samedi 18 janvier 2020

Tous, sauf moi - Francesca Melandri

Par Ariane


Auteur : Francesca Melandri

Titre : Tous, sauf moi

Genre : roman

Langue d’origine : italien

Traductrice : Danièle Valin

Editeur : Gallimard

Nombre de pages : 576p

Date de parution : mars 2019

Présentation de l’éditeur :

2010, Rome. Ilaria, la quarantaine, trouve sur le seuil de sa porte un jeune Éthiopien qui dit être à la recherche de son grand-père, Attilio Profeti. Or c’est le père d’Ilaria. À quatre-vingt-quinze ans, le patriarche de la famille Profeti est un homme à qui la chance a toujours souri : deux mariages, quatre enfants, une réussite sociale éclatante. Troublée par sa rencontre avec ce migrant qui déclare être son neveu, Ilaria commence à creuser dans le passé de son père.
À travers l’enquête d’Ilaria qui découvre un à un les secrets sur la jeunesse de son père, Francesca Melandri met en lumière tout un pan occulté de l’histoire italienne : la conquête et la colonisation de l’Éthiopie par les chemises noires de Mussolini, de 1936 à 1941 – la violence, les massacres, le sort tragique des populations et, parfois, les liens qu’elles tissent avec certains colons italiens, comme le fut Attilio Profeti.
Dans ce roman historique où l’intime se mêle au collectif, Francesca Melandri apporte un éclairage nouveau sur l’Italie actuelle et celle des années Berlusconi, dans ses rapports complexes avec la période fasciste. Naviguant habilement d’une époque à l’autre, l’auteur nous fait partager l’épopée d’une famille sur trois générations et révèle de façon bouleversante les traces laissées par la colonisation dans nos sociétés contemporaines.



Mon avis :

Ma première rencontre avec Francesca Melandri date déjà de quelques années, pourtant je me souviens bien de Plus haut que la mer, roman dans lequel elle abordait avec subtilité une période sombre de l’histoire de son pays. Elle s’attaque à nouveau à ce sujet épineux avec Tous, sauf moi, à la fois fresque familiale et historique de l’Italie du XXème siècle.

Tous, sauf moi est le mantra d’Attilio Profeti. Père de quatre enfants, auréolé du prestige de sa réussite professionnelle, il est désormais un vieil homme dont ses proches croient connaitre tous les secrets. Jusqu’au jour où sa fille Ilaria découvre devant sa porte un jeune africain qui prétend être le petit-fils d’Attilio. Intriguée, Ilaria cherche à en savoir plus et peu à peu, découvre le passé méconnu de son père et de son pays.

Il y a dans cette histoire deux niveaux de lecture, le romanesque et l’historique, que Francesca Melandri mêle habilement. Sur le plan strictement romanesque, Francesca nous raconte l’histoire de la famille Profeti partant de la mort d’Attilio Profeti jusqu’aux premières années de mariage de ses parents. Ce faisant elle nous offre une saga familiale riche et passionnante, des personnages marquants même lorsqu’ils n’ont qu’un rôle secondaire dans l’intrigue (je pense notamment à Ottelo, le frère aîné mais éternel second). Je suis loin d’être une romantique, pourtant j’ai accroché à l’histoire d’amour complexe entre Ilaria, enseignante et socialiste, avec son ami d’enfance Piero, député de Silvio Berlusconi. Ce n’est que l’un des points d’accroche entre l’histoire de la famille et l’histoire de l’Italie, car toute l’intrigue imaginée par Francesca Melandri est indissociable de l’histoire contemporaine de son pays.

A travers les destins de ses personnages, Francesca Melandri nous parle de l’Italie. Elle nous raconte les guerres, le fascisme, l’Ethiopie. Elle raconte les violences, la propagande, les théories racistes. Elle ancre également ses personnages dans l’Italie actuelle, parlant d’une classe politique gangrénée par la corruption ou d’immigration. Elle nous livre là un travail ambitieux, basé sur un solide travail de recherche, mais qui, dans le cadre d’un roman pourrait dérouter, voire rebuter, certains lecteurs. J’avoue avoir par moments été perdue, car mes connaissances sur l’histoire italienne sont pour le moins superficielles. Pourtant, raconter ces événements en les mêlant à un roman, permet de les faire connaître à un plus large public. On sent en effet la révolte de l’autrice face aux événements passés mais également devant les événements actuels. C’est un cri d’indignation face à l’hypocrisie et à l’aveuglement généralisés.

A découvrir absolument ! 


Extrait :

« ... les définitions définissent celui qui définit, non pas celui qui est défini. »


«Migrer est un geste total mais aussi très simple : quand un être vivant ne peut survivre dans un endroit, ou il meurt ou il s'en va. Hommes, thons, cigognes, gnous au galop dans la savane: les migrations sont comme les marées, les vents, les orbites des planètes et l'accouchement, tous des phénomènes qu'il n'est pas donné d'arrêter. Et sûrement pas par la violence, même si cette illusion est répandue. »


« Tu as raison. Dans ce pays, les mots ne comptent plus. L'histoire ne compte plus. Ce n'est qu'une bouillie informe, résistants et fascistes, tous pareils, tous victimes, aucune responsabilité, pas même Mussolini qui au fond n'était pas si mal, qui a fait lui aussi tant de bonnes choses. Et si tu essaies de dire qu'en réalité ça ne s'est pas vraiment passé comme ça, on te traite d'emmerdeuse. »


« Il ne se rendait pas compte que la photo qu'il avait entre les mains - celle d'une jeune fille noire avec un collier pour tout vêtement, les seins en forme de pyramide qui pointaient au-dessus de son ventre bombé - n'était pas de la pornographie. C'était de la propagande de guerre. »

Les avis de Krol, Nicole, Papillon,

14 commentaires:

  1. Je l'ai déjà noté, j'attendrai sans doute le poche.

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  2. j'ai noté le nom de l'autrice depuis belle lurette, tu confirmes, il faut que je la découvre !

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  3. Cest sans doute ma plus belle découverte en 2019

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    1. On est seulement en début d'année, alors j'espère que 2020 m'en réserve d'autres aussi magnifiques.

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  4. Présent dans ma nouvelle bibli, cette fosi

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  5. Une de mes lectures les plus fortes de l'année 2019 !

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  6. J'adore cette auteure, et celui-ci est passionnant.

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  7. Je l'avais repéré celui-ci. Mais comme je dois finir la saga d'Elena Ferrante, je voulais attendre un peu pour varier.

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    1. Mis à part que les deux autrices sont italiennes, il n'y a pas vraiment de point commun.

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