Par Daphné
lundi 5 février 2024
Eden - Auður Ava Ólafsdóttir
lundi 11 avril 2022
La vérité sur la lumière - Auður Ava Ólafsdóttir
Par Daphné
Auteur : Audur Ava Olafsdottir
Date de parution : 2021
Résumé de l'éditeur :
Dýja descend d’une lignée de sages-femmes islandaises. Seules sa mère et sa sœur y échappent : l’une travaille dans les pompes funèbres, l’autre est météorologue – naître, mourir, entre les deux quelques tempêtes.
Elle aide à mettre au monde son 1922e bébé, et note à quel point le plus difficile est toujours de s’habituer à la lumière. Alors qu’un ouragan d’une force inouïe menace l’île, elle apprivoise l’appartement mal fichu hérité de sa grand-tante, avec ses meubles qui font doublon, des ampoules qui clignotent sous la menace d’un court-circuit et un carton à bananes rempli de manuscrits. La transmission sera aussi littéraire, Tante Fífa ayant poursuivi le grand œuvre de l’arrière-grand-mère : recueillir les récits, pensées et témoignages des sages-femmes (« mères de la lumière » en islandais) qui parcouraient la lande sous le blizzard et dans la nuit noire. Aujourd’hui comme hier, le fil ténu qui relie à la vie est aussi fugace et fragile qu’une aurore boréale.
Sous la mansarde, au dernier étage de l’immeuble, un touriste australien égaré semble venu des antipodes simplement pour réfléchir. Décidément, l’être humain reste l’animal le plus vulnérable de la Terre.
Mon avis :
Les livres de Auður Ava Ólafsdóttir sont toujours pour moi de véritables petits bijoux. Ils ont toujours un côté doux, poétique et sincère, un charme bien à eux, que je ne retrouve dans nul autre écrit. Ici, c'est de Dýja, que nous parle l'autrice. Dýja est sage-femme, savoir qui dans a famille, se transmet de génération en génération. Elle partage sa vie entre les bébés qu'elle met au monde et l'appartement hérité de sa grand-tante, appartement d'une autre génération, vieux, délabré et plein de surprises. Elle y redécouvre Fifa, la grand-tante dont elle a été si proche en lisant les écrits de cette dernière, d'étranges récits décousus se questionnant sur la vie, l'être humain, la lumière...
Voilà un roman tout aussi décousu que les écrits de Fifa car il peut paraître totalement désordonné, mais pour ma part, j'ai beaucoup aimé. Réflexions philosophiques et scientifiques s'entremêlent ici avec la naissance, vie, la mort, l'existence, l'obscurité et la lumière. On y croise un carton à bananes, un appartement venu d'un autre temps, des nouveau-nés, une tempête, un étrange voisin... C'est décousu, c'est confus, c'est tendre et plein de poésie, cela interroge, c'est authentique, délicat... C'est une histoire de lignée, de transmission de vie. C'est étrange, inclassable, et c'est ce qui en fait tout le charme.
Un petit bijou de plus, et me voilà à attendre impatiemment un nouveau livre de cette autrice!
Extrait :
"On dit que l'homme ne se remet jamais d'être né. Que l'expérience la plus difficile de la vie, c'est de venir au monde. Et que le plus difficile ensuite, c'est de s'habituer à la lumière."
lundi 13 janvier 2020
Miss Islande - Audur Ava Olafsdottir
Miss Islande est le roman, féministe et insolent, de ces pionniers qui ne tiennent pas dans les cases. Un magnifique roman sur la liberté, la création et l’accomplissement.
C'est moi qui ai la baguette de chef d’orchestre.
J’ai le pouvoir d’allumer une étoile sur le noir de la voûte céleste.
Et celui de l'éteindre.
Le monde est mon invention."
Que j'écrivais.
Tous les jours.
Que j'avais commencé par écrire sur le temps qu'il faisait, comme mon père, et sur les changements de lumière au-dessus du glacier de l'autre côté du fjord, que j'avais d'abord décrit les nuages blancs qui flottaient comme un écheveau de laine sur l'aire de glace, puis que j'avais ajouté des gens, des lieux et des événements."
samedi 4 mai 2019
Lecture commune - A la mesure de l'univers - Jon Kalman Stefansson
Résumé de l'éditeur :
«Et maintenant, il est trop tard, répond Ari, pétri de remords. Anna esquisse un sourire, elle lui caresse à nouveau la main et lui dit, quelle sottise, il n’est jamais trop tard tant qu’on est en vie. Aussi longtemps que quelqu’un est vivant.»
Après plusieurs années d'absence, Ari rentre en Islande. Il est devenu éditeur et a récemment quitté sa femme. À Keflavík, la neige recouvre tout mais les souvenirs affleurent. Dans ce village de pêcheurs interdits d’océan, marqué par la présence d’une base militaire américaine, Ari retrouve de vieilles connaissances. Lâchetés, trahisons et amours du passé resurgissent alors que le père d’Ari se meurt. Poursuivant le diptyque commencé avec D’ailleurs, les poissons n’ont pas de pieds, Jón Kalman Stefánsson entremêle les destins singuliers des habitants de cette île immuable et mélancolique.
L'avis de Daphné :
Quoi de mieux que commencer le mois par un livre de Stefansson ? Ce livre a donc été le premier que j'ai ouvert ce mois-ci... et bien entendu, je ne le regrette pas !
Ouvrir un livre de Stefansson est pour moi comme ouvrir une boîte de friandises : cela se déguste, à petites touches, parfois avec lenteur, d'autres fois avec voracité. Ouvrir un livre de Stefansson, c'est partir au pays des mots, collectionner des citations toutes plus belles que les autres.
Suite de D'ailleurs les poissons n'ont pas de pied, A la mesure de l'univers nous permet de retrouver Ari et sa famille. Oscillant entre jadis et aujourd'hui, il nous conte une saga familiale à la fois belle et violente, où la mort et la mélancolie omniprésentes offrent au roman un côté nostalgique qui ne peut que s'accorder avec la description âpre et glacée de l'Islande.
Que de poésie dans cette écriture et que de réflexions belles et profondes sur l’existence... La mort, l'amour et le temps qui passe nous sont décrits là avec une si grande beauté qu'il est difficile de parler de ce livre sans avoir peur de l'égratigner.
Encore un grand livre porté par une écriture toujours plus belle!
Extraits choisis par Daphné:
"C'est ainsi, l'histoire de l'humanité va dans un sens et celle de l'individu prend une tout autre direction, voilà pourquoi il existe sans doute au minimum deux versions tout aussi valides l'une que l'autre de l'histoire du monde. "
"La mort traverse tous les êtres, elle emporte tout, elle efface tout le monde, l’unique résistance qu’on puisse lui opposer, c’est de vivre et de raconter. De consigner l’énergie vitale dans les mots. Cela ne permet sans soute pas d’en triompher, mais cela empêche peut-être la mort de triompher de la vie. "
"Les poèmes sont bien utiles, ils peuvent vous servir de couverture quand le froid enserre le monde, ils peuvent être des grottes à l’écart du temps, des grottes dont les parois sont ornées d’étranges symboles, mais ils sont une piètre consolation quand vos os sont éreintés, quand la vie vous a éconduit ou quand, le soir, votre tasse de café est la seule chose qui vous réchauffe les mains."
mardi 27 novembre 2018
Asta - Jon Kalman Stefansson
Jón Kalman Stefánsson enjambe les époques et les pays pour nous raconter l’urgence autant que l’impossibilité d’aimer. À travers l’histoire de Sigvaldi et d’Helga puis, une génération plus tard, celle d’Ásta et de Jósef, il nous offre un superbe roman, lyrique et charnel, sur des sentiments plus grands que nous, et des vies qui s’enlisent malgré notre inlassable quête du bonheur.
lundi 5 novembre 2018
Ásta - Jón Kalman Stefánsson
Genre : roman
Langue d’origine : islandais
Traducteur : Eric Boury
Editeur : Grasset
Résumé de l'éditeur :
Reykjavik, au début des années 50. Sigvaldi et Helga décident de nommer leur deuxième fille Ásta, d’après une grande héroïne de la littérature islandaise. Un prénom signifiant – à une lettre près – amour en islandais qui ne peut que porter chance à leur fille… Des années plus tard, Sigvaldi tombe d’une échelle et se remémore toute son existence : il n’a pas été un père à la hauteur, et la vie d’Ásta n’a pas tenu cette promesse de bonheur.
Jón Kalman Stefánsson enjambe les époques et les pays pour nous raconter l’urgence autant que l’impossibilité d’aimer. À travers l’histoire de Sigvaldi et d’Helga puis, une génération plus tard, celle d’Ásta et de Jósef, il nous offre un superbe roman, lyrique et charnel, sur des sentiments plus grands que nous, et des vies qui s’enlisent malgré notre inlassable quête du bonheur.
Mon avis :
J'aime particulièrement la plume de Jón Kalman Stefánsson, une plume poétique qui me transporte toujours, en imagination dans ce pays d'Islande que je rêve de découvrir.
Qu'elle est belle et triste, l'histoire d'Asta, cette vie qui avait si bien commencé, sous les signes de l'amour, comme le veut son prénom... cette vie cependant marquée par d'irréversibles cicatrices. La tristesse, la folie, la désillusion, l'amour marquent chaque personnage de ce roman, personnages malmenés par une existence qui aurait pu tourner autrement.
L'auteur porte ici un regard à la fois rude et mélancolique sur l'existence, s'interrogeant sur son sens. La construction du livre, qui oscille entre différentes époques, différents personnages, est aussi déroutante, chaotique et "biscornue" que la manière dont tournent les vies.
Ce n'est pas le livre que j'ai préféré de cet auteur et pourtant, immanquablement, il a encore su me transporter. Je résiste difficilement à cette écriture presque envoûtante qui sait si bien nous décrire les lieux et les histoires de ses protagonistes (même si, cette fois ci, il m'a semblé trouvé moins de belles descriptions que dans ses précédents romans). Encore une fois, Jón Kalman Stefánsson m'a offert un beau moment de lecture.
Extrait :
"Ce n'est pas toujours facile de dire les choses importantes dans sa langue maternelle, une langue dont on connaît chaque nuance, chaque meuble, chaque objet, chaque touffe d'herbe, chaque tonalité. Il est parfois presque insurmontable d'évoquer les choses les plus intimes, celles qui reposent au fond du cœur, voilà pourquoi il est délicieux de connaître une langue étrangère. De préférence très lointaine, éventuellement venue d'une autre galaxie..."
"Comment survivent ceux qui jamais ne peuvent parler de leur amour ? Et comment s'y prend-on pour consoler les morts ?
Je suis entré dans le phare. Chargé de livres, de musique et de souvenirs, j'entre dans la lumière qui fend la nuit."
"Avons-nous un autre but dans la vie que celui de naître, de tousser deux ou trois fois, puis de mourir ? Quant à la vie elle-même, elle nous semble si vaste et puissante qu'elle soutient le ciel, n'est-elle pas en fin de compte qu'une souris qui traverse la cuisine un jour au mois d'octobre avant de disparaître à jamais ?"