Grand prix du roman de l'Académie française 2010
Auteur :
Eric Faye
Titre :
Nagasaki
Genre :
roman
Langue
d’origine : français
Editeur :
Stock
Nombre de
pages :
Date de
parution : août 2010
Présentation de l’éditeur :
« Clandestine depuis un an. Il s’étonnait de voir des
aliments disparaître de sa cuisine : un quinquagénaire célibataire des
quartiers sud a installé une caméra et constaté qu’une inconnue déambulait chez
lui en son absence. »
Un simple fait divers dans un quotidien du matin à Nagasaki.
Tout commence par des disparitions, en effet, des déplacements d’objets.
Shimura-san vit seul dans une maison silencieuse qui fait face aux chantiers navals de Nagasaki. C’est un homme ordinaire, qui rejoint chaque matin la station météorologique de la ville en maudissant le chant des cigales, déjeune seul et rentre tôt dans une retraite qui n’a pas d’odeur, sauf celle de l’ordre et de la mesure.
Depuis quelque temps déjà, il répertorie scrupuleusement les niveaux et les quantités de nourriture stockée dans chaque placard de sa cuisine. Dans ce monde contre lequel l’imprévu ne pouvait rien, un bouleversement s’est produit.
Devant l’écran de son ordinateur et grâce à sa caméra, Shimura-san finit par apercevoir l’intruse. Il y a bien quelqu’un chez lui. Il a vu son profil. Il l’observe. Il attend d’être sûr. Est-ce une hallucination, un fantôme de ses échecs sentimentaux passés, une amante amère et revancharde ? Il finit par appeler la police. L’invitée est embarquée et mise en cellule.
On apprendra par les agents en charge de l’enquête et lors du jugement que cette femme à peine plus âgée que son hôte avait trouvé refuge chez lui au cours de son errance. Il partait sans fermer à clé, seule concession à sa maîtrise. On lira qu’elle aimait sentir sur sa peau le rai de lumière qui traversait la pièce l’après-midi et l’odeur des draps propres dans l’armoire qui lui servait de chambre. Tel un animal, cette femme sans passé sentait la menace, détectait le bruit des pas et bondissait se cacher, à l’abri du danger. Elle ne voulait rien de plus qu’être là, sans déranger. Elle aussi était seule.
On apprendra bien d’autres choses encore ; sur la mémoire des lieux et la mémoire tout court, dans une lettre finale que la « clandestine » adressera au maître des lieux, désertés.
Tout commence par des disparitions, en effet, des déplacements d’objets.
Shimura-san vit seul dans une maison silencieuse qui fait face aux chantiers navals de Nagasaki. C’est un homme ordinaire, qui rejoint chaque matin la station météorologique de la ville en maudissant le chant des cigales, déjeune seul et rentre tôt dans une retraite qui n’a pas d’odeur, sauf celle de l’ordre et de la mesure.
Depuis quelque temps déjà, il répertorie scrupuleusement les niveaux et les quantités de nourriture stockée dans chaque placard de sa cuisine. Dans ce monde contre lequel l’imprévu ne pouvait rien, un bouleversement s’est produit.
Devant l’écran de son ordinateur et grâce à sa caméra, Shimura-san finit par apercevoir l’intruse. Il y a bien quelqu’un chez lui. Il a vu son profil. Il l’observe. Il attend d’être sûr. Est-ce une hallucination, un fantôme de ses échecs sentimentaux passés, une amante amère et revancharde ? Il finit par appeler la police. L’invitée est embarquée et mise en cellule.
On apprendra par les agents en charge de l’enquête et lors du jugement que cette femme à peine plus âgée que son hôte avait trouvé refuge chez lui au cours de son errance. Il partait sans fermer à clé, seule concession à sa maîtrise. On lira qu’elle aimait sentir sur sa peau le rai de lumière qui traversait la pièce l’après-midi et l’odeur des draps propres dans l’armoire qui lui servait de chambre. Tel un animal, cette femme sans passé sentait la menace, détectait le bruit des pas et bondissait se cacher, à l’abri du danger. Elle ne voulait rien de plus qu’être là, sans déranger. Elle aussi était seule.
On apprendra bien d’autres choses encore ; sur la mémoire des lieux et la mémoire tout court, dans une lettre finale que la « clandestine » adressera au maître des lieux, désertés.
Mon avis :
Voici un roman très court mais ô combien passionnant.
S’inspirant d’un fait divers survenu au Japon en 2008, Eric
Faye reconstitue le parcours de deux solitudes, deux personnages emblématiques
de la société japonaise contemporaine.
L’histoire est racontée tout d’abord par Shimura, puis la femme
prend le relai. Shimura exprime son désarroi et son inquiétude, mais surtout
les interrogations que la présence de la femme suscite en lui : « Allongé, j’ai attendu, mais ça ne venait
pas. Le sommeil ? Non, l’oubli. Non pas l’oubli de cette pauvre femme qui
ne m’était rien, mais celui de mon existence entière dont se dévoilaient tout
d’un coup le dénuement et l’aridité. Aucune ambition n’y poussait plus depuis
longtemps, aucune espérance non plus. Cette femme était à maudire. A cause
d’elle, le brouillard s’était levé. » Puis la femme explique son
parcours. Laissée pour compte de la société, victime de la crise économique,
sans famille, sans amis, elle n’est qu’une ombre.
L’auteur expose de nombreux travers de la société japonaise
contemporaine le délitement des liens familiaux, la crise économique, l’omniprésence
de la robotique,…
Une très agréable lecture, une brève parenthèse qui pose
tout de même de nombreuses questions.
Extrait :
Au-delà de la vitre, la femme regardait le soleil
miraculeux. Paupières mi-closes, elle se laissait inonder par ce cadeau du
ciel ; son visage, qui n’avait plus sa jeunesse, et pour tout dire n’avait
guère de charme, accueillait sans résistance les rayons qui succédaient aux
rayons pour elle toute seule, après être partis qui sait quand d’une étoile à
cinquante millions de kilomètres d’elle. O ! Peu lui importait, à cet
instant précis, de n’avoir ni charme ni jeunesse, je le savais bien. Elle était
seule, croyait-elle, et tout à son enchantement. Les yeux toujours à demi
fermés, elle souriait. Et je me suis dit alors elle doit souffler, se remettre
qui sait de quelles peurs et souffrances ; elle s’abandonne. Peut-être
même est-elle heureuse. Si elle savait !
Lu dans le cadre du challenge Petit bac dans la catégorie lieu
L'avis de Jostein, Chapitre onze,
J'avais beaucoup aimé moi aussi. Un roman d'atmosphère très particulier mais avec beaucoup de charme.
RépondreSupprimerTu as parfaitement résumé ce que je pense :)
SupprimerAriane
Apparemment je suis passée à côté. Ce livre ne m'a pas tellement plu...
RépondreSupprimerC'est assez particulier je le reconnais.
SupprimerAriane