lundi 7 février 2022

Le rire des déesses - Ananda Devi

 Par Daphné









Autrice :  Ananda Devi
Titre : Le rire des déesses
Genre : roman
Langue d’origine : français
Editeur : Grasset
Nombre de pages : 240

Date de parution : 2021


Résumé de l'éditeur :

Au Nord de l’Inde, dans une ville pauvre de l'Uttar Pradesh, se trouve La Ruelle où travaillent les prostituées. Y vivent Gowri, Kavita, Bholi, ainsi que Veena, et Chinti, sa fille de dix ans. Si Veena ne parvient pas à l'aimer, les femmes du quartier l'ont prise sous leur aile, surtout Sadhana. Elle ne se prostitue pas et habite à l’écart, dans une maison qu’occupent les hijras, ces femmes que la société craint et rejette parce qu’elles sont nées dans des corps d’hommes. Ayant changé de sexe et devenue Guru dans sa communauté, Sadhana veille sur Chinti.
Leurs destins se renversent le jour où l’un des clients de Veena, Shivnath, un swami, un homme de Dieu qui dans son temple aime se faire aduler, tombe amoureux de Chinti et la kidnappe. Persuadé d’avoir trouvé la fille de Kali capable de le rendre divin, il l’emmène en pèlerinage à Bénarès. Comment se douterait-il que sur ses pas, deux représentantes des castes les plus basses, une pute et une hijra, Veena et Sadhana, sont parties pour retrouver Chinti, et le tuer ?
Des bas-fonds de l’Inde où les couleurs des saris trempent dans la misère à sa capitale spirituelle, Ananda Devi nous entraîne dans un roman haletant et riche pour fouiller, à sa manière, les questions brûlantes de notre époque : la place des femmes et des transsexuels, le règne des hommes et la sororité ; les folies de la foi, la pédophilie ; la religion, la colère et l’amour. Avec son style incisif et poétique, elle brise le silence des dieux pour faire entendre et résonner le cri de guerre des femmes – le rire des déesses.

Mon avis :

Chinti, 10 ans, a grandi cachée dans les murs dans un quartier de prostitution en Inde. Ignorée par s amère, choyée par les autres prostituées, elle observe, passant inaperçue telle une petite fourmi. Jusqu'au jour où elle commence elle aussi à attirer le regard des hommes. 

Si la narration de ce roman prend souvent des allures de contes, alors c'est un conte bien cruel dans lequel sont mis à l'honneur la pédophilie, la prostitution, le rejet de la différence, la place (peu enviable) des femmes et des hijiras au sein de la société indienne, la relation mère/fille, la rage et l'amour. 

On se retrouve plongés dans un monde pétri d'injustices et de folie. C'est dur, c'est cru, c'est bouleversant. A travers une écriture percutante qui ne nous épargne rien, l'autrice nous entraîne dans une histoire sordide et violente. 

Des allures de contes, peut être bien, mais aussi et surtout, une réalité effroyable, celle des castes de l'Inde, de la domination masculine. Et portant, pourtant, il y a dans ce livre comme des rayons de lumière : la personnalité solaire d'une petite fille, la solidarité de celles qui mettront tout en œuvre pour la sauver. 

Un roman qu'on lit le cœur au bord des lèvres, un cri de dénonciation, un livre qui interpelle. 

Extrait :

"Survivre ne vous donne guère le temps de vous préoccuper d'amour. Survivre est un combat où toutes les présences sont ennemies. L'amitié, l'affection, l'amour, tout cela vous rend poreuse, fragile. Alors, vous fermez la porte, vous la verrouillez, vous la cadenassez. Et cette enfant de votre chair, vous la gardez à distance pour qu'elle ne soit pas une lame de plus qui vous transperce au moment où vous vous y attendez le moins."

4 commentaires:

  1. Il m'avait manqué un petit quelque chose pour vraiment apprécier ce roman.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Qu'est ce qui t'as manqué? Est ce dans l'écriture ou l'histoire ?
      Daphné

      Supprimer
  2. je ne connaissais pas ce titre mais ce que tu en dis m'attire beaucoup, surtout que j'ai toujours aimé lire des romans qui se passent en Inde, pays fascinant.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Moi aussi, j'aime bien les livres qui se passent en Inde. Je te le conseille.
      Daphné

      Supprimer