lundi 31 octobre 2016

Le bébé - Marie Darrieussecq

Par Daphné

















Auteur : Marie Darrieussecq
Titre : Le bébé
Genre : récit
Langue d’origine : français
Nombre de pages : 188
Date de parution : 2005
Editeur : P.O.L.


Résumé de l'éditeur :

Qu’est-ce qu’un bébé ? Pourquoi si peu de bébés dans la littérature ? Que faire des discours qui les entourent ? Pourquoi dit-on «bébé» et pas «le bébé» ? Qu’est-ce qu’une mère ? Et pourquoi les femmes plutôt que les hommes ?

Mon avis :


Voici un livre qui m'a laissée un peu perplexe. L'auteur nous parle d'ici d'un petit être à peine né : un bébé. elle nous dépeint la rencontre de la mère et  de l'enfant, la découverte de celui que la mère découvre, apprivoise, par qui elle se laisse surprendre. Elle raconte les neuf premiers mois de l'enfant vu par la mère, neuf mois, le temps d'une grossesse, nous décrit ce lien, si particulier, si charnel. 

Avec des mots parfois teintés d'humour et d'autres fois d'étonnement, l'auteur s'interroge sur les bébés en général, sur le sien en particulier. Pas de nom ici. Le bébé n'est jamais nommé. C'est son bébé et pourtant, ce pourrait être n'importe quel autre bébé. 

Mais d'ailleurs, pourquoi dit on t-on "bébé" et pas "le bébé"? Pourquoi lui enlève t-on son article? Est il vrai qu'il ne se différencie pas de sa mère les premiers mois? Comment décrypter ses pleurs? Autant de questions que se pose Marie Darrieussecq en observant son fils. Autant de questions auxquelles elle essaye de répondre avec un ton décalé, analysant chaque situation, parfois avec crainte, parfois avec humour. 

De nombreuses mères se retrouveront, je pense, dans certaines des situations ou des questionnements décrits. Ce livre avait a priori tout pour me plaire. Or, si je me suis moi aussi reconnue dans plusieurs  situations, certains propos m'ont en revanche laissé un goût un peu amer, notamment le fait d'associer à l'allaitement long à de la violence ou d'opposer la pensée intellectuelle au fait de rester chez soi avec son bébé. Certaines citations, cependant sont irrésistibles de drôlerie ou d’émotion.  

Un livre aurait pu être pour moi une excellente lecture si certains passages ne m'avaient pas un peu heurtée.


Extrait :


"Quand il est né je voulais retomber enceinte tout de suite. 
Je voulais le refaire à nouveau, lui, le même. Je voulais l'avoir en double, en triple, collectionner ses clones, accoucher de lui dans un présent éternel." 

samedi 29 octobre 2016

Yaak valley, Montana - Smith Henderson

Par Ariane



Auteur : Smith Henderson

Titre : Yaak Valley, Montana

Genre : roman

Langue d’origine : anglais (américain)

Traducteur : Nathalie Peronny

Editeur : Belfond

Nombre de pages : 578p

Date de parution : août 2016

Présentation de l’éditeur :

Dans les paysages grandioses du Montana des années 1980, l'histoire d'un homme en perdition confronté à ce que l'humanité a de pire et de meilleur. Héritier des grandes œuvres de nature writing, un roman qui soulève les contradictions les plus violentes et dérangeantes d'une Amérique qui préfère ignorer ses marginaux. Portée par une écriture tour à tour sauvage, brutale et poétique, une révélation.

La première fois qu'il l'a vu, Pete a cru rêver. Des gosses paumés, il en croise constamment dans son job d'assistant social. Mais, tout de même, un enfant en pleine forêt, méfiant, en guenilles, l'air affamé... Pete s'accroche, laisse de la nourriture, des vêtements et finit par gagner la confiance du petit.
Suffisamment pour découvrir que le garçon n'est pas seul. Sa mère et ses frères et soeurs sont introuvables, il vit avec son père, Jeremiah Pearl, un fondamentaliste chrétien qui fuit la civilisation pour se préparer à l'Apocalypse et comploter contre un gouvernement corrompu et dépravé.
Petit à petit, entre Pete et Jeremiah s'installe une relation étrange. Car Jeremiah s'est isolé par désespoir, après un drame atroce ; Pete de son côté est au bord de sombrer : son frère est recherché par la police ; son ex, alcoolique, collectionne les amants ; et, surtout, sa fille de quatorze ans a disparu quelque part le long de la route du Texas...



Mon avis :

Si vous aimez les personnages hauts en couleurs et complètement barrés, les grands espaces et l’envers du décor de rêve américain, alors nul doute que vous trouverez votre bonheur avec ce roman.

Pete est assistant social dans la petite ville de Tenmile, Montana. Il côtoie au quotidien les marginaux, les laissés pour compte, la misère humaine. Il tente de venir en aide à Cecil un adolescent de 15 ans plein de haine, à sa petite sœur Katie et à leur mère droguée et alcoolique qui ne fait que s’apitoyer sur son sort. Bientôt il doit se charger d’un nouveau garçon, Benjamin 12 ans, qui vit au fond des bois avec son père fanatique et paranoïaque. Parallèlement sa vie privée n’est pas simple non plus entre un frère en fuite, une ex alcoolique et une fille fugueuse.

Pete n’a rien d’un héros. C’est un homme abimé et perdu, alcoolique et défaitiste, plein de bonnes intentions mais incapable d’agir. Mais au contact de Benjamin et de son père, au cours de ses recherches pour retrouver sa fille, devant les erreurs qu’il ne cesse de commettre avec Cecil, Pete trouvera peut-être le chemin de la rédemption. Ses failles et sa fragilité en font un personnage extrêmement touchant. Touchant, Cecil l’est aussi. Ce gamin en qui le lecteur ne voit au départ qu’un adolescent prêt à exploser, un cas perdu, on découvre finalement un enfant blessé pour qui tout espoir n’est pas perdu. Touchant également le personnage de Benjamin, ce gamin quasi sauvage prisonnier de la folie d’un père. Touchante enfin Rachel, dont on découvre l’histoire à travers une succession de questions/réponses entre la jeune fille et un interlocuteur anonyme.

Pour un premier roman c’est une réussite malgré quelques longueurs et inégalités. C’est un roman puissant qui laisse une forte impression au lecteur.



Extrait :

« Ici, tous les cinglés et les ivrognes se prenaient de passion pour le Christ (en prison aussi histoire de faire plaisir au juge) et relisaient fébrilement les Ecritures quand d’autres consultaient le Yijing ou les planches ouija. Pendant cinq ou six ans, ils obéissaient scrupuleusement aux Dix Commandements et distribuaient des tracts évangélistes comme des pièces de monnaie porte-bonheur ou des pattes de lapin. Puis, très vite, ils finissaient par craquer, buvaient ou fumaient, ou gobaient en cachette sans cesser de compulser les pages de papier fin en quête de réponses à leurs interrogations quotidiennes, pétris de culpabilité, comme si le respect de la loi divine consistait à lire le Lévithique pour savoir quoi faire à dîner ou choisir la couleur de ses chaussettes. »


D'autres avis chez Clara, Keisha

deslivresdeslivres.wordpress.com/2014/06/05/challenge-1-pave-par-mois/comment-page-1/http://ennalit.canalblog.com/archives/2016/01/01/33098969.html


mercredi 26 octobre 2016

Mercredi, c'est le jour des petits : Les deux grenouilles à grande bouche - Pierre Delye et Cécile Hudrisier

Par Ariane

Auteur : Pierre Dely
Illustrateur : Cécile Hudrisier
Titre : Les deux grenouilles à grande bouche
Editeur : Didier jeunesse


Présentation de l'éditeur :
Imaginez deux grenouilles à grande bouche dans l’arche de Noé… qui chantent faux et fort et qui font des mauvaises blagues sans arrêt… Mais qui réussira à les faire taire ?
Une histoire drôlissime de Pierre Delye, illustrée par Cécile Hudrisier, le duo joyeusement déjanté et tant aimé des parents et des enfants ! 
Un conte détourné qui se raconte et se chante, comme ces deux grenouilles qui «braillent » des comptines façon Broadway tout au long du voyage !


Mon avis :
Vous connaissez l'histoire de la grenouille à grande bouche ? Ici on retrouve les ancêtres de la célèbre grenouille et on apprend pourquoi les crocodiles détestent les grenouilles à grande bouche.
La pluie tombe à n'en plus finir et sur un bateau embarquent deux animaux de chaque espèce, y compris les insupportables grenouilles à grande bouche qui braillent à longueur de journée.  
Encore une fois Pierre Delye fait mouche avec cette histoire hilarante, tout comme Cécile Hudrisier avec ses illustrations colorées. On se régale à chaque lecture d'un album du duo. Ce n'est pas le préféré de la maison, mais nous avons toutes trois pris grand plaisir à le lire.

mardi 25 octobre 2016

New York, esquisses nocturnes - Molly Prentiss

Par Ariane




Auteur : Molly Prentiss

Titre : New York, esquisses nocturnes

Genre : roman

Langue d’origine : anglais (américain)

Traducteur : Nathalie Bru

Editeur : Calmann-lévy

Nombre de pages : 412p

Date de parution : août 2016


Présentation de l’éditeur :

Au début des années 80, le downtown de New York est le centre de l’univers, un terrain de jeu revêche, encore hermétique à la menace de l’embourgeoisement. Artistes et écrivains s’y mêlent dans des squats  insalubres où leurs rêves de reconnaissance prennent des formes multiples. Parmi eux, Raul Engales, un peintre argentin en exil, fuyant son passé et la « guerre sale » qui a enflammé son pays. S’affamant pour payer son matériel, il peint le jour d’immenses toiles mettant en scène les spectres qu’il croise la nuit. Un soir, il attire l’attention de James Bennett, critique d’art en vogue du New York Times, proche de Basquiat, Warhol et Keith Haring. Tandis que l’ascension fulgurante de l’un entraîne l’autre sous les projecteurs, une double tragédie les frappe. Dans ce chaos, Lucy, l’amante enjouée de Raul, échappée d’une obscure banlieue de l’Idaho, tente de les extraire de leur détresse. Entre peintre, critique et muse se dessine alors un triptyque
amoureux étourdissant.

Avec une écriture inventive d’une grande force poétique, Molly Prentiss explore la nécessité de beauté, de partage, de création et d’amour dans un paysage urbain et mouvant.



Mon avis :

Eva a attiré mon attention sur ce roman pour lequel elle a eu un coup de cœur, et grâce à l’opération masse critique organisée par le site babelio, j’ai eu l’occasion de le découvrir. Si j’ai pris plaisir à cette lecture, je ne partage malheureusement pas le coup de cœur d’Eva.

Début des années 80, à New York, trois personnages aux destins croisés. Raul peintre argentin qui tente de se faire une place dans le milieu artistique New Yorkais, James critique d’art atteint de synesthésie (plusieurs sens sont associés) ce qui lui permet de ressentir les œuvres d’art de manière unique et Lucy tout juste débarquée de son Idaho natal avec des rêves plein la tête.

J’ai beaucoup aimé l’écriture vivante et percutante de l’auteur, une écriture très visuelle en parfaite adéquation avec le thème du roman. On en garde une impression dense et forte, on se laisse entraîner dans le texte avec plaisir.

Mais si j’aime les romans traitant d’art, je ne suis pas particulièrement sensible à cette période artistique. Cela a sans doute considérablement diminué mon intérêt car je restais très dubitative face aux œuvres décrites et je n’apprécie pas le travail des artistes apparaissant dans le roman (Basquiat, Haring,…).

Molly Prentiss aborde également le sujet épineux de la relation entre art et argent. Les artistes du roman sont des marginaux, vivant en squat et rejetant la société de consommation. Pourtant, la reconnaissance de leur statut d’artiste et leur réussite passe par la commercialisation de leurs œuvres. Paradoxal et cynique à la fois.

C’est un premier roman réussi que je conseille principalement aux amateurs de cette période artistique.

Je remercie babelio et les éditions Calmann-lévy de m’avoir permis de découvrir ce roman.



Extrait :

« Il avait compris alors, comme il le comprenait à présent, que l’art impliquait à la fois de se rendre visible et de disparaître. Visible parce qu’on laissait son empreinte, invisible parce que celle-ci surpassait tellement son auteur qu’elle l’avalait. L’artiste était minuscule et l’art immense. L’art était un grand vide dans lequel on pouvait sauter, pour tenter de le combler, et pour y  nager à jamais. »




L'avis d'Eva, Kathel,