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mardi 16 janvier 2018

Le monde des hommes - Pramoedya Ananta Toer

Par Ariane



Auteur : Pramoedya Ananta Toer

Titre : Le monde des hommes

Genre : roman

Langue d’origine : indonésien

Editeur : Zulma

Nombre de pages : 512p

Date de parution : janvier 2017

Présentation de l’éditeur :

C’est une longue et belle histoire que « Pram » racontait à ses compagnons de détention sur l’île de Buru, avec ferveur, et un élan vital qu’on partage aussitôt. Une histoire aventureuse et romanesque, une histoire politique aussi, qui nous emmène à Surabaya, en Indonésie, au tournant du siècle.

Minke, jeune journaliste brillant et curieux de tout, y croise le destin d’Ontosoroh, la nyai, concubine d’un riche colon hollandais. Tous deux sont javanais, idéalistes et ambitieux, tous deux rêvent d’une liberté enfin conquise contre un régime de haine et de discrimination, celui des Indes néerlandaises. Deux personnages extraordinaires, aussi attachants que singuliers – au regard d’un monde qui mûrit sa révolution. On l’aura compris, le Monde des hommes est plus qu’un roman, c’est un monument.



Mon avis :

Minke est un jeune homme intelligent issu d’un milieu privilégié de Java, ce qui lui permet d’être l’un des rares indigènes étudiant dans une école prestigieuse de Surabaya. Il fait un jour la connaissance d’Annelies, une jeune métisse, et de sa mère concubine d’un riche colon. Minke tombe aussitôt sous le charme de la jeune fille et est en même temps fasciné par la mère, intellectuelle et entrepreneuse autodidacte.

A vrai dire j’ai plus été intéressée par les éléments historiques du roman, ainsi que par le contexte de sa rédaction, que par l’histoire elle-même. L’auteur nous fait une description de la société javanaise sous la colonisation néerlandaise. Il dénonce l’archaïsme javanais, le racisme ambiant, la hiérarchisation de la société, la position de la femme.

Prisonnier politique pendant de longues années , c’est en prison que Pram imagine son roman. N’ayant pas la possibilité de l’écrire, c’est à ses codétenus qu’il récite son roman avant de pouvoir enfin l’écrire en 1975. Le roman restera interdit en Indonésie jusqu’en 2005.

Mais je n’ai pas vraiment été intéressée par l’histoire de Minke, Annelies et Nyai. J’ai trouvé beaucoup de longueurs et si les personnages de Minke et Nyai sont intéressants, Annelies est insupportable de mièvrerie. J’ai l’impression que les personnages et leur histoire ne sont là que pour servir de support aux propos de l’auteur. C’est un roman engagé et politique avant d’être un roman.

Il s’agit du premier volet d’une tétralogie, mais je ne pense pas lire la suite, car même si j’ai trouvé des éléments intéressants, je ne me suis pas suffisamment investie dans l’histoire pour avoir envie d’en connaître la suite.



Extrait :

« L'avenir ne cesse de nous tourmenter, de nous torturer ! Le moment venu, chacun le rejoint - bon gré, mal gré, corps et âme - et trop souvent il se révèle un fieffé despote. Je finirais par accéder, moi aussi, à ce qu'il me réserve. Qu'il soit un dieu bienveillant ou cruel, c'est mon affaire, bien sûr : les hommes n'applaudissent trop souvent que d'une main. »

L'avis d'Hélène,  



mardi 3 octobre 2017

La porte - Magda Szabo

Par Ariane



Prix fémina étranger 2003
Auteur : Magda Szabo

Titre : La porte

Genre : roman

Langue d’origine : Hongrois

Traducteur : Chantal Philippe

Editeur : Viviane Hamy

Nombre de pages : 286p

Date de parution : août 2003

Présentation de l’éditeur :

La Porte est une confession. La narratrice retrace sa relation avec Emerence qui fut sa femme de ménage pendant une vingtaine d’années. L’une est vieille, l’autre jeune, l’une sait à peine lire, l’autre ne « respire » que par les mots, l’une arbore l’humilité comme un blason, l’autre l’orgueil de l’intellectuelle sur-cultivée. Et pourtant la vieille servante va tout apprendre à l’écrivain adulée, car elle est la générosité incarnée ; dès qu’il s’agit de sauver une vie, celle d’un Juif, d’un Allemand, d’un voleur ou d’un chaton abandonné, Emerence ne réfléchit pas une seconde. La narratrice fait le portrait haut en couleur de ce personnage lumineux au caractère difficile et singulier, qui agit en véritable despote sur son entourage, qui consent à tout.



Mon avis :

Ce que j’aime avec les blogs, c’est pouvoir découvrir des livres vers lesquels je ne me serai pas tournée de moi-même. Et pour ce roman de Magda Szabo, cela aurait probablement été le cas, n’eut été le billet de Keisha, qui pourtant ne débordait pas d'enthousiasme. 

La narratrice (Magda Szabo elle-même) raconte sa relation pour le moins étrange avec Emerence sa femme de ménage. Une relation faite d’admiration mutuelle autant que d’incompréhension, d’affection et de rancœur, entre ces deux femmes que tout oppose.

Emerence est un personnage complexe et insaisissable. Elle est le cœur du quartier, indispensable et familière à tous, et pourtant mystérieuse, ne livrant que des bribes épars de sa vie, chacun de ses amis n’en détient qu’un morceau. Et si tous les habitants du quartier se retrouvent fréquemment devant la porte d’Emerence, personne n’a accès au logement, repère secret et protégé de la vieille femme. Cet appartement qu’elle cache à tous est son sanctuaire et sa forteresse. Emerence est un personnage touchant, une femme entière dans ses affections comme dans ses colères, entourée d’amis bienveillants et pourtant terriblement seule, délicate et violente à la fois, secrète et explosive. Emerence est inoubliable.

La narratrice est troublée devant ce personnage énigmatique. Cette intellectuelle, issue de la bourgeoisie, romancière reconnue et pleine de bonnes intentions, se retrouve démunie face à Emerence, qui lui dévoile un monde qu’elle ne soupçonnait pas. C’est la confrontation de deux univers, de deux personnalités, qui apprennent à s’apprivoiser, à se respecter et même à s’aimer.

Et impossible aussi d’oublier Viola, le chien de la narratrice, qui pourtant verra toujours Emerence comme sa maîtresse, n’obéissant qu’à elle et cherchant toujours la compagnie de la vieille dame. Viola, seul être autorisé à franchir la porte close du logement d’Emerence, passeur entre le monde secret de celle-ci et l’extérieur, gardien de ses secrets.

La porte est un roman intense, difficile probablement, mais magnifique.



Extraits :

« L’expérience m’avait appris à ne jamais lui poser trop de questions, sous peine qu’effarouchée elle n’en dise encore moins. »


« Emerence était capable de m’inspirer les plus nobles sentiments comme les pires grossièretés, l’idée que je l’aimais me mettait parfois dans un état de fureur qui me prenait au dépourvu. »


« Il était impossible d’expliquer la nature, l’intensité de notre relation ou le fait qu’Emerence était pour chacun de nous une nouvelle mère, bien qu’elle ne ressemblât à aucune des nôtres. »


« Je restais là à contempler l'alignement militaire des pieds de maïs et à me demander quelle pouvait être la mémoire de la terre, quand elle recouvre tant de sang, de morts, d'échecs et de rêves. Comment peut-elle encore donner, avec de tels souvenirs ? Peut-être justement à cause d'eux ? »


« N’aimez jamais éperdument, cela ne peut que vous mener à votre perte. Si ce n’est pas tout de suite, c’est plus tard. Le mieux, c’est de ne jamais aimer personne. »

D'autres avis chez Keisha, Jostein

samedi 29 juillet 2017

Avant que les ombres s'effacent - Louis-Philippe Dalembert

Par Ariane



Auteur : Louis-Philippe Dalembert

Titre : Avant que les ombres s’effacent

Genre : roman

Langue d’origine : français (Haïti)

Editeur : Sabine Wespieren

Nombre de pages : 296p

Date de parution : mars 2017

Présentation de l’éditeur :

Dans le prologue de cette saga conduisant son protagoniste de la Pologne à Port-au-Prince, l’auteur rappelle le vote par l’État haïtien, en 1939, d’un décret-loi autorisant ses consulats à délivrer passeports et sauf-conduits à tous les Juifs qui en formuleraient la demande.
Avant son arrivée à Port-au-Prince à la faveur de ce décret, le docteur Ruben Schwarzberg fut de ceux dont le nazisme brisa la trajectoire. Devenu un médecin réputé et le patriarche de trois générations d’Haïtiens, il a tiré un trait sur son passé. Mais, quand Haïti est frappé par le séisme de janvier 2010 et que sa petite-cousine Deborah accourt d'Israël parmi les médecins du monde entier, il accepte de revenir sur son histoire.
Pendant toute une nuit, sous la véranda de sa maison dans les hauteurs de la capitale, le vieil homme déroule pour la jeune femme le récit des péripéties qui l’ont amené là. Au son lointain des tambours du vaudou, il raconte sa naissance à Łódź en 1913, son enfance et ses études à Berlin – où était désormais installé l'atelier de fourrure familial –, la nuit de pogrom du 9 novembre 1938 et l'intervention providentielle de l’ambassadeur d’Haïti. Son internement à Buchenwald ; son embarquement sur le Saint Louis, un navire affrété pour transporter vers Cuba un millier de demandeurs d’asile, mais refoulé vers l’Europe ; son séjour enchanteur dans le Paris de la fin des années trente, où il est recueilli par la poétesse haïtienne Ida Faubert, et, finalement, son départ vers sa nouvelle vie : le docteur Schwarzberg les relate sans pathos, avec le calme, la distance et le sens de la dérision qui lui permirent sans doute, dans la catastrophe, de saisir les mains tendues.
Avec cette fascinante évocation d'une destinée tragique dont le cours fut heureusement infléchi, Louis-Philippe Dalembert rend un hommage tendre et plein d’humour à sa terre natale, où nombre de victimes de l’histoire trouvèrent une seconde patrie.



Mon avis :

Je ne me souviens plus ce qui m’a fait noter ce roman. Article de blog ? Emission radio ? La grande librairie ? Aucune idée, il faut dire que j’ai une mémoire de poisson rouge. Mais toujours est-il que j’ai bien fait de le noter car j’ai beaucoup aimé cette lecture.

Arrivé au terme de sa vie, le docteur Schwarzberg installé depuis près de soixante ans en Haïti, voit sa chère île frappée par un séisme dévastateur. C’est l’occasion pour lui de revenir sur sa vie qu’il raconte à une petite-fille de sa tante, médecin elle aussi, venue en tant qu’humanitaire. Né en Pologne, le jeune Ruben quitte le pays natal avec sa famille pour s’installer à Berlin en espérant fuir les violences exercées contre les Juifs. Quelques années plus tard, l’arrivée au pouvoir des nazis rend leur situation bien compliquée, mais ce n’est qu’après la triste Nuit de Cristal que la famille prendra conscience qu’il leur faut fuir à nouveau.

On ne compte plus les romans consacrés à cette triste période de l’histoire, à ces milliers de personnes contraintes à l’exil, à ces millions de personnes assassinées. Mais dans ce roman, Louis-Philippe Dalembert aborde le sujet sous un angle inédit en mettant en avant le rôle joué par Haïti. C’est une histoire méconnue, personnellement je l’ignorais totalement. Dès 1937, le pays accorde le statut de réfugiés aux Juifs fuyant l’Allemagne et en 1939, un décret leur accorde la naturalisation. L’auteur rend donc un bel hommage à son pays qui souffre d’une image négative. Dalembert nous raconte un pays lettré et chaleureux, un peuple partagé entre philosophie et vaudou, une terre accueillante et généreuse. A mille lieues du pays ravagé par la violence et la misère que l’on imagine.

L’auteur nous raconte l’histoire de Ruben Schwarzberg avec beaucoup d’humanité. Il sait donner vie à ses différents personnages, attachants et réalistes, et parfois surprenants. Il fait également le choix de nous raconter les péripéties de Ruben pour enfin fuir l’Allemagne nazie avec un humour bienvenu.

J’ai donc pris beaucoup de plaisir à suivre le parcours de Ruben et de ses proches, à découvrir un pays méconnu et à profiter d’une écriture lumineuse, chaleureuse et souvent drôle.



Extrait :

«(…) s'il avait accepté de revenir sur cette histoire, c'était pour les centaines, les millions de réfugiés qui, aujourd'hui encore, arpentent déserts, forêts et océans à la recherche d'une terre d'asile. Sa petite histoire personnelle n'était pas, par moments, sans rappeler la leur. Et puis, pour les Haïtiens aussi. Pour qu'ils sachent, en dépit du manque matériel dont ils avaient de tout temps subi les préjudices, du mépris trop souvent rencontré dans leur errance, qu'ils restent un grand peuple. »

D'autres avis chez Keisha, Aifelle, Eva, Nicole,