vendredi 14 février 2020

Forêt-Furieuse - Sylvain Pattieu

Par Daphné















Auteur : Sylvain Pattieu
Titre : Forêt-Furieuse
Genre : roman
Langue d’origine : français
Editeur : Rouergues
Date de parution :  2019
Nombre de pages : 632

Résumé de l'éditeur :

À la Colonie, en lisière de la forêt, il y a des enfants malades, des orphelins et des estropiés, des rescapés. Ils ont des noms à rallonge, La-Petite-Elle-Veut-Tout-Faire-Toute-Seule, Destiny-Bienaimée, Mohamed-Ali, Tout-Le-Fait-Rire. Ils sont divisés en deux groupes, strongues et bitches, et les strongues tabassent, et les bitches ne se laissent pas faire. Ils sont plus habitués à la violence qu'à la tendresse, ça n’empêche pas les amitiés, les amours. Ils ont peur de la forêt, mais elle les attire, ces gamins. Pas loin, un village, enserré dans des montagnes. Comme partout, la lutte des classes règne, entre bergers, paysans, et maîtres des forges. On trouve des christian, des muslim, des supermuslim. Les vrais supermuslim menacent, ils veulent prendre le village pour leur califat. Il y a des Grands-Incendies et des Grandes-Vagues, des pluies corrosives ou du soleil qui tape dur. 
Dans Forêt-Furieuse, Sylvain Pattieu fait s'entrechoquer la vitalité enfantine, l'imaginaire destructeur du djihadisme, la violence des guerres contemporaines, sur fond de contes et légendes d’Ariège, de paysages des Pyrénées et de Seine-Saint-Denis. Et puis il y a son écriture, scandée par le rap et nourrie de la langue populaire d'aujourd'hui.

Mon avis :

Eh bien, quel livre ! Un livre indéfinissable et très prenant, très dense, qui nous propulse dans plusieurs histoires entremêlées pleines de violence, de vivacité, d'amour aussi. 

Ce livre se passe dans un lieu et à une époque pas vraiment définie mais en lisant entre les lignes, on y retrouve de nombreux éléments du monde actuel. Nous voilà donc plongés à "La Colonie", visiblement juste après une guerre très destructrice. "La Colonie" abrite des enfants : orphelins, séparés de leurs familles, malades, handicapés suite aux désastres de la guerre. Entourés par quelques éducateurs, ils vivent selon leurs propres lois, en une sorte de micro-société basée sur ce qu'ils ont connus jusque là : la violence et le chaos. Cependant, ils restent des enfants, des enfants qui se battent, des enfants aux souvenirs très sombres, mais des enfants qui aiment la peinture et qui tentent de se reconstruire.  non loin de la Colonie, il y a le village, la forêt, les montagnes... des lieux qui auront tous un rôle à jouer.

Il est aussi question de fanatisme dans ce livre, de trahison, de guerres de religion, de mort. Mais il y a cependant, la solidarité, le courage. C'est cru, c'est dur, c'est violent mais il existe aussi quelque chose de très beau dans ce livre. 

L'écriture est particulière, très particulière. On manque se perdre entre les surnoms à rallonge donnés par les enfants, le rythme très dense, un peu "fouillis", les histoires qui s’entremêlent sans que l'on parvienne à déterminer directement en quoi elles se rejoindront. C'est une écriture choc, une écriture rythmée, indéfinissable, avec laquelle on peut avoir du mal mais qui a su m'emporter. 

Tant par son écriture que par son histoire, ce roman vaut la peine d'être lu. C'est dérangeant, violent, difficile à lire, du moins au début mais quel grand livre! A découvrir, vraiment!


Extrait :

"On leur apprend à lire, à écrire, un peu de littérature et des maths et des sciences, et puis aussi des choses pratiques, sur les carburants, la couture, le charbonnage, les herbiers. On leur apprend les consignes de sécurité, quoi faire quand sonne l’alarme, quand ça bombarde, quand ça tire, s’il y a des blessés ou des morts, on leur montre comment mettre les masques à gaz si c’est toxique, tout ça les fait rire parce qu’ils ont l’expérience et ils sont ensemble, ils se croient plus forts. Ils ont déjà pas mal perdu alors qu’est-ce qu’ils risquent. Ils ne croient pas qu’on va les attaquer, ils n’ont pas d’intérêt stratégique."

6 commentaires:

  1. J'espère que le style ne sera pas rédhibitoire pour moi.

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    1. Le style est très spécial... mais une fois qu'on arrive à y entrer, ce livre vaut vraiment le coup.
      Daphné

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  2. Je ne crois pas que ce soit pour moi, entre la violence, le style... et la longueur.

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    1. C'est sûr que ça peut rebuter. Mais tout de même, ce livre a quelque chose de particulier et je suis contente de ne pas être passée à côté.
      Daphné

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  3. J'ai un peu les mêmes craintes que Kathel, mais ça m'intrigue.

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    1. Il a de quoi intriguer en effet. Laisse toi tenter, je pense vraiment que ça en vaut la peine.
      Daphné

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