mercredi 30 septembre 2015

Mercredi, c'est le jour des petits - Le loup qui voulait changer de couleur - Oriane Lallemand et Éléonore Thuillier

Par Daphné

















Auteur : Oriane Lallemend
Illustrateur : Éléonore Thuillier
Titre : Le loup qui découvrait le pays des contes
Editeur :Auzoux


Résumé:

Ce matin, le loup est de très méchante humeur. 
Tout en noir, il ne se trouve pas beau du tout. 
C'est décidé, il va changer de couleur ! 
Mais ce n'est pas aussi facile qu'il le croit.















Mon avis:

Voici un livre qui a une place de choix dans la bibliothèque de mes filles! C'est l'un de ceux dont ma grande ne se lasse décidément pas! 

Le gros loup noir n'aime pas sa couleur et décide d'en changer. Mais ce n'est pas si facile de changer ce que l'on est! Et si, finalement, il valait mieux rester tel que l'on est? 

Chaque jour, le loup essaye donc une nouvelle couleur: le lundi, il tente de devenir vert, le mardi rouge, le mercredi rose... Et c'est ainsi que, de page en page, il apprend à nos petits bouts les couleurs et les jours de la semaine! Il stimule également le sens tactile de l'enfant qui trouvera très agréable et amusant les différentes matières à toucher sur chaque page.
Et par dessus tout, il apprend à l'enfant à s'accepter tel qu'il est! 

Un livre qui mêle humour et intérêt pédagogique et qui a beaucoup de succès chez nous! Ma fille aînée  a d'abord commencé à apprécier les différentes textures, puis, un peu plus grande, à rire aux mésaventures du loup. Elle l'a ensuite beaucoup réclamé au moment de l'apprentissage des couleurs et s'y intéresse maintenant pour les jours de la semaine! C'est donc un livre qui la suit depuis longtemps dans son évolution. Et sans doute a t-il encore de beaux jours devant lui chez nous car ma deuxième, en le découvrant il y a quelques jours, a longuement caressé le ventre du loup sur la page de couverture en s'exclamant: "Ooooooh, doux!"




Mercredi c'est le jour des petits : Grand-mère sucre et grand-père chocolat - Gigi Bigot et Josse Goffin

Par Ariane

Auteur : Gigi Bigot
Illustrateur : Josse Goffin
Titre : Grand-mère sucre et grand-père chocolat
Editeur : Bayard


Présentation de l'éditeur :
Des textes et des illustrations parfaitement adaptés aux petits. Des livres solides qui résistent aux manipulations des petites mains.

Grand-mère Sucre et Grand-père Chocolat s'aiment. Ils se disent des mots doux, doux, doux. Mais un jour de grande colère, ils se disent des mots durs comme la pierre. Quels mots vont-ils inventer pour se réconcilier ? 


Mon avis :
Ce livre fait partie des favoris de mes filles, régulièrement emprunté à la bibliothèque depuis des années. 
L'histoire est construite sur le mode du conte commençant par "il était une fois" et reprenant l'image de la maison de bonbons.  Le rythme de lecture est agréable pour le lecteur comme pour les enfants qui écoutent. 
Ce livre permet aussi de discuter avec les enfants des disputes qui peuvent survenir dans une famille, des mots qui font mal que l'on dit parfois quand on est en colère et de la réconciliation.
Une jolie histoire dont mes filles ne se lassent pas !  
http://ennalit.canalblog.com/archives/2014/12/01/30478708.html#c64026465

mardi 29 septembre 2015

Molosses - Craig Johnson

Par Ariane



Auteur : Craig Johnson

Titre : Molosses

Genre : policier

Langue d’origine : anglais (Etats-Unis)

Traducteur : Sophie Aslanides

Editeur : Gallmeister

Nombre de pages : 336p

Date de parution : mars 2015

Présentation de l’éditeur :

Alors que l'hiver s'installe dans le comté le moins peuplé de l'État le moins peuplé des États-Unis, Walt Longmire, son shérif, se voit confier une curieuse mission : celle de mettre la main sur le propriétaire d'un pouce abandonné à la décharge. L'enquête devient rapidement haute en couleur, car Walt se trouve face à deux molosses qui gardent le terrain, à son vieux propriétaire loufoque et à un promoteur immobilier multimillionnaire qui cherche à prendre possession des lieux pour étendre son vaste ensemble de ranchs luxueux. Sans parler d'un jeune couple fleurant bon la marijuana, de la vieille institutrice au charme incontesté, du perroquet dépressif et déplumé et de quelques cadavres qui bientôt viennent compliquer cette affaire.



On retrouve dans Molosses le style enlevé de Craig Johnson et l'humour désopilant de son shérif au service d'un nouveau polar parfaitement abouti.



Mon avis :

J’avais un peu mis de côté la série de Craig Johnson ces derniers mois et c’est avec plaisir que je retrouve le shérif Walt Longmire dans ce 6ème volet.

Un pouce. Voilà le point de départ de cette nouvelle intrigue. Un pouce sectionné retrouvé dans une décharge. A partir de là, toute une galerie de personnages rocambolesques et d’événements inattendus se succèdent au cours de ces quelques jours d’un hiver glacial. Sans se départir de son humour, le shérif se retrouve confronté à un jeune couple de crétins au cerveau embrumé de fumée, à un ferrailleur amoureux, à son ancienne institutrice, à un promoteur immobilier avide et à deux molosses menaçants.

Le shérif Longmire est un personnage toujours aussi sympathique, son ami Henry Standing Bear est toujours présent mais se fait plus discret, Vic la charmante adjointe au langage toujours aussi châtié est égale à elle-même et Saizarbitoria le jeune adjoint mis à l’épreuve lors du précédent roman traverse une période difficile. Des personnages sympathiques et attachants.

L’intrigue est lente, mais pas du tout ennuyeuse. De même, il faudra quand même arriver presque aux deux tiers du roman avant d’être confronté au premier crime. Mais qu’importe, le talent d’auteur de Craig Johnson est tel que l’atmosphère qu’il installe m’a totalement happée.

Tout de même à ce rythme là on se demande ce qu’il restera bientôt de ce pauvre shérif ! Car à chaque nouvelle aventure, il nous ramène de nouvelles blessures et cicatrices. Par ailleurs, pour un coin paumé du Wyoming, c’est sacrément agité par là bas ! Mais bon, ce ne sont que des détails, je ne vais pas bouder mon plaisir !

Un vrai bonheur à nouveau. Il ne me reste qu’un seul tome à lire et j’aurai terminé les romans traduits en français, mais ô bonheur il en reste encore cinq à traduire !



Extrait :

« - Gina dit qu’il faut qu’elle vous surveille, vous les Indiens, parce que vous êtes des voleurs.

Il hocha la tête.

- Effectivement, mais on ne vole que des petites choses, contrairement à vous, les Blancs. »

ennalit.canalblog.com/archives/2014/12/01/30478708.html#c64026465
L'avis de Keisha, Kathel,

lundi 28 septembre 2015

C'est l'undi, que lisez-vous ? (38)

Le lundi on retrouve le rendez-vous hebdomadaire organisé par Galleane. Il suffit de répondre à 3 questions :

1. Qu’ai-je lu la semaine passée ?
2. Que suis-je en train de lire en ce moment?
3. Que vais-je lire ensuite ? 

Ariane 

Qu'ai-je lu la semaine dernière ?


J'ai lu Une mort à Kitchawank, le dernier recueil de nouvelles de T.C. Boyle.

Que lis-je en ce moment 



Je lis L'homme aux cercles bleus de Fred Vargas.

Que lirai-je ensuite ?
Je pense lire Homesman de Glendon Swarthout.


Daphné

Qu'ai-je lu la semaine dernière ? 





Une seule lecture cette semaine: On ne voyait que le bonheur  de Grégoire Delcourt


Que lis-je en ce moment ?







Je viens de commencer Les désorientés de Amin Maalouf

Que lirai-je ensuite ?





Je lirai ensuite rue des voleurs de Mathias Enard



Et vous que lirez-vous cette semaine ?

vendredi 25 septembre 2015

La vie rêvée des autres - Agnès Bihl

Par Daphné

















Auteur : Agnès Bihl
Titre : La vie rêvée des autres
 Genre : roman
 Langue d’origine : français
Nombre de pages: 259


Résumé de l'éditeur:

"Jacky et Ferdinand se firent avaler par le porche en essayant d’être invisibles – à leur âge, fastoche. Ça n’a rien d’un exploit. Quand on affiche quatre-vingts balais au compteur, on a depuis longtemps la piteuse habitude d’être devenu transparent. Il faut juste s’y faire. Il n’y a plus guère que dans les files d’attente, à l’heure où les Vivants font leurs courses du soir, que l’on vous dévisage – oh non c’est bien ma veine, j’ai encore eu du flair pour choisir la seule queue qui n’avancera pas, le papy va mettre un temps fou pour trouver son porte-monnaie! Salauds de vieux.
Hé oui.
Mais les vieux vous emmerdent.
Logique.
Jacky retint son souffle et adressa une rapide prière au Dieu des athées – ouf. Le concierge les regardait sans les voir ; deux fossiles de plus ou de moins, est-ce que ça se remarque?"


Mado, jolie pépette de soixante-dix-sept ans, est en maison de retraite. Seulement voilà, elle a le méchant sentiment de vivre en marge de la vie, cloisonnée entre les murs de cet asile de vieux. Delphine et Magali, ses petites-filles, veillent au grain mais ses copains de toujours, Jacky et Ferdinand, organisent un plan pour la faire évader


Mon avis:

J'ai passé un grand moment en lisant ce livre! Cela fait déjà plusieurs semaines qu'il traînait dans ma bibliothèque: si j'avais su, je l'en aurais sorti bien plus vite!

Ce livre est une histoire de solidarité, une histoire d’amitié, une histoire d'entraide et d'humanité: une belle histoire!

A travers les personnages de Mado, Ferdinand et Jacky, l'auteur dénonce ici le sort réservé à de nombreuses personnes âgées. Les conditions de vie en maison de retraite (conditions de vie que j'ai pu constater par moi même plus d'une fois dans mon travail!) sont particulièrement bien décrites et tristement réelles. 

Outre la vieillesse, l'auteur aborde également d'autres sujets tels que le racisme ou la violence au sein d'un couple. Chacun de ses thèmes est traité avec justesse et finesse. La plume de l'auteur allie humour, révolte et tendresse avec brio. La plupart des phrases sont de véritables pépites. On sourit tout en n'oubliant, à aucun moment, la gravité des sujets abordés. J'ai beaucoup aimé les commentaires de l'auteur en bas de pages qui nous montrent son implication dans ce qu'elle écrit. Le style, franc et direct ainsi que les thèmes abordés m'ont beaucoup fait penser aux livres de Barbara Constantine, auteur que j'apprécie particulièrement. 

Les personnages principaux sont  attachants et représentent à eux tous l'ensemble des générations. Quand à certains autres personnages (la femme avec qui Jacky a un rendez vous, J.C., le voisin...), ils représentent malheureusement des discours que l'on entend bien trop souvent dans notre société. 

Je ne peux que conseiller ce roman et saluer l'engagement et la plume savoureuse de l'auteur!



Extrait:


"Arrivée au salon de coiffure, Madeleine était atterrée. Mais pourquoi ce type-là coiffe-t-il les vieilles dames comme si c'étaient des punks ? Les cheveux en choucroute jaune citron, mauves ou bleus, très peu pour elle. Merci. Surtout ne pas moisir ici..oups. Trop tard.
- Alors, la petite dame, elle veut se faire toute belle aujourd'hui ?
- Jeune homme, sachez de prime abord que je m'appelle madame et qu'en outre je me laisse tutoyer seulement par mes amants. Me feriez-vous des avances par hasard ?
- OK. Reçu cinq sur cinq, le message est passé. Comment voulez-vous que je vous coiffe Madame ?
- En silence."



mercredi 23 septembre 2015

Mercredi, c'est le jour des petits : Le petit bateau de petit ours

Par Ariane

Auteur : Eve Bunting
Illustrateur : Nancy Carpenter
Titre : Le petit bateau de petit ours
Editeur : L'école des loisirs

Présentation de l'éditeur :
Petit Ours adorait son petit bateau. Chaque jour, il faisait le tour du lac en ramant. Mais ce qui devait arriver arriva: Petit Ours se mit à grandir. Il devenait un grand ours et ne rentrait plus dans son petit bateau. Grand Ours était triste: il ne pouvait pas laisser son petit bateau sans un petit ours pour le faire naviguer...


Mon avis :
Petit ours est très attaché à son bateau, mais il a grandi et désormais il doit se détacher de son petit bateau. Il cherche donc un petit ours à qui donner son bateau. C'est émouvant cette histoire d'ours qui grandit et qui s'éloigne du monde de l'enfance. En lisant cette histoire à mes filles je me suis tout à fait projetée dans ce qui arrivera dans quelques années.
Une histoire très intéressante pour expliquer aux enfants qu'ils grandissent et qu'en grandissant on change. Un livre qui peut être un bon outil pour aider un enfant à se séparer d'une tétine ou d'un doudou ! 
Les illustrations très simples et charmantes servent parfaitement cette jolie histoire. 

http://ennalit.canalblog.com/archives/2014/12/01/30478708.html#c64026465


Mercredi, c'est le jour des petits - Les plumes d'Elia - Jeanne Taboni Misérazzi et Natacha de Bradké

Par Daphné

















Auteur :  Jeanne Taboni Misérazzi
Titre : Les plumes d'Elia
Illustrateur:  Natacha de Bradké Éditeur : L'école des loisirs


Résumé:

Léo, le grand frère d’Élia, a des oiseaux. Il en prend soin et les nourrit chaque jour. Pas question de les partager. Évidemment, Élia est fascinée par les oiseaux, et tentée de leur donner la becquée, elle aussi. Alors, quand Léo lui dit non pour la centième fois, Élia se venge en avalant les biscuits des oiseaux. « Tu vas te transformer en oiseau, des plumes vont te pousser et demain je te mettrai en cage avec les autres ! » maudit Léo. Aïe, ça gratte ! Élia a l’impression que c’est exactement ce qui est en train d’arriver…





Mon avis:

Il y a quelques temps, ma fille aînée a repéré ce livre à la bibliothèque. Et bien, nous avions beau en avoir emprunté plusieurs, celui ci, lu et relu, a évincé tous les autres!

Ce joli livre aux illustrations toutes douces, permet de dédramatiser les petits boutons de la varicelle et les disputes entre frères et sœurs. 

La petite Elia, pleine d'imagination, prend au sérieux la menace de son frère. ça gratte, ça gratte...et si c'étaient ses plumes qui poussaient? Mais dans les bras de sa maman a t-on toujours envie de devenir un oiseau?

Ne pas oublier à la fin du livre, de le retourner et de regarder la dernière image: celle ci ne manquera pas de faire sourire les enfants!







mardi 22 septembre 2015

L'été des noyés - John Burnside

Par Daphné




















Auteur : John burnside
Titre : L'été des noyés
 Genre : roman
Editeur: Metaillé
 Langue d’origine : anglais (Ecosse)
Traducteur: Catherine RichardEditeur : Métaillé
Nombre de pages: 321

Résumé de l'éditeur:


Dans une île du nord de la Norvège, un endroit désert, magnifique et spectral où l'été est miraculeusement doux et radieux, Liv vit avec sa mère, une artiste peintre qui s'est retirée là en pleine gloire pour mieux travailler. Son seul ami est un vieil homme qui lui raconte des histoires de trolls, de sirènes et de la huldra, une créature surnaturelle qui apparaît sous les traits d'une femme à l'irrésistible beauté, pour séduire les jeunes gens et les conduire à affronter les dangers et la mort.

Noyades inexplicables et disparitions énigmatiques se succèdent au cours des nuits blanches de cet été arctique qui donne aux choses un contour irréel, fantasmagorique. Incapable de sortir de l'adolescence et de vivre dans le monde réel, Liv erre dans ce paysage halluciné et se laisse dangereusement absorber dans la contemplation des mystères qu'il recèle.

Voici un livre d'une intense poésie. Lyrique. Féerique. Dérangeant. Comme souvent chez Burnside, on est à la limite - difficile à appréhender - entre ce qu'on sait et ce qu'on rêve. On est aussi dans un grand thriller.

Mon avis:

"L'été des noyés" est un grand roman. Étrange, envoûtant, empli de mystère et de poésie. Un roman entre rêve et réalité, déroutant mais surtout très beau.

Il se dégage de ce livre une atmosphère très particulière, troublante, inquiétante mais plutôt paisible à la fois. Une atmosphère de rêve. Réalité? Imagination? Que vit Liv au juste? Où s'arrête la simple rêverie? Dans quelle réalité se trouve t-on? A travers le regard de Liv, nous avançons dans un monde étrange où se mêlent disparitions inquiétantes, retrouvailles manquées, art et légendes. La frontière entre le réel et l'imaginaire est si ténue que le lecteur s'y perd et a autant de mal que Liv à saisir le sens réel des événements de cet été là. 

Au delà des légendes et du mystère des étranges disparitions, "L'été des noyés "est peut être avant tout une quête. La quête de Liv de comprendre ce qui se passe mais surtout la quête de son identité, le lent glissement de l'adolescence à l'âge adulte. 

Tout autant que les noyades de cet été là, les relations de Liv avec autrui sont particulièrement étranges et un brin inquiétantes. Sa relation avec sa mère est décrite avec beaucoup de  finesse et de psychologie.

La plume de l'auteur est lente mais savamment maîtrisée et les descriptions sont sublimes. On ne peut que rêver de découvrir la Norvège après cette lecture. Nuits blanches et soleils de minuit donnent à ce roman une atmosphère vraiment particulière. Le paysage, autant que l'histoire nous semble tenir du rêve. Jour et nuit se confondent autant que le réel et l'imaginaire. Le paysage va ainsi véritablement de paire avec l'histoire. 

 L'atmosphère un peu floue et brumeuse de ce livre lui donne un charme très particulier bien que plutôt déroutant. Une lecture sombre et contemplative, belle et hypnotique.


Extrait:

"Les rêves sont les histoires que nous nous racontons pour comprendre le monde, dit elle. La seule différence qui existe entre les fous et les sains d'esprit, c'est que les fous ne rêvent pas assez bien."




La maladroite - Alexandre Seurat

Par Ariane


Auteur : Alexandre Seurat
Titre : La maladroite
Genre : roman
Editeur : éditions du Rouergue
Nombre de pages : 112p
Date de parution : août 2015

Présentation de l’éditeur :

Tout commence par un avis de recherche, diffusé à la suite de la disparition d'une enfant de 8 ans. La photo est un choc pour une institutrice qui a bien connu cette gamine. Pour elle, pas de doute : cette Diana n'a pas été enlevée, elle est déjà morte, et ses parents sont coupables. Remontant le temps, le roman égrène les témoignages de ceux l'ayant côtoyée, enseignants, grand-mère et tante, médecins, assistants sociaux, gendarmes...
Témoins impuissants de la descente aux enfers d'une enfant martyrisée par ses parents qui, malgré les incitations à parler de plusieurs adultes, refusera de les dénoncer. Ce roman est inspiré par un fait divers récent largement médiatisé car, en dépit de plusieurs signalements, l'enfant n'avait jamais bénéficié de protection. Loin de tout sensationnalisme, l'auteur rend sa dimension tragique à ce drame de la maltraitance.



Mon avis :

Comment parler de ce livre ? Pas facile de trouver les mots pour parler d’une histoire qui fait si mal. 
Comme tant d’autres, Alexandre Seurat a été profondément bouleversé par le calvaire enduré par la petite Marina, assassinée par ses parents après des années de sévices en 2009. Une affaire qui au-delà de l’émotion suscitée par le drame vécu par l’enfant, avait soulevé de nombreuses questions concernant la responsabilité des services sociaux puisque le cas de la petite fille avait été signalé à plusieurs reprises.

A mi-chemin entre le roman et le récit, La maladroite raconte le parcours de la petite fille, prénommée ici Diana, dans une structure chorale qui présente les différents acteurs qui sont intervenus ou pas pour lui venir en aide. Pas de scènes de violences, mais la violence est omniprésente dans les traces sur le corps de l’enfant.

Le récit s’inscrit dans la réalité de l’histoire de la petite Marina, mais Alexandre Seurat s’inscrit dans la fiction en faisant parler les différents protagonistes. Des personnages anonymes, désignés uniquement par leur fonction (l’institutrice, la directrice, le policier,…) ou leur place par rapport à l’enfant (la grand-mère, la tante). Des personnages qui se fondent dans un certain anonymat. Des personnes traumatisées par leur impuissance, hantés par le souvenir de Diana. Il y a ceux qui ont essayé d'aider l'enfant et les autres, ceux qui ne l'ont pas crue, qui l'ont ignorée.

Elle. Au centre de tout, Diana. Et pourtant insaisissable. On ne la connaît pas. Parce qu’elle est enfermée en elle-même, par cette violence, par sa peur, par sa souffrance, par son amour pour ses parents aussi. Et un autre enfant. Arthur, le frère aîné. L’enfant tiraillé entre ce qu’il doit dire et ce qu’il doit taire.

On lit vite. Le souffle coupé, avec un sentiment d’urgence, on voudrait protéger, tendre la main, prendre l’enfant dans les bras, lui dire que tout ira bien désormais, lui offrir une enfance, de la tendresse et des rires. Urgence, on voudrait empêcher, mais on connait le destin de cette enfant. L’inéluctable approche à grand bas, on se sent écrasé à l’avance par ce qui va venir.  Ça prend à la gorge, ça noue le ventre. Tristesse, colère, dégoût, révolte.

Enorme paradoxe entre l’enchaînement inexorable des faits, le destin de l’enfant qui s’approche à toute vitesse et la lenteur des services sociaux qui tardent tant à se mettre en marche, freinés par la bureaucratie, les procédures, la paperasserie. Que de colère face à cette inertie ! Prendre des rendez-vous, discuter, d’autres rendez-vous et discuter encore. Mettre en branle les procédures, les dossiers qui passent d’un service à l’autre, les intervenants qui se succèdent. Au final on a surtout le sentiment d’une totale inefficacité. Pas toujours peut-être, mais dans ce cas précis oui. Sans doute pas un cas unique.

On dit souvent que la justice est imparfaite, mais c’est le cas de toutes les institutions humaines. Parce que les humains ne sont que des humains. Parce que les travailleurs sociaux sont surchargés de dossiers, parce qu’ils se font berner par des explications convaincantes, par un père sympathique et une mère charmante, par le tableau d’une famille unie et normale, parce qu’ils ne voient pas tout, parce que certains aussi ne veulent pas voir. 

Beaucoup d’émotions mais pas de pathos, la relation directe et précise des faits, car il n’y a rien à rajouter.

Une lecture prenante et violente, pour ne pas oublier Marina, ni les autres.



Extrait :

« Entre eux et moi, il y aura toujours elle. J’aimerais pouvoir dire que je l’aimais comme une sœur – mais elle n’en était pas une pour moi, puisqu’elle n’était rien, puisqu’on ne la voyait pas, qu’on n’avait pas le droit de jouer avec elle »