mercredi 30 novembre 2016

Mercredi, c'est le jour des petits : Le gentil facteur ou Lettres à des gens célèbres - Alan et Janet Ahlberg

Par Ariane

Auteurs : Alan et Janet Ahlberg
Titre : Le gentil facteur ou Lettres à des gens célèbres
Editeur : Ricochet

Mon avis :
En fouillant dans les bacs de la bibliothèque ma fille est tombée sur cet album. Bonne pioche nous avons toutes les trois beaucoup aimé cette histoire.
Le facteur part faire sa tournée et s'arrête chez plusieurs personnages biens connus des jeunes lecteurs. Le petit ours est invité à la fête d'anniversaire de Boucle d'Or, Jack envoie une carte postale au géant, les avocats du Petit chaperon rouge somment le loup de quitter la maison de la mère-grand,... 
La présentation de l'album est très originale et amusante. A chaque personnage correspond une enveloppe sur laquelle est écrite son adresse et renferme le courrier attendu. Les enfants ont vraiment plaisir à ouvrir l'enveloppe pour en sortir le courrier. On découvre ainsi différents types de courriers : courrier administratif, carte postale, carte de vœux, catalogue... Et toujours une petite note d'humour qui plaît aux petits comme aux grands lecteurs. Mes filles ont aimé retrouver les personnages de contes qu'elles connaissaient et elles en ont rencontré un qu'elles ne connaissaient pas (le géant de Jack et le haricot magique). Voilà donc une idée pour une prochaine lecture.
C'est vraiment un album très sympathique qui a beaucoup amusé mes filles. 


mardi 29 novembre 2016

Les corps inutiles - Delphine Bertholon

Par Ariane




Auteur : Delphine Bertholon

Titre : Les corps inutiles

Genre : roman

Langue d’origine : français

Editeur : JC Lattès

Nombre de pages : 300p

Date de parution : février 2015

Présentation de l’éditeur :

Clémence vient d’avoir quinze ans, de terminer le collège. Un nouveau cycle s’ouvre à elle, lorsqu’elle est agressée, en plein jour et en pleine rue, par un inconnu armé d’un couteau. Ce traumatisme inaugural - même si elle n’en a pas encore conscience - va contaminer toute son existence. En effet, l’adolescente réalise qu’elle perd progressivement le sens du toucher...
À trente ans, Clémence, toujours insensible, est une célibataire endurcie, solitaire et sauvage. Après avoir été maquilleuse de cinéma, la jeune femme se retrouve employée de la « Clinique », une usine d’un genre particulier. En effet, la Clinique fabrique des poupées… mais des poupées grandeur nature, hyper-réalistes, destinées au plaisir – ou au salut – d’hommes esseulés.
Le roman déroule en alternance l’histoire de Clémence adolescente, hantée par cette agression dont elle n’a jamais osé parler à sa famille, et le récit de Clémence adulte, assumant tant bien que mal les conséquences, physiques et psychologiques, de son passé.
Mais la vie, comme toujours, est pleine de surprises.



Mon avis :

J’ai eu envie de lire ce roman dès sa sortie et les avis positifs sur les blogs ont renforcé cette envie, et pourtant je l’ai laissé attendre dans ma PAL un bon moment. J’attendais le bon moment pour l’en sortir en raison de son sujet difficile et c’est finalement à cause (ou grâce) au challenge Petit bac que je me suis décidée à le lire, alors que le moment n’était pas des plus propice. J’ai tout de même pris beaucoup de plaisir à cette lecture.

Clémence a 15 ans cet été-là. Elle se rend chez une amie pour une fête, insouciante, jusqu’à la rencontre avec un homme armé d’un couteau, qui l’agresse. La violence de cette agression détruit le monde de Clémence et sa personnalité naissante. A 30 ans, Clémence est seule, incapable d’aimer et de se laisser aimer, elle vit une sexualité tordue, et n’a plus de sensations physiques depuis son agression.

J’ai été très touchée par cette jeune fille dont les sentiments ambigus reflètent bien ce que ressentent bien souvent les victimes d’agressions sexuelles. Honte, culpabilité, peur, colère. Et cette phrase monstrueuse de la bouche de son ami, le seul à qui elle ose raconter, minimisant le traumatisme en pensant bien faire, puisque après tout elle n’a pas été violée.

Clémence adulte m’a touchée également. Derrière son apparente froideur, la jeune fille blessée et effrayée est toujours présente. Elle traîne ce moment comme un boulet qui l’empêche de vivre et de s’épanouir en tant que femme. Quelques secondes l’ont condamnée à vie, la privant de ses sensations, la privant de désir, l’éloignant de sa famille, lui faisant craindre les hommes.

C’est un roman passionnant, émouvant, révoltant. Un roman qui m’a secouée et dérangée pas seulement en tant que lectrice mais aussi en tant que femme, que mère. Le sujet me faisait craindre une lecture difficile et sordide, au contraire, si l’horreur de l’agression n’est en rien minimisée, l’écriture de Delphine Bertholon est si belle, le personnage de Clémence si juste, les autres personnages si attachants, l’histoire si touchante, que l’on voit surtout cette beauté et que l’on croit à la lumière et à la vie, enfin, pour Clémence.

Ce roman m’a permis de découvrir Delphine Bertholon, dont j’entends le plus grand bien depuis longtemps. Et en effet, j’adhère totalement à son style, et me voilà donc avec un nouvel auteur à lire sur ma liste !



Extrait :

« Son corps lui faisait l’effet d’une fumée de cigarette, à la fois lourd et volatile, présent et absent, délicieux et immonde. Elle n’avait jamais ressenti cela auparavant. Ne s’était jamais posé la question de son corps, en réalité. Le corps servait à rire,  à courir, à danser. A manger, à nager, à vivre. Mais le corps maintenant avait un poids, bien différent de celui qu’affichait la balance. Le corps, une fois souillé, encombrait. »



Les avis de ClaraLaeti, Violette,

lundi 28 novembre 2016

Continuer - Laurent Mauvigner

Par Daphné















Auteur :  Laurent Mauvigner
Titre : continuer
Genre : roman
Langue d’origine : français
Editeur : les editions de minuit
Résumé de l'éditeur :

Sibylle, à qui la jeunesse promettait un avenir brillant, a vu sa vie se défaire sous ses yeux. Comment en est-elle arrivée là ? Comment a-t-elle pu laisser passer sa vie sans elle ? Si elle pense avoir tout raté jusqu'à aujourd’hui, elle est décidée à empêcher son fils, Samuel, de sombrer sans rien tenter.
Elle a ce projet fou de partir plusieurs mois avec lui à cheval dans les montagnes du Kirghizistan, afin de sauver ce fils qu’elle perd chaque jour davantage, et pour retrouver, peut-être, le fil de sa propre histoire.


Mon avis :

Sybille, la quarantaine, divorcée, mère d'un adolescent en mal de vivre, sent sa vie lui échapper. Elle qui semblait promis à un brillant avenir a l'impression d'avoir tout raté. Lorsque son fils, Samuel, sombre dans la délinquance et que le dialogue entre eux se rompt, elle décide de tout changer. Pour cela, une seule solution : continuer. Continuer différemment.  Pour cela, Sybille choisit de soustraire son fils à la violence en l'emmenant au Kirghisistan, pays qu'ils traversent à dos de cheval. Elle espère ainsi renouer le dialogue avec Samuel et lui redonner le goût de vivre, de voir les choses différemment et d’être heureux. A travers ce voyage, Sybille va également partir à la rencontre d'elle-même.
                       
L'auteur nous livre ici une très belle histoire. Les sentiments des personnages sont particulièrement bien approfondis et les descriptions sont très belles. On a l'impression, au fil des pages, de respirer au rythme des chevaux et de galoper avec eux.

Aller à la rencontre de l'autre et ne pas avoir peur : telle est la véritable thématique de ce livre. Alternant passé et présent, ce livre nous dévoile peu à peu l'histoire de Sybille, celle de Samuel, celle de la violence, de l'ignorance et de la haine. Une haine provoquée par la peur, cette peur de l'autre, cette peur que Sybille veut combattre, à la fois chez elle et chez son fils. L'auteur nous parle ainsi du racisme, d'une société rongée par la médiatisation. Il nous parle aussi de l'amour maternel, de la volonté, si forte, d'une mère pourtant à la dérive, qui se bat pour donner à son enfant le goût des choses vraies. 


Ce beau livre, dur et tendre à la fois, nous fait voyager,  nous fait réfléchir et nous plonge dans le cœur des hommes, dans le cœur des chevaux. Une invitation à continuer, toujours, quels que soient les fantômes et les douleurs auxquels on se heurte.

Extrait :

"Si on a peur des autres, on est foutu. Aller vers les autres, si on ne le fait pas un peu, même un peu, de temps en temps, tu comprends, je crois qu'on peut en crever. Les gens, mais les pays aussi en crèvent, tu comprends, tous, si on croit qu'on n'a pas besoin des autres ou que les autres sont seulement des dangers, alors on est foutu.
Aller vers les autres, c'est pas renoncer à soi."

samedi 26 novembre 2016

Z le roman de Zelda - Therese Anne Fowler

Par Ariane




Auteur : Therese Anne Fowler

Titre : Z le roman de Zelda

Genre : roman

Langue d’origine : anglais (américain)

Traducteur : Laure Joanin

Editeur : Pocket

Nombre de pages : 552p

Date de parution : mai 2014

Présentation de l’éditeur :

En 1918, à Montgomery, Alabama, la jeune Zelda rencontre un soldat en garnison. Il rêve de gloire littéraire, d’argent facile et d’une vie de délices. Elle, exubérante et passionnée, aspire à la liberté, loin de l’esprit sclérosé du vieux Sud.
Il s’appelle Francis Scott Fitzgerald et, bientôt, il connaîtra un immense succès. Avec Zelda, ils formeront le couple phare des Années folles, emportés par le tourbillon d’une vie de mondanités, de flots de champagne et de soirées effrénées entre Long Island, Paris et la Riviera française.
Mais les lendemains de fêtes sont souvent amers, et, derrière la romance, couvent les désillusions et la tragédie…




Mon avis :

C’est la deuxième biographie romancée de Zelda Fitzgerald que je lis cette année après Alabama song de Gilles Leroy. Si j’avais été déçue par cette lecture, j’ai été conquise par le roman de Therese Anne Fowler.

L’histoire commence en 1918 à Montgomery en Alabama, lorsque Zelda Sayre rencontre Scott Fitzgerald. De cette première rencontre jusqu’à la mort de Scott une vingtaine d’années plus tard, Therese Anne Fowler imagine le roman de ces personnalités hors du commun. 
Aux côtés de Zelda et Scott nous plongeons dans l'insouciance des années folles, la fête perpétuelle. Mais au bout de quelques années, leur relation se dégrade. Scott est de plus en plus dépendant de l'alcool, il se montre tyrannique avec Zelda, la rabaisse et celle-ci supporte difficilement de vivre dans l'ombre du grand homme, de n'être que "la femme de". Elle tente sans succès de faire connaître ses talents personnels (écriture, peinture, danse).  L'amitié de Scott avec Hemingway portera un coup fatal au couple déjà mal en point. Mais jamais ces deux-là ne seront capables de se quitter, à l'amour passionnel succède une relation destructrice.

Alors il ne faut pas s’attendre à une véritable biographie. Car même si les personnages sont réels, ainsi qu’un bon nombre d’évènements racontés, tout le reste est fiction. Therese Anne Fowler s’est appuyée sur ces éléments réels pour écrire un roman, inventant dialogues et sentiments, se glissant dans la peau de Zelda Fitzgerald.  

Dans la postface, l’auteur parle d’une équipe Zelda et d’une équipe Scott. Clairement ici elle prend le parti de Zelda, Scott étant plutôt pathétique et détestable. Zelda ne peut que susciter compassion et tristesse. Tous deux forment un couple fascinant et pitoyable. Scott s’enfonce dans l’alcool, tandis que Zelda sombre dans la folie. Leurs talents respectifs ne parviennent à s’épanouir et le bonheur n'est qu'un mirage inaccessible. 

C’est un excellent roman, bien écrit, aux personnages forts et à l’histoire passionnante. Alors ce n’est certes pas une œuvre qui restera dans les annales de la littérature, mais je me suis plongée avec passion dans ce roman. Et il restera inoubliable pour moi puisque je l’ai lu à la maternité après la naissance de mon bébé, je l’associe donc à ces moments uniques avec mon bébé blotti contre moi en pleine nuit.



Extrait :

« Les ennuis peuvent prendre différentes formes : les tracas financiers ou conjugaux, les problèmes amicaux ou immobiliers, les soucis judiciaires ou liés à l’alcool. Nous les avons tous expérimentés jusqu’à devenir parfois des experts en la matière. Au point que j’ai fini par me demander si les artistes ne recherchent pas les tourments, comme les fleurs le soleil. »



Les avis de Jostein, La critiquante,