vendredi 1 juillet 2022

Les heures souterraines - Delphine de Vigan

 Par Daphné








Autrice : Delphine de Vigan

Titre : Les heures souterraines

Genre : roman 

Langue d’origine : français

Editeur : JC Lattès

Nombre de pages : 299

Date de parution : 2009

Résumé de l 'éditeur :

Chaque jour, Mathilde prend la ligne 9, puis la ligne 1, puis le RER D jusqu’au Vert-de-Maisons. Chaque jour, elle effectue les mêmes gestes, emprunte les mêmes couloirs de correspondance, monte dans les mêmes trains. Chaque jour, elle pointe, à la même heure, dans une entreprise où on ne l’attend plus. Car depuis quelques mois, sans que rien n’ait été dit, sans raison objective, Mathilde n’a plus rien à faire. Alors, elle laisse couler les heures. Ces heures dont elle ne parle pas, qu’elle cache à ses amis, à sa famille, ces heures dont elle a honte.
Thibault travaille pour les Urgences Médicales de Paris. Chaque jour, il monte dans sa voiture, se rend aux adresses que le standard lui indique. Dans cette ville qui ne lui épargne rien, il est coincé dans un embouteillage, attend derrière un camion, cherche une place. Ici ou là, chaque jour, des gens l’attendent qui parfois ne verront que lui. Thibault connaît mieux que quiconque les petites maladies et les grands désastres, la vitesse de la ville et l’immense solitude qu’elle abrite.
Mathilde et Thibault ne se connaissent pas. Ils ne sont que deux silhouettes parmi des millions. Deux silhouettes qui pourraient se rencontrer, se percuter, ou seulement se croiser. Un jour de mai. Autour d’eux, la ville se presse, se tend, jamais ne s’arrête. Autour d’eux s’agite un monde privé de douceur.
Les heures souterraines est un roman sur la violence silencieuse. Au cœur d’une ville sans cesse en mouvement, multipliée, où l’on risque de se perdre sans aucun bruit.

Mon avis :

Je ne lis pas beaucoup en ce moment mais j'enchaîne les livres de Delphine de Vigan, notamment parce qu'ils se lisent vite et bien, et que ses histoires touchent toujours un sujet sensible.  Ici, c'est de solitude dont il est question. Solitude de Mathilde, harcelée sur son lieu de travail. Solitude de Thibault, médecin aux urgences médicales qui souffre d'une récente rupture amoureuse et se heurte à une autre solitude, celle des patients  qu'il visite chaque jour.

Mathilde et Thibault ne se connaissent pas, n'ont rien en commun si ce n'est que se battre devient pour eux trop difficile. Deux solitudes dans la foule, deux personnes qui se retrouvent à baisser les bras. solitude, abandon, désarroi, désillusion. Harcèlement, cruauté, ambiance urbaine étouffante. Vous l'aurez compris, ce livre n'est pas gai, loin de là. Si je devais lui donner une couleur, ce serait le gris, non le gris d'un nuage gorgé de pluie mais un gris de pollution, un gris terne, déprimant. Non, décidemment, ce livre n'est pas gai, il est oppressant, à l'image de Mathilde dans son minuscule bureau sans fenêtre. Si l'écriture peut paraître légère, il n'en est rien de l'histoire en elle-même. Ce n'est pas un livre à lire quand on n'a pas le moral. 

Et pourtant... pourtant, j'ai beaucoup aimé. J'ai aimé la manière dont l'autrice nous entraîne dans la lente descente aux enfers de Mathilde, dont elle dénonce le harcèlement dans tout ce qu'il a de plus cynique et de plus manipulateur. J'ai aimé la manière dont elle décrit la pesanteur de toutes ces vies qui se croisent sous terre dans un métro bondé. J'ai aimé la manière dont elle décrit avec des mots si simples la machine à broyer les âmes qu'est la société, dans toute sa violence, dans toute cette course à la performance qui met à terre les plus fragiles. 

Il n'est pas gai, ce livre, non, mais il est réussi. Réussi dans le message qu'il veut faire passer, réussi dans son écriture qui dit bien plus qu'on en pourrait d'abord le croire.

Extrait :

"Elle a cru qu'elle pouvait résister.
Elle a cru qu'elle pouvait faire face.
Elle s'est habituée, peu à peu, sans s'en rendre compte. Elle a fini par oublier la situation antérieure, et le contenu même de son poste, elle a fini par oublier qu'elle travaillait dix heures par jour sans lever la tête.
Elle ne savait pas que les choses pouvaient basculer ainsi, sans retour possible.
Elle ne savait pas qu'une entreprise pouvait tolérer une telle violence, aussi silencieuse soit-elle. Admettre en son sein cette tumeur exponentielle. Sans réagir, sans tenter d'y remédier."

6 commentaires:

  1. Oui, je sens que ça ne va pas donner le moral. Un roman pas récent, mais qui m'a l'air toujours à lire.

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    1. Je pense en effet qu'il est toujours d'actualité... mais c'est certain que ça ne donne pas bien le moral!
      Daphné

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  2. Je n'avais pas trop aimé, c'est vraiment trop plombant, et le style m'avait agacée...

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    1. Pour ma part, j'ai bien aimé mais en effet, c'est plombant. D'ailleurs, j'ai lu quelque chose de bien plus léger juste après histoire de me changer les idées!
      Daphné

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  3. C'est mon roman préféré de l'auteure.

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    1. Pour l'instant, je pense que mon préféré est plutôt "Les enfants sont rois"... même si c'est une lecture qui fait frémir.
      Daphné

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