présentation de l’éditeur :

En 2000, à Kaboul. Le gouvernement islamique impose sa férule à la population, pratiquement tout est interdit, journaux, distractions, jeux, etc. Mais voilà qu’il annonce vouloir promouvoir le cricket, pour prouver à ses opposants que l’Afghanistan peut aussi être une nation sportive. La meilleure équipe ira se perfectionner au Pakistan – ce que certains voient tout de suite comme une possibilité de s’enfuir.

Mais il faut d’abord connaître les règles du cricket et s’entraîner. Bien sûr, c’est strictement interdit aux femmes. Or la jolie Rukhsana a joué autrefois en Inde… Au prix d’incroyables ruses, subterfuges et déguisements, elle va mettre sur pied une équipe composée de son frère et de leurs cousins, tous bien décidés à se libérer du joug des talibans. Y parviendront-ils et que risque-t-il d’arriver à Rukhsana l’intrépide, la rebelle ?



Mon avis :

Ma libraire m’avait vivement recommandé ce livre l’année dernière, mais j’ai attendu son arrivée à la bibliothèque pour enfin le découvrir. Et ma libraire semble bien connaître mes goûts.

Rukhsana est jeune, belle et intelligente. C’est une journaliste passionnée, qui a grandi au sein d’une famille unie, auprès de parents cultivés et fiers de la réussite de leur fille. Mais Rukhsana vit en Afghanistan, et depuis quelques années la maison familiale est devenue une prison dont elle ne peut sortir que cachée sous une burqa et accompagnée d’un homme de sa famille. Son pays qu’elle aime tant lui est désormais hostile, pour le simple crime d’être née femme. J’ai trouvé ce personnage très touchant et sympathique, on ne peut qu’éprouver de la compassion pour la vie qu’elle mène.

Autour d’elle, de nombreux personnages masculins, son frère et ses cousins, qui la soutiennent et souhaitent la protéger. Jahan, son frère âgé de 16 ans est un personnage particulièrement émouvant. Ce jeune garçon est devenu l’homme de la maison depuis la mort de son père. Quel lourd fardeau pour un si jeune homme d’être désormais responsable de sa mère et de sa sœur, de devoir prendre toutes les décisions les concernant. Il essaye tant bien que mal de concilier sa vie et ses aspirations d’adolescent avec ces pesantes responsabilités.

Rukhsana, Jahan et leurs cousins forment un groupe uni, parfois insouciant, ayant foi en l’avenir. Le climat de terreur permanent que font régner les talibans n’en semble que plus injuste et monstrueux.

Toutes les femmes camouflées sous leur burqa, tous les hommes obligés de porter la barbe. Une uniformisation de la société, une déshumanisation terrifiante. Tous également privés d’éducation (hors les écoles coraniques pour les garçons), de liberté de travail, de liberté de parole. Mais la condition des femmes est particulièrement terrifiante.

J’émettrais tout de même quelques bémols. Tout d’abord, je me suis assez souvent sentie perdue dans les règles du cricket et descriptions de matchs. Déjà que je ne suis pas une grande sportive et que je ne connais pas grand-chose au football, au tennis ou autres sports très pratiqués en France, alors le cricket… c’est un grand inconnu !

Ensuite, j’ai trouvé quelques longueurs vers la fin notamment et certains passages un peu trop conventionnels.Le côté bluette n'est pas ce à quoi je suis le plus sensible et la fin est un peu attendue.
Malgré cela, je garderai de cette lecture un très bon souvenir.



Extrait :

« Toutes les femmes savent jouer dès l’instant de leur naissance. C’est le don que Dieu leur a accordé pour leur permettre de survivre dans un monde d’hommes. Nous devons simuler nos orgasmes, notre humilité, notre amour alors que nous n’éprouvons rien de tout cela, et taire nos ambitions. »

« Quelques mètres de tissu, lisse, fragile et souple, devinrent notre prison. Aucun mur de granit n’était plus inexpugnable, aucun barreau plus solide, aucun cachot plus sombre ou effrayant. Je m’évanouis, comme si un magicien m’avait fait disparaître d’un coup de baguette magique. Je n’étais plus Rukhsana avec un nez bien à moi, une bouche, des yeux, un front, un menton, des cheveux, mais un linceul vivant, identique à toutes les autres femmes voilées et déshonorées qui allaient de par les rues. »

Lu dans le cadre des challenges Petit bac, Un pavé par mois et Tour du monde (Inde)