samedi 18 février 2017

The girls - Emma Cline

Par Ariane



Auteur : Emma Cline

Titre : The girls

Genre : roman

Langue d’origine : anglais (américain)

Traducteur : Jean Esch

Editeur : La table ronde

Nombre de pages : 336p

Date de parution : août 2016

Présentation de l’éditeur :

Nord de la Californie, fin des années 1960. Evie Boyd, quatorze ans, vit seule avec sa mère. Fille unique et mal dans sa peau, elle n'a que Connie, son amie d'enfance. Lorsqu'une dispute les sépare au début de l'été, Evie se tourne vers un groupe de filles dont la liberté, les tenues débraillées et l'atmosphère d'abandon qui les entoure la fascinent. Elle tombe sous la coupe de Suzanne, l'aînée de cette bande, et se laisse entraîner dans le cercle d'une secte et de son leader charismatique, Russell. Caché dans les collines, leur ranch est aussi étrange que délabré, mais, aux yeux de l'adolescente, il est exotique, électrique, et elle veut à tout prix s'y faire accepter. Tandis qu'elle passe de moins en moins de temps chez sa mère et que son obsession pour Suzanne va grandissant, Evie ne s'aperçoit pas qu'elle s'approche inéluctablement d'une violence impensable.



Mon avis :

Parmi la profusion de sorties de cette dernière littéraire e roman n’avait pas vraiment attiré mon attention. N’aurait été l’avis d’Eva je serai probablement passée à côté. Mais j’ai eu raison de suivre son coup de cœur.

S’inspirant de « la famille » de Charles Manson et de leurs crimes, Emma Cline met en scène l’histoire d’Evie, une adolescente ordinaire dont les parents en plein divorce ne se préoccupent pas. Livrée à elle-même, la jeune fille solitaire rencontre un groupe de jeunes filles, menées par la fascinante Suzanne, et se rapproche ainsi d’un groupe de marginaux vivant dans une ferme isolée sous l’emprise d’un certain Russel. C’est Evie elle-même qui raconte cette histoire. Une trentaine d’années, plus tard, Evie est une femme solitaire qui se remémore sa jeunesse au contact inattendu du fils d’un ami et de sa petite amie. Cette jeune fille désireuse de plaire, prête à suivre aveuglément celui qu’elle aime, à tout accepter et à tout faire, lui rappelle celle qu’elle a été.

La grande force de ce roman c’est tout d’abord le personnage d’Evie. Elle est l’incarnation parfaite de la fragilité de l’adolescence, de son besoin de reconnaissance, de sa soif d’appartenance, de l’intensité et de la complexité de ses émotions et de ses désirs. Une adolescente soumise à la puissance du groupe, à la force d’attraction de personnages charismatiques. Evie n’a pas participé au crime, mais il s’en est fallu de peu.

Le personnage de Suzanne est mystérieux, on sait peu de choses sur la jeune fille ni son passé, ni ses pensées. De Suzanne on ne connaît que l’image que s’en fait Evie, un personnage idéalisé, mais dont la froideur laisse perplexe.

Le roman porte bien son titre. Les filles sont les héroïnes, les véritables personnages du roman. Evie et Suzanne, mais également les personnages secondaires que sont les autres filles du groupe, la petite amie du père d’Evie, Sacha la jeune fille que rencontre l’Evie adulte et même la mère d’Evie. Et si les hommes sont presque des ombres dans ce roman, ils sont tous des figures plutôt négatives, exploitant la soif d’amour des filles et les manipulant pour obtenir ce qu’ils désirent. C’est un roman féministe dans une certaine mesure, dans lequel les filles sont victimes consentantes des hommes, soumises aux désirs masculins et prêtes à tout pour être aimées.

L’auteur explose littéralement l’image de légèreté des années 60. On est bien loin du flower power, ici il n’y a que crasse et violence. C’est l’envers du décor d’une époque dont l’on garde une image idéalisée et édulcorée. Et en même temps ce roman est terriblement d’actualité. Comment en effet ne pas penser à d’autres jeunes manipulés et utilisés par des hommes sans scrupules et jetés sur la voie de la violence et de la haine ?

C’est un roman magnifique, dont je garde un vif souvenir.



Extrait :

« J’aime imaginer que cela prît plus de temps que ça. Qu’il fallût me convaincre pendant des mois, me forcer la main lentement. Me courtiser avec prudence comme une amoureuse. Mais j’étais une cible enthousiaste, impatiente de m’offrir. »

D'autres avis chez Eva, Clara, Keisha, Hélène, Jostein




9 commentaires:

  1. Malgré ton avis enthousiaste, je ne suis pas très emballée par le thème.

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    1. Sans l'avis d'Eva je ne l'aurai probablement pas lu non plus, mais ça aurait été dommage.
      Ariane

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  2. Aifelle ne devrait pas hésiter, c'est très bien fait!

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  3. ravie d'avoir été de bons conseils :)

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  4. J'espère que je trouverai le temps de le lire un jour.

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  5. J'étais moins enthousiaste que toi en le lisant. Néanmoins, j'ai moi aussi beaucoup apprécié toute l'histoire autour de cette adolescente et de sa fascination pour cette communauté de jeunes femmes. Cette fascination est très bien rendue dans le roman.

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    1. J'ai trouvé le personnage d'Evie très touchant. Et sa fascination pour la communauté est très intéressante.

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