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mardi 8 décembre 2015

Le héros discret - Mario Vargas Llosa

Par Ariane



Auteur : Mario Vargas Llosa

Titre : Le héros discret

Genre : roman

Langue d’origine : espagnol (Pérou)

Traducteur : Albert Bensoussan et Anne-Marie Casès

Editeur : Gallimard

Nombre de pages : 480p

Date de parution : mai 2015

Présentation de l’éditeur :

Après plusieurs romans situés dans les géographies les plus éloignées dans l’espace et dans le temps (le Congo belge, le Tahiti de Gauguin), Mario Vargas Llosa revient au Pérou et fait de son pays natal le décor du Héros discret. Il nous dépeint la situation actuelle d’une société dopée par une croissance économique sans précédent mais qui voit également se développer la corruption, la cupidité et le crime.
À Piura, Felícito Yanaqué, patron d’une entreprise de transports, est l’objet de chantage et d’intimidations mafieuses. Aussi frêle de corps qu’énergique de caractère, il saura cependant y faire face, et son opiniâtreté d’homme du peuple qui s’est élevé à la force des bras, fera de lui un héros national.
À Lima, Ismael, patron d’une riche compagnie d’assurances, se voit menacé par ses deux fils, qui convoitent sa fortune en souhaitant sa mort. Là encore, l’homme saura répondre à ces menaces, et sera tout aussitôt doté par le romancier d’une aura héroïque.
Mais il ne faut pas prendre leur épopée trop au sérieux. Car entre le mélodrame et le vaudeville, Vargas Llosa s’amuse, et nous amuse, avec ces deux histoires qu’il mène avec brio et dont le résultat final est une œuvre drôle, corrosive et magistralement écrite.
Le lecteur y reconnaîtra souvent le ton moqueur de La tante Julia et le scribouillard et de Tours et détours de la vilaine fille. Mais il retrouvera surtout avec plaisir l’univers de don Rigoberto et de Fonchito, du sergent Lituma et du capitaine Silva, tous à nouveau réunis dans ce portrait critique du Pérou contemporain.


Mon avis :

Ce n’est pas un héros mais trois que nous raconte Mario Vargas Llosa dans ce nouveau roman. Trois hommes, qui décident de résister envers et contre tout et tous, trois hommes qui refusent de se laisser marcher dessus et font face aux difficultés. Felicito, petit patron d’une entreprise de transports, refuse de céder au chantage. Ismaël, richissime patron d’une compagnie d’assurance, refuse de voir ses incapables de fils dilapider sa fortune et décide de leur faire l’affront d’épouser sa gouvernante. Tandis que Rigoberto, ami fidèle d’Ismaël, fera face au scandale et aux fils indignes de son ami, tout en essayant de comprendre la crise que traverse son fils qui parle à un homme que personne d’autre ne semble voir.

Les histoires de ces héros ordinaires se déroulent en parallèle, les chapitres alternant entre Piura, où vit Felicito, et Lima, où vivent Ismaël et Rigoberto (c’est d’ailleurs par le biais de Rigoberto que nous découvrons l’histoire d’Ismaël). L’équilibre entre ces deux histoires se fait naturellement et n’est aucunement pesant pour le lecteur. Pas plus que les dialogues à la construction originale, mêlant habilement dialogues passés et présents sans que l’on s’y perde.

A travers l’histoire de ces personnages, l’auteur aborde de nombreux thèmes actuels tels que la place des médias ou l’émergence économique de nouveaux pays et des thèmes universels comme l’amitié ou les relations entre père et fils.

L’écriture est très agréable à lire, fluide et rythmée, où l’on sent bien souvent poindre une certaine ironie.

C’était ma deuxième lecture de l’auteur après Tours et détours de la vilaine fille, et je ne suis pas déçue par mon petit tour au Pérou.



Extrait :

« La fonction du journalisme à notre époque, ou, du moins, dans notre société, n’était pas d’informer, mais de faire disparaître toute distinction entre le mensonge et la vérité, de remplacer la réalité par une fiction où se manifestait la masse abyssale de complexes, de frustrations, de haines et de traumatismes d’un public rongé par le ressentiment et l’envie. »

Lu dans le cadre du challenge Un pavé par mois.

Voir aussi les avis de Kathel, Sandrine, Une ribambelle,

dimanche 22 février 2015

Tours et détours de la vilaine fille - Mario Vargas Llosa

Par Ariane



Auteur : Mario Vargas Llosa

Titre : Tours et détours de la vilaine fille

Genre : roman

Langue d’origine : espagnol (Pérou)

Traducteur : Albert Bensoussan

Editeur : Gallimard

Nombre de pages : 405p

Date de parution : octobre 2006

Présentation de l’éditeur :

Que de tours et de malices chez cette " vilaine fille ", toujours et tant aimée par son ami Ricardo, le " bon garçon ". Ils se rencontrent pour la première fois au début des années cinquante, en pleine adolescence, dans l'un des quartiers les plus huppés de Lima, Miraflores. Joyeux, inconscients, ils font partie d'une jeunesse dorée qui se passionne pour les rythmes du mambo et ne connaît d'autre souci que les chagrins d'amour. Rien ne laissait alors deviner que celle qu'on appelait à Miraflores " la petite Chilienne " allait devenir, quelques années plus tard, une farouche guérillera dans la Cuba de Castro, puis l'épouse d'un diplomate dans le Paris des existentialistes, ou encore une richissime aristocrate dans le swinging London. D'une époque, d'un pays à l'autre, Ricardo la suit et la poursuit, comme le plus obscur objet de son désir. Et chaque fois, il ne la retrouve que pour la perdre. Et, bien entendu, ne la perd que pour mieux la rechercher. Il n'est jamais facile d'écrire l'histoire d'une obsession. Mais la difficulté est encore plus grande quand il s'agit d'une obsession amoureuse et quand l'histoire que l'on raconte est celle d'une passion. Mario Vargas Llosa avait déjà affronté ce défi par le passé dans La tante Julia et le scribouillard (1980), l'un de ses romans les plus populaires. Et voici qu'il le relève encore vingt-cinq ans plus tard et nous offre ce cadeau inattendu : une superbe tragi-comédie où éros et thanatos finissent par dessiner une autre Carte de Tendre entre Lima, Paris, Londres et Madrid. Car Tours et détours de la vilaine fille est bien cela : la géographie moderne d'un amour fou.


Mon avis :

Qu’elle porte bien son surnom cette vilaine fille ! Dès leur première rencontre à l’adolescence le narrateur tombe fou amoureux de cette vilaine fille, elle s’éclipse et réapparaît dans sa vie à chaque fois avec une nouvelle identité et à chaque disparition le « bon garçon » comme elle l’appelle se retrouve une fois de plus avec le cœur en miettes.

C’est une très belle histoire d’amour que nous offre, Mario Vargas Llosa. Une belle histoire mais à sens unique. Celle de la passion que nourrit Riccardo pour ce feu follet qui va et vient dans sa vie depuis l’adolescence jusqu’au seuil de la vieillesse. Un amour inconditionnel pour celle dont finalement il ne sait rien, pas même son véritable nom. Une passion telle qu’il lui sacrifie sa vie. Car toujours il l’attend. N’a aucune histoire d’amour sérieuse, ne cherche jamais à aller plus loin professionnellement ni à déménager car il l’attend. C’est un personnage extrêmement touchant que ce « pitchounet » éperdu d’amour.

La vilaine fille elle aussi est touchante à sa façon. Bien sûr elle est obsédée par l’argent, le luxe et le pouvoir, bien sûr elle piétine sans remords les sentiments de Riccardo, bien sûr elle est volage, calculatrice, manipulatrice et sans cœur. Mais en même temps, sa vie est celle d’une fuite en avant, le désespoir d’une gamine pauvre cherchant à tout prix à s’échapper de sa condition. Riccardo est son ancre, son seul point de repère et de stabilité. Elle revient vers lui comme un bateau revient au port.

J’ai trouvé surprenant ce parallèle entre les amitiés et les amours de Riccardo. Car comme son amour, ses amis vont et viennent dans sa vie. C’est à chaque fois par le biais d’un nouvel ami que la vilaine fille fait un retour inattendu dans sa vie, et à chaque disparition de cet ami, la vilaine fille disparaît elle aussi. C’est une ronde sans fin de coïncidences finalement.

En filigrane de la romande de Riccardo et de la vilaine fille, l’auteur évoque l’histoire contemporaine du Pérou. Une histoire de guérilla, de violences et de dictatures que je ne connaissais que très vaguement. J’ai aimé découvrir un peu ce pays que mon compagnon a visité plusieurs fois avant notre rencontre et qu’il adore.

Une très belle histoire que je conseille à tous ceux qui ont envie de lire une belle histoire d’amour qui sort des sentiers battus. 


Extrait :

« Le bonheur, je ne sais ni ne veux même savoir ce que c’est, Ricardito. Ce dont je suis sûre, c’est que ce n’est pas cette chose romantique et cucul que tu crois. L’argent te donne la sécurité, te défend, te permet de jouir à fond de la vie sans te soucier du lendemain. Le seul bonheur qu’on puisse toucher. »



Lu dans le cadre des challenges Tour du monde en 8 ans pour le Pérou, Petit bac dans la catégorie gros mot et pour le challenge amoureux pour l'amour passion.