mardi 22 septembre 2020

Nickel boys - Colson Whitehead

 Par Ariane


Auteur : Colson Whitehead

Titre : Nickel boys

Genre : roman

Langue d’origine : anglais (Etats-Unis)

Traducteur : Charles Recoursé

Editeur : Albin Michel

Nombre de pages : 272p

Date de parution : août 2020

 

Mon avis :

Voici un roman de cette rentrée littéraire qui tourne beaucoup sur les blogs et qui rencontre un grand succès. L’auteur, Colson Whitehead, avait déjà rencontré un franc succès avec son précédent roman Underground railroad, lequel m’avait personnellement laissée un peu mitigée.

Dans ce dernier roman, l’auteur nous raconte l’histoire de Elwood Curtis. Elevé par sa grand-mère, Elwwod est un gentil garçon, sérieux, honnête et travailleur. Inspiré par les discours du révérend King, il espère intégrer l’université. Mais suite à une erreur judiciaire, il est envoyé à la Nickel Academy, une maison de correction infligeant des traitements inhumains aux garçons emprisonnés.

Le plus choquant dans l’histoire que nous raconte Colson Whitehead est qu’elle n’a rien d’une fiction. La Dozier school for boys, établissement qui accueillit de nombreux garçons entre 1900 et 2011. Dans cet établissement, les garçons étaient battus, humiliés et abusés. Le cimetière renfermait bien plus de corps que de tombes.

Cet aspect du roman m’a rappelé le film Sleepers avec Brad Pitt, Robert de Niro et Kevin Bacon. L’histoire de quatre gamins envoyés en maison de correction suite à une plaisanterie ayant mal tourné. Pendant leurs années d’incarcération ils seront quotidiennement maltraités et violés. Lorsque des années plus tard, deux d’entre eux tomberont par hasard sur l’un de leurs tortionnaires, ils l’abattront.

La différence entre le film et le roman ? Dans le roman de Colson Whitehaed, les gamins sont noirs. La Nickel Academy accueille des garçons blancs et noirs, qui tous subissent la violence des gardiens. Mais être noir est une circonstance aggravante à la Nickel Academy, d’autant plus qu’on est dans les années 60 dans le sud des Etats-Unis. Les garçons noirs sont encore moins lotis que les blancs. Leurs dortoirs sont plus vétustes, leurs uniformes plus miteux et ils subissent au quotidien le racisme primaire de leurs gardiens.

Malgré l’horreur de son propos, Colson Whitehead ne multiplie pas les scènes de violences qui pourraient être difficiles à lire. Mais la violence se ressent dans la terreur des gamins, dans leur colère impuissante et même devenus adultes, ils restent hantés par la Nickel Academy.

Pas étonnant que ce roman ait reçu tant d’éloges. C’est un livre court, qui se lit rapidement, mais intense. Chaque ligne du roman vibre d’une juste colère, celle de tous les gamins de la Dozier school, celle de tous ces afro-américains emprisonnés ou tués à cause de la couleur de leur peau, celle du mouvement Black Lives Matter. A lire absolument.

 

 

Extrait :

« Lorsque le cimetière clandestin fut découvert, Elwood sut qu’il serait obligé d’y retourner. Le bosquet de cèdres au-dessus de l’épaule du journaliste à la télé raviva la chaleur sur sa peau, le chant strident des cigales. Ce n’était pas si loin. Ça ne le serait jamais. » 

« Voilà ce que cette école vous faisait. Et ça ne s’arrêtait pas le jour où vous en partiez. Elle vous brisait, vous déformait, vous rendait inapte à une vie normale. »

« Les garçons avaient été formés à attendre que les blancs leur adressent la parole avant de pouvoir leur parler. Ils l'avaient appris très jeunes, à l'école, dans les rues, et sur les routes de leurs villes poussiéreuses. Nickel leur avait fait bien entrer dans leur crane: " Vous êtes des noirs dans un monde de blancs" »

« Turner n’avait jamais rencontré personne comme Elwood. Solide était l’adjectif auquel il revenait sans cesse, malgré l’apparente douceur du garçon de Tallahassee, à qui on aurait donné le bon Dieu sans confession et qui pouvait se révéler agaçant avec son penchant moralisateur. Malgré aussi ses lunettes, qu’on avait envie d’écraser sous son pied comme un papillon. Quand il parlait on croyait entendre un étudiant blanc, il lisait des livres même quand personne ne l’y obligeait et en extrayait de l’uranium pour sa bombe A personnelle. Malgré tout cela, il était solide. »



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