mardi 21 juillet 2015

Plus haut que la mer - Francesca Melandri

Par Ariane



Auteur : Francesca Melandri

Titre : Plus haut que la mer

Genre : roman

Langue d’origine : italien

Editeur : Danièle Valin

Nombre de pages : 208p

Date de parution : février 2015

Présentation de l’éditeur :

1979. Paolo et Luisa prennent le même bateau, chacun de son côté, pour se rendre sur l’Île. Mais ce n’est pas un voyage d’agrément, car c’est là que se trouve la prison de haute sécurité où sont incarcérés le fils de Paolo et le mari de Luisa. Ce dernier est un homme violent qui, après un meurtre commis sous le coup de la colère, a également tué un surveillant en prison, tandis que le premier a été reconnu coupable de plusieurs homicides politiques sur fond de révolution prolétarienne. L’homme et la femme ne se connaissent pas, Paolo est professeur de philosophie, mais il n’enseigne plus ; Luisa, elle, est agricultrice et élève seule ses cinq enfants. À l’issue du voyage et de la brève visite qu’ils font au parloir de la prison, ils ne peuvent repartir comme ils le devraient, car le mistral souffle trop fort. Ils passent donc la nuit sur l’Île, surveillés par un agent, Pierfrancesco Nitti, avec qui une étrange complicité va naître. Pour ces trois êtres malmenés par la vie, cette nuit constitue une révélation et, peut-être aussi, un nouveau départ.
Avec Plus haut que la mer, Francesca Melandri livre un deuxième roman incisif et militant, une superbe histoire d’amour et d’idées qui est aussi une subtile réflexion sur le langage, celui de la politique et celui du monde dans lequel nous vivons.



Mon avis :

Une île prison et trois personnages qui vont se rencontrer. Voilà le point de départ de ce roman. Et Francesca Melandri parvient à nous offrir une histoire magnifique et émouvante.

Paolo et Luisa rendent visite à leurs proches emprisonnés dans cette prison de haute sécurité et Pierfrancesco est un gardien chargé de les escorter.

Paolo qui porte en lui la culpabilité des crimes de son fils, culpabilité que celui-ci ne semble pas ressentir. Mais il n’en aime pas moins son fils et continue à lui rendre visite. Les souvenirs de l’enfance de son fils lui reviennent souvent et ces jours heureux sont une blessure.

Luisa, rend visite à son mari. L’emprisonnement de son mari fut une libération pour cette femme battue, même si elle s’est retrouvée à élever seule ses cinq enfants et à gérer une exploitation agricole. C’est une femme courageuse, travailleuse, terre à terre. Elle ne s’en laisse pas compter. C’est une femme de devoir, raison pour laquelle elle rend visite à cet homme qu’elle déteste.

Pierfranscesco le gardien semble presque aussi prisonnier de l’île que les prisonniers. Il se renferme sur lui-même, incapable de partager avec sa femme son quotidien, à la fois pour la protéger à la fois pour se protéger lui-même de la réalité du travail de gardien de prison. Alors il se tait, il tait les violences et les insultes, celles des prisonniers comme celles des gardiens.

Trois personnages éloignés les uns des autres, qui lorsque Luisa et Paolo se retrouvent coincés sur l’île à cause du vent, vont être obligés de passer la nuit ensemble. Un moment hors du temps où ils se rapprocheront, se découvriront, s’ouvriront et se pardonneront à eux-mêmes.

Il y a une certaine lenteur dans la narration qui s’accorde avec le contexte. Beaucoup de subtilité dans les rapports entre les personnages, dans les non-dits autant que dans les paroles.

Francesca Melandri aborde avec beaucoup de justesse une période sombre de l’histoire de son pays. Elle parvient à donner une juste place aux victimes (à travers une unique photo), aux criminels et à leurs proches.

Une belle découverte.



Extrait :

« Il se rendit compte que, pour la première fois depuis de nombreuses années, il allait passer un certain temps non loin de son fils, peut-être plusieurs jours, ou du moins tant que le mistral soufflerait. Une poignée de kilomètres seulement les séparaient ; ils posaient les pieds sur la même bande de terre émergeant de la mer. Cette tempête les unissait comme cela n’était plus arrivé depuis que son fils était entré dans la clandestinité. Peut-être même encore avant. »

Lu dans le cadre du challenge Petit bac pour la catégorie taille et voisins, voisines pour l'Italie
D'autres avis chez Clara, Kathel, Aifelle,
 

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