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lundi 5 février 2024

Eden - Auður Ava Ólafsdóttir

 Par Daphné


Auteur : Audur Ava Olafsdottir
Titre :Eden

Genre : roman
Langue d’origine :islandais
traducteur: Eric Boury
Editeur :points
Nombre de pages : 224
Date de parution :2023


Résumé de l'éditeur:

Alba voyage aux quatre coins du monde pour des colloques sur les langues en voie d’extinction. De retour à Reykjavík, elle fait le compte : pour compenser son empreinte carbone, il lui faudrait planter 5 600 arbres. Ni une ni deux, elle repère un terrain de roche, de lave et de sable avec une petite maison. Rien n’est censé pousser là mais Alba y projette déjà une colonie de bouleaux. Peu à peu, Alba tente d’apprivoiser son jardin d’Éden. Elle s’équipe au rayon bricolage de la boulangerie, prête l’oreille à son voisin qui lutte contre un projet d’usine à glaçons, et s’attache à un jeune réfugié prêt à absorber tout le dictionnaire... Ode au pouvoir infini des mots, Éden explore notre faculté à déjouer les paradoxes de l’existence, à nous réinventer. Un régal d’humour et d’humanité.

Mon avis:

Lire un roman d'Auður Ava Ólafsdóttir, c'est toujours pour moi, un moment un peu spécial, un moment à la fois doux et lumienux, un moment teinté de fantaisie mais où transparait toujours quelque chose de vrai, d'authentique. Je savoure ces livres plus que je ne les lis. Ce livre-là n'est peut-être pas mon préféré mais il a totu de même été un régal à lire!

J'ai aimé cette plongée en Islande, où l'on découvre cette langue dont nous parle Alba, cette langue auquel elle prête de nombreuses réflexions, s'interroge sur les mots, leur sens, leur orogine. A ces nombreuses réflexions se mêlent aussi celles à propos de l'écologie, de l'immigration. Les questionnements d'Alba défilent au fur et à mesure des pages, d'une manière un peu contemplative, qui semble parfois un peu détachée sans réellement l'être pour autant. 

Comme toujours dans les livres de cette autrice, ce n'est pas l'action qui prime, mais à aucun moment on ne s'ennuie et on arrive au bout de ces pages le sourire aux lèvres et avec l'envie d'avoir quelques lignes de plus à lire. Tout me semble presque parfait dans ses livres, que ce soit les personnages, l'histoire, les interrogations qui en découlent ou l'écriture.

A n'en pas douter, Auður Ava Ólafsdóttir est véritablement pour moi une autrice incontournable dont j'attend toujours avec impatience le prochain livre!

Extrait :

"Il me vient brusquement à l'esprit que le besoin le plus fondamental de l'être humain est d'avoir un foyer. Quiconque perd son chez -soi essaie aussitot de recréer un havre où se mettre à l'abri. Quel que soit le matériau de construction utilisé, bois, pierre, tente, voire bâche en plastique ou carton, sable séché au soleil, arbres ou branches, cela constitue quoi qu'il en soit un foyer."



lundi 11 avril 2022

La vérité sur la lumière - Auður Ava Ólafsdóttir

 Par Daphné










Auteur : Audur Ava Olafsdottir

Titre : Auður Ava Ólafsdóttir
Genre : roman
Langue d’origine :islandais
traducteur: Eric Boury
Editeur :points
Nombre de pages : 224

Date de parution : 2021

Résumé de l'éditeur :

Dýja descend d’une lignée de sages-femmes islandaises. Seules sa mère et sa sœur y échappent : l’une travaille dans les pompes funèbres, l’autre est météorologue – naître, mourir, entre les deux quelques tempêtes.
Elle aide à mettre au monde son 1922e bébé, et note à quel point le plus difficile est toujours de s’habituer à la lumière. Alors qu’un ouragan d’une force inouïe menace l’île, elle apprivoise l’appartement mal fichu hérité de sa grand-tante, avec ses meubles qui font doublon, des ampoules qui clignotent sous la menace d’un court-circuit et un carton à bananes rempli de manuscrits. La transmission sera aussi littéraire, Tante Fífa ayant poursuivi le grand œuvre de l’arrière-grand-mère : recueillir les récits, pensées et témoignages des sages-femmes (« mères de la lumière » en islandais) qui parcouraient la lande sous le blizzard et dans la nuit noire. Aujourd’hui comme hier, le fil ténu qui relie à la vie est aussi fugace et fragile qu’une aurore boréale.
Sous la mansarde, au dernier étage de l’immeuble, un touriste australien égaré semble venu des antipodes simplement pour réfléchir. Décidément, l’être humain reste l’animal le plus vulnérable de la Terre.

Mon avis :

Les livres de Auður Ava Ólafsdóttir sont toujours pour moi de véritables petits bijoux. Ils ont toujours un côté doux, poétique et sincère, un charme bien à eux, que je ne retrouve dans nul autre écrit. Ici, c'est de Dýja, que nous parle l'autrice. Dýja est sage-femme, savoir qui dans a famille, se transmet de génération en génération. Elle partage sa vie entre les bébés qu'elle met au monde et l'appartement hérité de sa grand-tante, appartement d'une autre génération, vieux, délabré et plein de surprises. Elle y redécouvre Fifa, la grand-tante dont elle a été si proche en lisant les écrits de cette dernière, d'étranges récits décousus se questionnant sur la vie, l'être humain, la lumière...

Voilà un roman tout aussi décousu que les écrits de Fifa car il peut paraître totalement désordonné, mais pour ma part, j'ai beaucoup aimé. Réflexions philosophiques et scientifiques s'entremêlent ici avec la naissance, vie, la mort, l'existence, l'obscurité et la lumière. On y croise un carton à bananes, un appartement venu d'un autre temps, des nouveau-nés, une tempête, un étrange voisin... C'est décousu, c'est confus, c'est tendre et plein de poésie, cela interroge, c'est authentique, délicat... C'est une histoire de lignée, de  transmission de vie. C'est étrange, inclassable, et c'est ce qui en fait tout le charme. 

Un petit bijou de plus, et me voilà à attendre impatiemment un nouveau livre de cette autrice!

Extrait :

"On dit que l'homme ne se remet jamais d'être né. Que l'expérience la plus difficile de la vie, c'est de venir au monde. Et que le plus difficile ensuite, c'est de s'habituer à la lumière."


lundi 13 janvier 2020

Miss Islande - Audur Ava Olafsdottir

Par Daphné













Auteur : Audur Ava Olafsdottir
Titre : Miss Islande
Genre : roman
Langue d’origine :islandais
traducteur : Eric boury
Editeur : zulma

Résumé de l'éditeur :

Islande, 1963. Hekla, vingt et un ans, quitte la ferme de ses parents et prend le car pour Reykjavík. Il est temps d’accomplir son destin : elle sera écrivain. Sauf qu’à la capitale, on la verrait plutôt briguer le titre de Miss Islande.
Avec son prénom de volcan, Hekla bouillonne d’énergie créatrice, entraînant avec elle Ísey, l’amie d’enfance qui s’évade par les mots – ceux qu’on dit et ceux qu’on ne dit pas –, et son cher Jón John, qui rêve de stylisme entre deux campagnes de pêche…
Miss Islande est le roman, féministe et insolent, de ces pionniers qui ne tiennent pas dans les cases. Un magnifique roman sur la liberté, la création et l’accomplissement.

Mon avis :

Que j'aime cette auteure ! Chaque livre de Audur Ava Olafsdottir est pour moi un véritable bijou. Bijou de poésie, de vérité, de simplicité, de tendresse. bijou tant par l'écriture que par les histoires, tant par les personnages que par leur manière d'appréhender le monde. J'aime les livres de cette auteure.

Depuis sa sortie, je lorgne sur ce livre, mourant d'envie de me retrouver à nouveau en Islande au travers des pages, de découvrir une nouvelle histoire que j'imagine aussi belle que les précédentes. 

Ce livre -là nous plonge dans l'Islande de 1953, dans la vie d'une femme qui rêve de devenir écrivain mais se heurte  à la mysoginie ambiante, et de ses amis : Isey, prise au piège d'une vie qu'elle n'a pas vraiment choisie et Jon John, qui peine à vivre dans un monde homophobe. 

Qu'ils sont touchants ces personnages, pris au piège d'une époque ou d'une condition, dont la vie aurait été bien différente s'ils étaient nés un peu plus tard. Leurs rêves et leur vision de la liberté se heurtent à la réalité et ils n'en ressortent pas indemnes. Ils rêvent pourtant, ils luttent chacun à leur manière et cela en fait de très beaux personnages. La volonté de s'affirmer en tant que femme, en tant qu'homosexuel, en tant qu’être libre, en tant qu'écrivain, en tant que soi-même, est présente à chaque page. Présente en Isey, mariée et devenue mère de famille trop jeune, engluée dans les tâches ménagères et une maternité qu'elle n'a pas choisie, qui profite de ses instants de libres pour écrire et s'évader. Présente en Jon John, qui voudrait fuir la cruauté et le rejet. Présente en Hekla dont la passion de l'écriture se cogne sans cesse à la misogynie du monde écrivain des années 60 en Islande.

La fin, étonnante, et pourtant quelque part si logique, si évidente, est un renoncement, une fin qui bouleverse. On aurait voulu une autre fin, et pourtant, pourrait-il y en avoir une autre? 

Ce livre est une ode à la femme, à l'écriture, aux rêves, à la liberté et à la tolérance. L'écriture d'Audur Ava Olafsdottir, toujours aussi subtile, a encore fait mouche. Me voilà de nouveau sous le charme d'un de ses livres.

Extrait :

"J’attrape la machine à écrire sous le lit, j’ouvre la porte de la cuisine, je pose la machine sur la table et je place une feuille sur le cylindre.
C'est moi qui ai la baguette de chef d’orchestre.
J’ai le pouvoir d’allumer une étoile sur le noir de la voûte céleste.
Et celui de l'éteindre.
Le monde est mon invention."

"C'est là que je le lui ai dit.
Que j'écrivais.
Tous les jours.
Que j'avais commencé par écrire sur le temps qu'il faisait, comme mon père, et sur les changements de lumière au-dessus du glacier de l'autre côté du fjord, que j'avais d'abord décrit les nuages blancs qui flottaient comme un écheveau de laine sur l'aire de glace, puis que j'avais ajouté des gens, des lieux et des événements."

samedi 4 mai 2019

Lecture commune - A la mesure de l'univers - Jon Kalman Stefansson

















Auteur : Jon Kalman Stefansson
Titre : D’ailleurs, les poissons n’ont pas de pieds
Genre : roman
Langue d’origine : islandais
Traducteur : Eric Boury
Editeur : Gallimard


Résumé de l'éditeur :

«Et maintenant, il est trop tard, répond Ari, pétri de remords. Anna esquisse un sourire, elle lui caresse à nouveau la main et lui dit, quelle sottise, il n’est jamais trop tard tant qu’on est en vie. Aussi longtemps que quelqu’un est vivant.» 

Après plusieurs années d'absence, Ari rentre en Islande. Il est devenu éditeur et a récemment quitté sa femme. À Keflavík, la neige recouvre tout mais les souvenirs affleurent. Dans ce village de pêcheurs interdits d’océan, marqué par la présence d’une base militaire américaine, Ari retrouve de vieilles connaissances. Lâchetés, trahisons et amours du passé resurgissent alors que le père d’Ari se meurt. Poursuivant le diptyque commencé avec D’ailleurs, les poissons n’ont pas de pieds, Jón Kalman Stefánsson entremêle les destins singuliers des habitants de cette île immuable et mélancolique. 


L'avis de Daphné :

Quoi de mieux que commencer le mois par un livre de Stefansson ? Ce livre a donc été le premier que j'ai ouvert ce mois-ci... et bien entendu, je ne le regrette pas !

Ouvrir un livre de Stefansson est pour moi comme ouvrir une boîte de friandises : cela se déguste, à petites touches, parfois avec lenteur, d'autres fois avec voracité. Ouvrir un livre de Stefansson, c'est partir au pays des mots, collectionner des citations toutes plus belles que les autres. 

Suite de 
D'ailleurs les poissons n'ont pas de pied, A la mesure de l'univers nous permet de retrouver Ari et sa famille. Oscillant entre jadis et aujourd'hui, il nous conte une saga familiale à la fois belle et violente, où la mort et la mélancolie omniprésentes offrent au roman un côté nostalgique qui ne peut que s'accorder avec la description âpre et glacée de l'Islande. 

Que de poésie dans cette écriture et que de réflexions belles et profondes sur l’existence...  La mort, l'amour et le temps qui passe nous sont décrits là avec une si grande beauté qu'il est difficile de parler de ce livre sans avoir peur de l'égratigner. 

Encore un grand livre porté par une écriture toujours plus belle!

Extraits choisis par Daphné:

"C'est ainsi, l'histoire de l'humanité va dans un sens et celle de l'individu prend une tout autre direction, voilà pourquoi il existe sans doute au minimum deux versions tout aussi valides l'une que l'autre de l'histoire du monde. "

"La mort traverse tous les êtres, elle emporte tout, elle efface tout le monde, l’unique résistance qu’on puisse lui opposer, c’est de vivre et de raconter. De consigner l’énergie vitale dans les mots. Cela ne permet sans soute pas d’en triompher, mais cela empêche peut-être la mort de triompher de la vie. "

"Les poèmes sont bien utiles, ils peuvent vous servir de couverture quand le froid enserre le monde, ils peuvent être des grottes à l’écart du temps, des grottes dont les parois sont ornées d’étranges symboles, mais ils sont une piètre consolation quand vos os sont éreintés, quand la vie vous a éconduit ou quand, le soir, votre tasse de café est la seule chose qui vous réchauffe les mains."



Mon avis :

Dans ce roman faisant suite à Les poissons n’ont pas de pieds, nous retrouvons Ari, de retour à Keflavik après des années d’absence. Alors qu’il traverse une période compliquée, il s’apprête à retrouver son père avec qui il entretient une relation tendue. Le narrateur est son cousin, observateur discret des drames de la vie d’Ari. Il raconte leur passé et quelques événements qui ont bouleversé leurs vies. Parallèlement, Stefansson revient en arrière, pour nous parler de Margret, la grand-mère d’Ari alors jeune mère de famille.

Comme à son ordinaire donc, Stefansson promène son lecteur d’une époque à l’autre, le destin des uns influant sur celui de leurs descendants des décennies plus tard. C’est ce qui fait son charme, tout autant que cette plume incomparable. Car Stefansson c’est avant tout une écriture, une atmosphère. Il nous raconte un pays rude et austère où la vie l’est plus encore. Et pourtant il y a de la lumière, de la beauté, de l’espoir et de l’amour. Chez Stefansson, les marins taiseux et les femmes au foyer cachent des trésors de sensibilité. Et la poésie est partout pour qui sait la voir.

Chaque lecture est un véritable bonheur !



Extrait :
« Donc, en fin de compte, l’amour n’a rien à voir avec ces je t’aime à mourir, ces you’ll always be my endless love, ces tu seras toujours mon amour infini – mais avec cet instant où quelqu’un sort dans le froid avec une couverture et un bonnet pour qu’une autre personne puisse continuer à contempler les étoiles… »


« Le matin se lève sur le monde. Il se lève toujours, quelque part, la lumière ne meurt jamais, mais certains restent dans les ténèbres, ils y disparaissent, et plus rien ne rappelle leur souvenir quand la clarté du jour arrive, si ce n'est la douleur de leur absence. »


« ... à quoi servent les poètes s'ils ne sont pas capables de nous aider à vivre ? »


« C'est étrange de voir qu'une main peut être à la fois une paume et un poing. Une chose qui procure à la fois chaleur, caresses et consolations, et qui peut aussi n'être que dureté, blesser ou commettre l'impardonnable. Le poing, mon frère dans la boisson. »


« Les poèmes sont bien utiles, ils peuvent vous servir de couverture quand le froid enserre le monde, ils peuvent être des grottes à l’écart du temps, des grottes dont les parois sont ornées d’étranges symboles, mais ils sont une piètre consolation quand vos os sont éreintés, quand la vie vous a éconduit ou quand, le soir, votre tasse de café est la seule chose qui vous réchauffe les mains. »


mardi 27 novembre 2018

Asta - Jon Kalman Stefansson

Par Ariane


Auteur : Jon Kalman Stefansson

Titre : Asta

Genre : roman

Langue d’origine : islandais

Traducteur : Eric Boury

Editeur : Grasset

Nombre de pages : 496p

Date de parution : août 2018

Présentation de l’éditeur :

Reykjavik, au début des années 50. Sigvaldi et Helga décident de nommer leur deuxième fille Ásta, d’après une grande héroïne de la littérature islandaise. Un prénom signifiant – à une lettre près – amour en islandais qui ne peut que porter chance à leur fille… Des années plus tard, Sigvaldi tombe d’une échelle et se remémore toute son existence  : il n’a pas été un père à la hauteur, et la vie d’Ásta n’a pas tenu cette promesse de bonheur.
Jón Kalman Stefánsson enjambe les époques et les pays pour nous raconter l’urgence autant que l’impossibilité d’aimer. À travers l’histoire de Sigvaldi et d’Helga puis, une génération plus tard, celle d’Ásta et de Jósef, il nous offre un superbe roman, lyrique et charnel, sur des sentiments plus grands que nous, et des vies qui s’enlisent malgré notre inlassable quête du bonheur.



Mon avis :

Et une nouvelle fois la magie a opéré… Magie, c’est le mot idéal pour qualifier les romans de Stefansson. Son univers si particulier mêlant la rudesse de l’existence en Islande et la poésie des mots m’enchante à chaque fois.

Sigvaldi le peintre git au sol après avoir chuté de l’échelle. Et il se souvient de son amour fou pour sa jeune épouse Helga, de leur bonheur, du malheur qui a suivi, de sa fille Asta.

Stefansson nous offre l’histoire de Sigvaldi, d’Helga, d’Asta et des autres comme un puzzle au gré des souvenirs de Sigvaldi, des lettres d’Asta ou des réflexions de l’écrivain. Les époques et les personnages alternent sans que le lecteur se sente jamais perdu. Et tout est là : l’amour et la haine, l’espoir et le désespoir, la vie et la mort, les retrouvailles et l’abandon, la famille et les amis. Des personnages forts, beaux et touchants, qu’il est difficile d’oublier tant Stefansson sait leur donner vie. Et en toile de fond, l’Islande magnifique que je rêve de découvrir en réalité un jour. Et enfin, l’écriture si vibrante, si lumineuse, si poétique de Stefansson.

Ce n’est pas mon préféré de Stefansson, mais c’est quand même une merveille !



Extrait :

« Il est facile de vivre en baissant les yeux. L’ignorance vous rend libre alors que la connaissance vous emprisonne dans a toile de la responsabilité. »


« Sigvaldi est capable d’affronter les hivers les plus rudes, les averses les plus drues, les vagues les plus puissantes – mais comment s’y prend-on pour réconforter ? »


« Le dieu moderne de ma consommation n’est en rien différend des divinités antiques : il exige des sacrifices. Le premier de ces sacrifices, c’est celui du simple bon sens. »


lundi 5 novembre 2018

Ásta - Jón Kalman Stefánsson

Par Daphné















Auteur : Jon Kalman Stefansson
Titre : Asta
Genre : roman
Langue d’origine : islandais
Traducteur : Eric Boury
Editeur : Grasset

Résumé de l'éditeur :

Reykjavik, au début des années 50. Sigvaldi et Helga décident de nommer leur deuxième fille Ásta, d’après une grande héroïne de la littérature islandaise. Un prénom signifiant – à une lettre près – amour en islandais qui ne peut que porter chance à leur fille… Des années plus tard, Sigvaldi tombe d’une échelle et se remémore toute son existence : il n’a pas été un père à la hauteur, et la vie d’Ásta n’a pas tenu cette promesse de bonheur.

Jón Kalman Stefánsson enjambe les époques et les pays pour nous raconter l’urgence autant que l’impossibilité d’aimer. À travers l’histoire de Sigvaldi et d’Helga puis, une génération plus tard, celle d’Ásta et de Jósef, il nous offre un superbe roman, lyrique et charnel, sur des sentiments plus grands que nous, et des vies qui s’enlisent malgré notre inlassable quête du bonheur.


Mon avis :

J'aime particulièrement la plume de Jón Kalman Stefánsson, une plume poétique qui me transporte toujours, en imagination dans ce pays d'Islande que je rêve de découvrir.

Qu'elle est belle et triste, l'histoire d'Asta, cette vie qui avait si bien commencé, sous les signes de l'amour, comme le veut son prénom... cette vie cependant marquée par d'irréversibles cicatrices. La tristesse, la folie, la désillusion, l'amour marquent chaque personnage de ce roman, personnages malmenés par une existence qui aurait pu tourner autrement. 

L'auteur porte ici un regard à la fois rude et mélancolique sur l'existence, s'interrogeant sur son sens. La construction du livre, qui oscille entre différentes époques, différents personnages, est aussi déroutante, chaotique et "biscornue" que la manière dont tournent les vies. 

Ce n'est pas le livre que j'ai préféré de cet auteur et pourtant, immanquablement, il a encore su me transporter. Je résiste difficilement à cette écriture presque envoûtante qui sait si bien nous décrire les lieux et les histoires de ses protagonistes (même si, cette fois ci, il m'a semblé trouvé moins de belles descriptions que dans ses précédents romans). Encore une fois, Jón Kalman Stefánsson m'a offert un beau moment de lecture.

Extrait :

"Ce n'est pas toujours facile de dire les choses importantes dans sa langue maternelle, une langue dont on connaît chaque nuance, chaque meuble, chaque objet, chaque touffe d'herbe, chaque tonalité. Il est parfois presque insurmontable d'évoquer les choses les plus intimes, celles qui reposent au fond du cœur, voilà pourquoi il est délicieux de connaître une langue étrangère. De préférence très lointaine, éventuellement venue d'une autre galaxie..."

"Comment survivent ceux qui jamais ne peuvent parler de leur amour ? Et comment s'y prend-on pour consoler les morts ?
Je suis entré dans le phare. Chargé de livres, de musique et de souvenirs, j'entre dans la lumière qui fend la nuit."


"Avons-nous un autre but dans la vie que celui de naître, de tousser deux ou trois fois, puis de mourir ? Quant à la vie elle-même, elle nous semble si vaste et puissante qu'elle soutient le ciel, n'est-elle pas en fin de compte qu'une souris qui traverse la cuisine un jour au mois d'octobre avant de disparaître à jamais ?"